Chapitre 44 - Jennifer

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  Je suis assise, chacune de mes mains est encerclée par les deux hommes de ma vie. Je me bats contre moi même pour ne pas sombrer, mais putain c'est tellement dure, j'ai l'impression que mon cœur ne bat plus. Voilà bientôt 21 ans que je n'ai pas vu ma mère dans la même pièce que lui, je lui en veux tellement. Je me demande d'où lui vient cette force de lui parler alors que moi je m'en sens incapable en ce moment. Chaque mot qu'elle prononce me fait revivre des moments qui me déchirent le cœur, mais je dois les faire fuir, mes yeux me brûlent, j'aimerai oublier tout ce qu'elle lui dit. Mes cauchemars, les moments où il la frappait sous mes yeux, je n'ai qu'une envie m'enfermer et me faire mal pour chaque souvenir qui me revient mais je ne peux pas, mes mains sont emprisonnées dans les leurs, je dois m'enlever cette envie de la tête. J'essaye de me perdre dans cette émeraude mais je suis obligé de détourner le regard.

- Maman s'il te plait arrête de parler de ça.

Je ne m'entends même pas parler, je sens juste mes lèvres trembler comme mon corps d'ailleurs. Ce jour devait être super et me voilà dix pieds sous terre.

- Jennifer...

La voix désespérée de Cédric me hérisse les poils, je ne peux même pas le regarder dans les yeux. Je préfère regarder la main de Luca dans laquelle j'enfonce mes ongles, je ne veux pas lui faire mal même si à ses yeux j'ai une force de mouche. Ce simple souvenir me ramène à moi, oui voilà, je dois penser à lui, à nous ce sont les seuls choses dont je dois me rappeler.

- Je m'en veux de t'avoir autant fait souffrir, tu ne méritais pas ça, tu n'avais rien demandé, je suis désolé de ne pas avoir été là. J'ai été idiot de ne pas t'avoir annoncé que tu avais un frère, ta mère à raison, j'ai complètement tout foiré.

- C'est clair que tu as pratiquement tout foiré dans ma vie.

Presque tout.

- Jennifer, je

Je ne supporte pas entendre mon prénom sortir de sa bouche, je le déteste, je le hais comme je hais Brandon.

- Non tu vas la fermer et m'écouter !

Plus je pense à Luca, plus je redeviens moi-même, plus je me sens courageuse de l'affronter, mes yeux se plantent dans les siens.

- Tu as fait de notre vie un putain d'enfer, tu m'as abandonner comme une vulgaire merde sans jamais te soucier de moi. Est-ce que une fois durant ses années tu pensais à moi ? Est-ce que une fois dans ta putain de vie de petit bourge, tu t'es inquiété de savoir si ta fille allait bien ? Tu étais où quand j'allais au plus mal ? Tu étais où putain quand ma vie est partie en couille ? Putain tu étais où ? Pourquoi avoir caché la vérité sur Wyatt ? Comment tu as pu vivre en sachant tout ça ? Tu n'as jamais été là, pour moi, avec maman on a vécu dans la galère chaque jour, elle a dû jouer les deux rôles à elle toute seule. Si tu étais présent, même quelques jours, j'aurais peut-être pu éviter de partir en couille. Tu ne me connais pas, tu ne t'es jamais intéressé un tant soit peu à moi, je t'interdis de prononcer une fois de plus mon prénom qui n'a jamais rien signifier à tes yeux !

J'ai tellement de choses à lui reprocher, tellement de choses pour lesquelles je lui en veux comme de ne pas avoir était présent pour moi. Mon corps est un putain de tremblement de terre.

- Je n'ai jamais arrêté de penser à toi, je te le jure. Chaque jour je me demandais ce que tu faisais, si tu vivais bien, si tu étais plus heureuse sans moi. Je sais que je n'ai jamais été présent pour toi, tous les jours je m'en voulais de ne pas pouvoir être là. Mais si je suis ici aujourd'hui c'est parce que je veux être là ? Je veux apprendre à te connaître ? Savoir comment tu as grandi ? Ce que tu veux faire plus tard ?

L'obsession de te suivre , tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant