𝐿𝑒𝑡𝑡𝑟𝑒

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     Lorsque t'es partie, je n'étais pas là. Me confronter à la tristesse qui se refléterait dans le regard de tes parents, de nos amis, de ces personnes qui t'avaient entourée sans pouvoir te sauver, m'était insoutenable. J'ai pris la fuite sans te dire au revoir. Ton corps est parti là où je ne pourrais jamais l'atteindre. Ils t'ont emmenée ici, en Corse, pays de tes ancêtres, pays qui t'était cher. Un rameau de plus dans les racines de son sol.

     J'espère que tu ne m'en as pas voulu de ne pas être venue. Je n'aurais su quoi dire, je n'aurais pas pu tenir. La chair à vif, les nerfs électrisés.

     Parfois je le regrette, j'aurais aimé te dire quelques mots, pouvoir de ces instants t'exprimer peine et amour, tendre amour, impératif amour. Un amour nécessaire, un amour infini. Il bout en moi encore aujourd'hui lorsque je me demande comment est-ce possible, comment t'as pu partir, comment j'ai fait pour te laisser partir. T'as filé entre mes doigts que j'ai refermés trop tard.

     Aveugle de ce qui t'arrivait.

Lettre à ÉliseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant