Chapitre 34 : L'heure des conséquences

34 2 5
                                    



Depuis une bonne vingtaine de minutes, j'apprends la bachata à Ace et il est un excellent élève ou est-ce moi qui suis une professeure de qualité ? Quoiqu'il en soit il progresse à vue d'œil, bien que chaque pas semble tout de même être une dure épreuve et il me dévisage de la même manière qu'on le ferait avec son bourreau.

Ce soir, rire est d'une facilité déconcertante. Enveloppée dans ses bras, je ne ressens qu'une douce sécurité. Dans l'intimité de l'entrepôt, je peux me laisser aller à l'euphorie et l'allégresse. L'atmosphère si familière qui règne en ces lieux agit comme un calmant sur mon corps tendu depuis ma course face à Angel.

Pendant que nous nous déhanchons au milieu des autres danseurs, j'abaisse mon bandana et celui d'Ace pour pouvoir l'embrasser. Sa langue caresse la mienne avec passion.

Puis la musique latine se termine pour laisser place à du rap américain mettant fin au calvaire d'Ace. Les couples autour de nous interrompent leur danse sensuelle pour quelque chose de plus énergique et je me laisse aller au rythme rapide de la chanson que crache les enceintes. Je me déhanche en chantant à pleins poumons au milieu de la foule.

Mais alors que je cherche Joy du regard, je tombe dans des yeux sombres appartenant à un tatoué aux airs menaçants. Je m'immobilise aussitôt. Son sourire carnassier me fait frissonner de terreur. La musique ne devient qu'un bourdonnement lointain, la foule semble s'ouvrir dans une haie d'honneur pour qu'il me rejoigne. Il est venu pour moi.

C'est seulement quand Ace me secoue par l'épaule pour me demander si je vais bien que je reprends enfin contenance.

— Je suis fatiguée, j'aimerais rentrer.

Sceptique, il me détaille à la recherche de la moindre information sur mon brusque changement de comportement, mais finit par hocher la tête. Je n'en attends pas plus pour lui prendre la main et nous faufiler entre les corps en sueur. Je ne peux m'empêcher de lancer des coups d'œil paniqués au-dessus de mon épaule, et si Ace le remarque, il a l'élégance de ne pas m'en faire la remarque.

Dès que nous arrivons au niveau de son Impreza, je lui demande ses clefs qu'il me donne sans rechigner. Je regrette de ne pas avoir pris ma Shelby, qu'Angel puisse connaitre la voiture d'Ace ou sa plaque d'immatriculation me donne la gerbe. Et je ne veux pas lui apporter encore une fois des problèmes. Mon estomac se noue à cette simple pensée que je balaie aussitôt pour ne pas la laisser me submerger.

J'attends à peine Marlon me siffler de loin. Je lui adresse un rapide signe de la main en guise d'au revoir pour ne pas m'attarder. Plus je mets de distance entre Angel et moi, mieux je me porte.

Mon cœur bat la chamade quand je m'installe derrière le volant. Je m'éloigne de l'entrepôt dans un nuage de fumée. Je sens Ace m'observer en silence, mais j'essaie de ne pas y faire attention et m'engage sur la route qui nous relie à la ville.

— Tu vas te décider à me dire ce que tu as ?

— Une envie pressante, je réponds du tac au tac.

Dans mes rétros, il n'y a rien d'autre que les ténèbres de cette nuit sans son astre. Cette constatation étouffe mon stress et je ralentie mon allure tout en m'insultant mentalement. Angel n'était pas ici, je l'ai imaginé, je deviens folle.

Et alors que les battements de mon cœur se calme, des feux apparaissent dans mon rétroviseur intérieur. Ils grandissent à chaque seconde. Alors ni une ni deux, je mets pied au plancher. Mes mains moites glissent sur le volant.

— Eyana ?

Quand je rejoins la ville à toute allure, la voiture qui me suit à largement réduit l'écart entre nous. Ses pleins phares me masquent le modèle ou le conducteur de la voiture.

Hasta la muerte (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant