Hasta la muerte (terminé)

Chapitre 17 : En pleine tempête

J'ai le moral à zéro lorsque je monte dans ma voiture et pour cause, l'idée de devoir démissionner me révulse. Toute la nuit les mots d'Ace m'ont torturée. Toute la nuit, j'ai imaginé la réaction d'Alessio, son air réprobateur et ses yeux déçus quittant mon visage tandis qu'il m'ordonne de rentrer à la maison. J'ai pensé combien m'éloigner des courses pour un temps indéterminé me ferait du mal mais cela n'était pas suffisant pour faire pencher la balance du côté de la résistance. Tayden a le pouvoir, il en est ainsi. M'opposer à lui ne pourrait que me blesser, voire même pire, cela pourrait mettre en danger ma famille. La seule image de lui frappant ma sœur ou ma mère me fait vomir. Alors, ma décision est prise : je vais démissionner. Ma détermination est sans faille aujourd'hui contrairement à la veille, occasion à laquelle j'aurais pu faire savoir à Ace que je démissionnais. Cependant, je n'en ai pas eu le courage. Ainsi, j'aurais l'opportunité de le revoir une dernière fois. Les Harden sont une barrière entre Tayden et moi, entre le danger et ma vie. 

Je me gare une dernière fois sur ce parking et rentre dans la demeure dont j'observe d'un œil triste chaque détail, chaque décoration. Je semble redécouvrir ce petit salon, je ne le verrais plus. Malgré tout, malgré combien j'ai critiqué cet endroit et les gens qui y vivaient, j'aimais bien venir ici. Ace, bien qu'il soit insupportable, me faisait changer d'air. Je pouvais oublier mon cœur lourd. Et lorsqu'il me touchait, qu'il s'approchait un peu trop près, il me nourrissait d'adrénaline. Je me sentais vivante au-delà des courses. Ce jeu est une distraction bien plaisante pour occuper mon temps et me sortir de ma zone de confort. 

J'entre dans le garage mais je n'ai même pas le temps de cligner des paupières, qu'il me plaque contre le mur.

—  Je n'ai pas besoin de toi pour me protéger.

—  Parce que tu penses que je veux aider un bourge comme toi ?

Il a les pupilles dilatés et la mâchoire contractée. Sa main sur mon coup est une intimidation silencieuse. Pendant une seconde, le visage de Tayden se superpose sur celui d'Ace mais il s'efface bien vite ; si Ace me menace souvent, jamais il ne m'a fait de mal et même en cet instant, alors que sa main encercle ma gorge, il pourrait la serrer mais il n'en fait rien me laissant respirer à ma guise. Bien que le feu brule dans ses yeux, il tâche de ne pas me blesser.

—  C'est toi qui es allée voir Liam ?

Sa question ne sonne nullement comme une question, mais bien comme une accusation.

—  Je ne sais pas qui est ce con, je mens.

Les visages défigurés des trois mecs me reviennent en tête. Et je me demande comment il a eu des nouvelles d'eux. Est-il retourné les voir ?

—  Tu ne sais même pas ce que tu as fait. Tu n'es qu'une idiote.

Il est bien trop près. Chacune de mes terminaisons nerveuses s'éveillent en sa présence malgré moi. Je ne devrais pas réagir ainsi, ce n'est pas une réaction normale.

—  Je t'interdis de t'insinuer dans ma vie.

—  Ça tombe bien ! Je démissionne.

Il recule, surpris par mon aveu. Son regard est perdu et ne reflète plus aucune trace de colère. Il cherche la moindre trace de moqueries mais il n'en est rien et son visage se ferme.

—  Non, claque-t-il.

—  Comment ça "non" ?

—  Tu ne démissionnes pas.

—  Tu n'es pas en position de décider.

Je relève la tête pour montrer mon semblant de détermination. Pourquoi tout est obligé d'être si compliqué avec lui ? Il n'avait qu'à hocher la tête et me renvoyer d'un signe de main et au lieu de cela il s'approche une nouvelle fois pour m'étouffer de sa présence. Il lui suffit d'un pas pour anéantir la distance qui nous séparait. Son front se colle contre le mien tandis que sa main dans ma nuque m'empêche de fuir. Je suis déstabilisée par sa proximité. Cependant, je n'en montre rien.