Hasta la muerte (terminé)

Chapitre 29 : Comme un appel à l'aide

—  Tu es sûre que ton plan va marcher ?

—  Non.

Il souffle et me tends son bras que je m'empresse d'agripper. Bien que je ne montre rien, je panique à l'idée de revoir Ace. Il a de bonnes raisons de m'éviter et je ne peux pas lui en vouloir mais en le retrouvant je vais devoir assumer mes erreurs, accepter ce lien honteux qui nous reliera éternellement, et ce secret qu'on emportera dans la tombe, car je le sais, je serais capable du pire pour le protéger. 

Mais avant tout, ma première préoccupation est de le sortir de ses tourments. Mon plan a intérêt de marcher, je n'ai pas le choix. Qui sait dans quoi il pourrait sombrer ?

—  Mais une chose est sûre, tu me consacres toute ta soirée.

—  Eyana ?

Je détache mes yeux de mon objectif à contre-cœur. Isaac a des difficultés pour cacher ses doutes et ses craintes, il est comme un livre ouvert qui nous renseigne sur toutes les informations qu'on cherche.

—  Il ne te laissera pas l'atteindre aussi facilement. Il te rendra chacun de tes coups pour que tu craques avant lui.

—  Ne t'inquiète pas. Je ne compte pas perdre cette fois-ci.

Ce soir je compte bien égaliser au score. Et je me jure qu'il craquera avant moi. 

Il hoche la tête et m'entraine dans l'immense villa. Dès que je pose un pied à l'intérieur, c'est la chaleur étouffante qui m'accueille dans son étreinte. Malgré les fenêtres ouvertes, l'odeur est insupportable. C'est un mélange d'alcool, de fumée de cigarettes et de sueurs. Toutes leurs soirées se ressemblent néanmoins je n'ai jamais eu deux fois la même raison d'y aller.

Isaac bouscule les gens pour nous frayer un chemin dans cette marée humaine sans jamais lâcher ma main. Nous arrivons enfin dans la cuisine qui est anormalement agitée et il ne me faut pas longtemps pour en comprendre la source. De part et d'autre de la table central, Ace et un grand blond enchainent les shoots sous les acclamations des adolescents déjà bien alcoolisés. Il y a deux lignes d'une quinzaine de verres contenant un liquide transparent et Ace est largement en tête de cette "course au vomito". Je grimace de dégout.

—  Je te présente notre nouvel Ace.

—  J'aimerai dire que je suis ravie de le rencontrer mais je ne suis pas du genre à mentir, je grince.

Après avoir bu le dernier verre, il le lève au-dessus de sa tête d'un air fier sous les applaudissements ridicules. Deux filles s'empressent de lui sauter dessus. Les mains d'Ace glissent aussitôt sur leur corps tandis qu'il se penche pour fourrer sa langue dans la bouche de l'une d'elles. Je serre tant la mâchoire que mes dents risquent de se fissurer sous la pression.

—  C'est le moment de rentrer en piste bébé, chuchote Isaac à mon oreille.

Ce dernier passe son bras autour de mes épaules et se joint aux acclamations comme si tout était normal. Il parvient à m'attirer au centre de la pièce malgré mes jambes verrouillées. 

Il tape l'épaule de son meilleur pote qui le force à se détacher de la bouche de sa pute. Ce dernier se retourne vers nous, un grand sourire aux lèvres qui s'évanouie aussitôt qu'il se rend compte de ma présence tandis que je me force à afficher un air décontracté. Je veux qu'il pense que je ne suis pas là pour lui et que le voir dans cet état ne m'affecte nullement.

—  Comment ça va mon pote ?

—  Qu'est-ce que tu fous avec la pouilleuse ?

—  Oh tu parles d'Eyana ? Tu seras surpris quand je te raconterai l'histoire de fou qu'il nous ait arrivé, s'exclame-t-il puis faisant mine de chuchoter, et je compte bien la ramener dans mon lit ce soir.