Hasta la muerte (terminé)

Chapitre 28 : Horrible découverte

— Tu l'as tué.

Ces mots détruisent tout sur leur passage. Tels des lames de rasoir empoisonnées, elles me tailladent la gorge, répandent un gout acide sur ma langue avant de s'enfoncer dans la poitrine du garçon. Je ne lui ai jamais vu cet air qui semble lui rajouter quelques années. Le désespoir dans ses yeux brise une chose en moi que je ne saurais décrire. En revanche, je peux décrire cette douleur si intense qui me vrille le cœur, couvre mes yeux d'un voile noir et fait bourdonner mes oreilles. Et malgré la pièce qui tangue autour de nous, je ne dévie pas mon attention de lui. Ses yeux se posent sur la photo encore affichée sur l'écran et c'est comme s'il acceptait enfin que je sois au courant.

Il tente de s'approcher mais je le repousse avec force. Je ne supporterais pas ses mains pleines de sang sur mon corps. Il semble lire dans mes pensées car ses épaules s'affaissent comme s'il devait porter le poids du monde. Et malgré le dégout que je ressens, j'aimerais le prendre dans mes bras, lui redonner cet éclat lumineux qui a quitté son visage et enlever le désespoir qui luit dans ses yeux polaires.

La honte m'accable. Tayden est mort par sa faute, par ma faute. Il a employé un putain de tueur à gage pour tuer mon ex ! Mon monde semble s'écrouler alors que je réalise qu'il a du sang sur les mains, tout ça par ma faute. Je l'ai salie. Mes larmes creusent des fossés brulant sur mes joues. Chaque respiration est un supplice.

— Laisse-moi t'expliquer.

Il n'y a rien à expliquer. Il a commis un meurtre par ma faute, j'ai bousillé sa vie. Et je m'en voudrais toute ma vie.

— Tu l'as tué, je répète secouant la tête, frénétique, avant de sombrer.

La dernière chose que je vois, c'est Ace qui se précipite sur mon corps pour le soutenir avant que ma tête ne cogne le sol aussi froid que mon cœur blessé.

Lorsque je reprends connaissance, Ace est penché au-dessus de moi. J'ai l'impression qu'un groupe de métal est en train de donner un concert dans mon crâne. Il me tend un verre d'eau que je m'empresse d'apporter à mes lèvres pour soulager ma gorge sèche.

Mais il faut que je fasse l'erreur de poser mes yeux sur le téléphone abandonné sur le sol pour que les derniers souvenirs me percutent de plein fouet. Je manque de m'étouffer.

Mes lèvres se mettent à trembler en repensant aux messages qu'il a envoyés parlant d'une somme importante d'argent, ou ceux qu'il a reçus confirmant le meurtre. Je n'arrive pas à croire ce que j'ai vu. L'image du corps sans vie de Tayden ne veut pas quitter mon esprit. J'ai imaginé sa mort des milliers de fois, émis en silence l'hypothèse de le tuer, pourtant savoir qu'Ace est indirectement son tueur me donne la gerbe. S'en veut-il ? Je ne pourrais plus jamais le regarder dans les yeux en ayant à l'esprit que j'ai pourri sa vie.

— Tu l'as tué, je répète comme si ça pouvait me faire avaler la pilule plus facilement.

— Eyana.

Il tente de me prendre les mains mais je le repousse, lui hurlant de ne pas me toucher.

Je ne devrais pas l'abandonner de la sorte alors qu'il a fait tout ça par ma faute, pour moi. Mais le dégout que j'éprouve contre moi est bien plus que ma raison, je me déteste d'avoir salie ses mains. Je n'ai jamais voulu lui apporter mes problèmes. Si je n'avais pas été si égoïste, j'aurais quitté ce taf, laissé Ace derrière moi et éloigné Tayden de sa vie. Nous n'en serions pas là.

— Écoute-moi.

— Écoutez quoi ? Le fait que tu ais fait appel à un tueur à gage...

Ma voix se brise à la fin de ma phrase. La pièce semble se refermer sur moi. Le haïr est plus facile que m'accabler. Je ne veux pas sentir cette culpabilité qui me ronge, m'étouffe dans un étau empoisonné.