Hasta la muerte (terminé)

Chapitre 14 : Attention à la tentation

— Eyana ! Ça fait longtemps !

La respiration hachée, je n'ose pas répondre.

La présence d'Ace me rassure tout autant qu'elle me terrifie ; tant qu'il est avec moi, rien ne peut se passer, mais qu'il soit témoin de la suite des événements m'angoisse.

— Et... tu es accompagné ?

— Qui es-tu ? Demande Ace entre ses dents.

— Elle ne t'a pas parlé de moi ? (Son air surpris me donne envie de vomir. Je sens Ace perdre patience.) Je suis blessé.

Il pose une main sur sa poitrine d'un air théâtrale raté, pourtant, en temps normal, il est bon comédien et sait se donner une image appréciable pour les gens qu'il rencontre.

— Tu ne dois pas être aussi important que tu ne le penses.

La phrase d'Ace me coupe le souffle. Je prie pour qu'il se taise et que Tayden se lasse de nous mais vu la façon de réagir d'Ace, ça ne sera pas le cas. Je suis persuadée que le millionnaire n'a pas remarqué le changement dans le regard de Tayden, en réalité je ne l'aurais pas vu non plus si je n'avais pas été aussi souvent victime de ses sauts d'humeur et de sa colère sourde.

— C'est vrai Trésor ? Je ne suis pas si important ?

Ma voix ne veut pas sortir. Mon estomac noué me donne envie de rendre le fast-food que j'ai englouti. Ace me lance des coups d'œil, attendant sans aucun doute que je le renvoie boulet mais je reste silencieuse, je dois même me faire violence pour ne pas baisser la tête.

— T'es devenu muette ? Remarque, je t'ai peut-être trop fait crier.

Ses potes rient et je sens les larmes monter mais je me mors les joues de toutes mes forces pour éviter qu'elles ne s'échappent. L'humiliation est d'autant plus douloureuse qu'Ace en est témoin. Je refuse de donner à Tayden une victoire de plus.

Mais lorsqu'il empoigne mon bras, les souvenirs jaillissent me faisant tourner la tête. Mon corps se ramollie. Je ferme les yeux d'instinct attendant le coup mais rien ne vient.

— Allons parler.

Ace s'interpose et me tire derrière lui. J'ai l'impression d'être une poupée de chiffon dans un combat de coq. Le millionnaire se dresse devant Tayden. Comme une spectatrice, je les vois s'affronter du regard. Ses trois acolytes s'avancent mais sont arrêtés par leur petit chef.

— Elle ne te suivra pas.

— Tu en es sûre ? (Il détourne le regard vers moi. J'aimerai disparaitre et ne jamais revenir). Viens avec moi Trésor.

Ma poitrine se soulève au rythme saccadé de ma respiration et je reste paralysée, sans savoir quoi faire ni quoi dire.

— C'est ton nouveau mec, c'est ça ?

Ace répond un "oui" sûr de lui alors que je secoue la tête, frénétique. Tayden ricane mais dans son regard noir, la promesse que ce n'est pas terminé brille en toute clarté. J'en ai la gorge nouée.

— Nous aurons l'occasion de nous recroiser.

Sa dernière phrase me laisse pantelante. Et alors qu'il s'éloigne, le regard qu'il me lance me fait trembler de peur ; il m'avertit qu'il est de retour.

Je tourne les talons et quitte le centre commercial d'un pas rapide. Je veux juste fuir, mettre le plus de distance entre lui et moi, je veux me dérober à cet étau qui se resserre sur mon corps fragile. Je ne veux plus que ça recommence.

Ace me plaque contre sa voiture, ses narines sont dilatées, sa mâchoire tressaute.

— Où étais ta grande gueule face à ce type ?