Hasta la muerte (terminé)

Chapitre 22 : Eclair mortel & Etoile obscur

J'observe d'un mauvais œil sa maison sans oser faire le moindre mouvement vers cette dernière. Je n'ai pas le courage de l'affronter.

J'ai le cœur lourd lorsque je sors enfin de ma voiture. Chaque pas qui me rapproche de mon cauchemar me vrille l'estomac. La tension tend chacun de mes muscles. Et le pire est que j'ai passé une journée merveilleuse sans penser une seule seconde à mon petit copain qui est la matérialisation même du diable. Ou sa marionnette. Ce qui fait de moi la marionnette d'une marionnette. Mon cœur résonne dans mes oreilles. Mais pourquoi mes pensées dérivent-elles vers Ace ? Ce garçon a la capacité de rendre mon monde aussi noir que blanc, il met des nuances là où je suis incapable d'en voir. Quand je suis avec lui, ma tristesse s'envole et revient dès lors que je le quitte le soir. Et quand je regarde les murs décrépis de la maison, je serais prête à donner beaucoup pour que ce soit la demeure protectrice des Harden qui m'accueille.

Le menton levé, le regard confiant, j'essaie de rassembler tout mon courage pour monter jusqu'au perron et de frapper contre la porte. Les quelques secondes qui s'écoulent sont sources d'espoir. Peut-être n'est-il pas là ? Il balaie tout espoir en ouvrant la porte avec ce sourire machiavélique accroché aux lèvres. Lui aussi à un œil au beurre noir. Et cette vision m'emplie de satisfaction. Ace l'a fait souffrir. Et malgré la peur qu'il se venge sur moi, je garderai bien précieusement ce sentiment de victoire et quoiqu'il me fasse endurer ce soir, je le chérirai. Car il a souffert, et pour moi, rien ne pourrait m'apporter plus de choix que de voir sa souffrance.

D'un signe de main, il m'invite à rentrer et j'obéis sans me laisser berner par son air jovial. Je le suis à contre cœur dans les escaliers mais la vue de sa chambre au fond du couloir est un électrochoc.

Je refuse de me soumette une fois de plus.

Et s'il doit me violer aujourd'hui, je ne lui faciliterai pas la tâche en m'allongeant comme un animal docile sur son lit. Je ne sais pas d'où me vient ce courage de résister mais la promesse en l'air d'Ace m'a donné confiance, et même pire, elle m'a donné espoir. Bien que je sache que ce n'est pas une bonne chose, Ace a une influence sur moi qu'il le veuille ou non. L'accepter est le premier pas pour s'en défaire. Car, je refuse que quiconque ait un impact sur moi, que ce soit un clochard comme Tayden ou un con comme Ace.

— Non, je ne veux pas te suivre.

— C'est à cause de ton petit pédé ?

Je me tais. Je n'ai aucune réponse à lui donner alors je le fixe avec toute la haine qu'il me fait ressentir. Je voudrais lui cracher ce poison acide qui me brule de l'intérieur chaque instant depuis qu'il a pris plaisir à me détruire. Je t'assure Tayden que si ma famille n'était pas dans l'équation, je t'aurais détruit bien plus que tu ne l'as fait avec moi. À armes égales, tu ne fais pas le poids contre moi. S'il n'y avait que nous deux, tu serais mort avec moi. Je t'aurais entrainé dans ma chute.

— Tu as vu ce que je lui ai fait ?

— Et je vois aussi ce qu'il t'a fait.

Il empoigne mes cheveux à pleine main et relève ma tête vers lui. Pour une fois, je ne lui donne aucune satisfaction car c'est mon sourire haineux qu'il obtient à la place de mes larmes.

Il aime sentir qu'il peut me dominer. Il aime cette sensation de puissance et je sais pourquoi.

— Tu aimes imiter ton cher père ? Ça te rappelle tous ces bons souvenirs.

Il me crache dessus et j'ai un haut le cœur. Je m'essuie le visage du dos de la main. Ses yeux dilatés par la drogue et les brulures sur ses lèvres me donnent envie de gerber.

— T'es qu'une sale pute.

— C'est pour ça que tu me frappes ? Pour te sentir puissant après toutes ces années à être minable quand il te cognait.