C'est comme si j'avais connu deux toi. Une double Élise que j'ai aimé avec tendresse. Une inversion. Excessive de vivre, ressentir, te passionner, puis calme, apaisée, ordonnée.
Le psychiatre te prescrivait des médocs pour apaiser ta bipolarité. Tu les prenais avec régularité, ils t'épuisaient, te forçaient à vivre au ralenti. Une autre toi, si fragile.
T'es rentrée vivre chez tes parents, au calme, protégée.
Au début on s'écrivait, souvent, tous les jours, on se racontait.
Puis de moins en moins,
Puis rarement.
Des mois ont passé sans que je ne te revoie, tu t'es exilée pour te protéger.
Pour mes vingt-deux ans tu m'as appelée. On a parlé comme si on ne s'était jamais quittées. Tu m'as raconté ta vie et moi la mienne.
Je n'ai jamais plu entendu à nouveau ta voix depuis cette fois-là.
Dernière fois.
Il y avait nos rires, nos liens que ni le temps, ni la distance ou la maladie n'avaient défaits. La joie d'être ensemble, encore, toujours.
Je t'ai dit « viens nous voir à Marseille, tu dormiras chez moi, comme avant ».
Comme un avant si proche et pourtant si lointain.
Tu m'as dit « j'adorerais ». Ta voix était si vive que j'ai cru que t'allais mieux.
Mais le port de Marseille n'a jamais revu ta robe enflammée.
On a raccroché.
Silence au bout du fil.
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Lettre à Élise
Teen FictionSur un coup de tête, Cléo part en compagnie de Jules, Katie, Mahé et Clémentine grimper les montagnes de la Corse. Ils n'ont aucune préparation, seulement quelques affaires entassées dans leurs sacs à dos et leur amitié fébrile. Pourtant, même les p...