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— Oyé Oyé braves camarades ! a clamé Jules lorsque nous sommes entrés dans la chambre d'hôpital qu'il habitait. Bienvenue à vous dans mon humble demeure aseptisée. Repas en bouilli assuré, bonne ambiance quasiment illimitée.

Il a souri de toutes ses dents et nous nous sommes jetés dans ses bras.

— T'es fou, l'ai-je grondé.

— Plus jamais tu ne te prends à ne pas m'écouter, a rajouté Katie en enfouissant sa tête contre lui.

Ils se sont câlinés. J'ai souri à cette image, les yeux de Clémentine ont roulé dans leur orbite.

— On vous laisse si vous voulez.

— Oui, ça serait mieux, a répondu Jules en déposant un baiser sur la joue de Katie qui l'a repoussée, dégoûtée.

— Toujours aussi chiant !

Nous nous sommes assis autour de lui, tous les cinq enfin réunis. Un mec nous avait pris en stop une heure après notre départ le matin-même et nous avait déposés, Mahé et moi, à l'entrée d'Ajaccio. Clémentine et Katie nous avaient donné rendez-vous directement à l'hôpital pour que nous passions chercher Jules. Il devait sortir en fin d'après-midi.

— Je pète le feu, nous a-t-il prévenu. J'ai tellement pioncé que je suis capable de faire la fin du GR en VTT.

— Wouha, t'as pris un coup mais t'as décidément pas perdu ta connerie, l'a cassé Clem.

— Rabat-joie.

— Créateur de trouble.

— Sorcière aigrie.

— Immature petit bonhomme.

— Eh, j'suis pas petit !

J'ai lancé un regard à Mahé, déjà épuisée de ces retrouvailles. Nos deux jours en solitaires avaient été reposants et j'en avais oublié les tumultes du groupe. Il m'a fait un clin d'œil réconfortant qui n'a visiblement pas échappé à Jules. Il s'est redressé.

— OK. Vous, vous avez ken.

— Quoi !? Non ! nous ai-je défendus.

Clémentine nous a sondés d'un regard mauvais.

— Wow, si, ils ont ken.

— Mais ... a tenté Mahé.

— Ça pue le sexe d'ici ! a grondé Jules en se bouchant le nez.

J'ai enfoncé ma tête dans mes mains pour m'y cacher.

— Fichez-leur la paix, a voulu nous aider Katie.

— Alors là, jamais !

La brunette s'est dirigée vers la porte en chassant les cris de Jules d'un mouvement de main agacé.

— On se casse pour graille ? C'est l'heure de ses médocs et je crève la dalle. Albert cuisine comme un âne.

Elle est sortie de la pièce et nous l'avons suivie en esquivant les cris outrés de ce pauvre Jules qu'on abandonnait. Nous avons quitté les couloirs de l'hôpital pour retrouver la chaleur assommante au-dehors. Katie m'a glissé, alors que Clem et Mahé cherchaient sur internet un endroit où manger :

— Mais donc, vous avez enfin ken ?

Je lui ai lancé un regard blasé. Notre idylle amoureuse avait été de courte durée.

— Je prends ça pour un « oui » ?

— Prends ça pour un « tu me casses les couilles » !

— Ok, je prends ça pour un « oui ».

Lettre à ÉliseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant