Chapitre 24 : Blesser ou guérir ?

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Je monte jusqu'au perron lorsque la porte d'entrée s'ouvre sur deux filles à moitié dénudées, les cheveux en pétard et des immenses bagages violacés sous les yeux témoins de leur activité nocturne et elles doivent sentir peser mon regard dédaigneux sur elles car leurs joues se teintent de rouge. Je grimace quand elles me dépassent. Je secoue la tête pour me débarrasser de l'amertume qui rampe dans mon estomac avant de m'engouffrer dans le mini-salon où comme à mon habitude, je m'assoie sur le fauteuil afin d'attendre sa majesté.

Une trentaine de minutes s'écoulent avant qu'il n'apparaisse, habillé d'un short taupe assorti à sa chemise à manche courte ouverte sur un tee-shirt blanc. Si j'aime beaucoup sa tenue, je ne lui en témoigne rien, gardant ma remarque pour moi. Les bras croisés, le visage fermé, je le regarde s'assoir en face de moi. Nous nous dévisageons pendant de longues minutes sans qu'aucun ne prenne la peine d'ouvrir la bouche.

Je n'ai aucune raison d'être énervée contre lui mis à part celle de savoir que lui en a tout un tas contre moi. Je plisse les yeux luttant contre mes pensées.

La tête haute, le regard perçant, la position décontractée avec ses jambes écartées, ses mains sur les accoudoirs, il a l'air de s'imposer dans la pièce. Si ce mini-salon serait remplie de personnes toutes plus belles les unes que les autres, tous les regards seraient tout de même posés sur lui, y compris le mien.

— Tu as bien baisé ? Je demande acerbe après une éternité de silence.

— Mieux que toi en tout cas.

— À cause de qui ?

— Tu l'aurais regretté.

Je laisse échapper un rire grinçant. Comment peut-il être si sûre de lui ? Il ne sait même pas ce qu'il se passe dans ma tête ni ce dont j'ai besoin.

— Tu fais toujours tout de travers. Est-ce qu'il t'arrive de réfléchir à tes actions ?

— Non jamais.

— Tu devrais apprendre à le faire.

Frénétique, je tape mes doigts contre l'accoudoir ce qui me vaut un regard noir d'Ace. Il fulmine je le vois bien à travers sa mâchoire qui se contracte et ses doigts crispés sur le cuir du fauteuil mais je n'arrête pas pour autant, bien au contraire. Il se contient de faire la moindre réflexion pendant que je le défi du regard.

De plus en plus fort, de plus en plus vite, mes ongles rencontrent la surface du canapé. Un sourire provocateur sur les lèvres, je le scrute.

Il bondit mais je ne bouge pas, même lorsqu'il s'approche. De sa main, il plaque la mienne contre le cuir mettant fin à mon cirque. Ses yeux sont à quelques centimètres des miens. Comme à chaque fois qu'il est près de moi, mon cœur s'affole. Je me mors la lèvre quand mes poils s'hérissent.

— Ces filles, je les ai caressées, touchées, baisées jusqu'à les emmener au paradis mais c'est toi que j'avais en tête.

J'ai l'impression de m'asphyxier. L'air ne remplit plus mes poumons comme il le faudrait. Mon cœur s'acharne à propulser du sang dans mon corps.

Puis un rire moqueur déchire le silence.

— C'est si facile avec toi.

Je le repousse avec hargne et enfonce mon indexe dans son torse dur. Il baisse la tête vers moi d'un air moqueur.

— Reste loin de moi sale con.

— Tu as peur de perdre.

— Non, j'ai peur que toi tu perdes.

Son corps se secoue au rythme de son rire qui me frappe de plein fouet, et s'infiltre dans chacune des cellules qui me constitue, chaque nerf.

Il n'a pas l'air du tout convaincu par mon mensonge. En réalité, je ne sais pas qui j'essayais de convaincre, si c'est lui ou bien moi.

Hasta la muerte (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant