Chapitre 11

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Point de vue: Alaric.

Je laisse ma main divaguer sur la toile, lentement et sûrement. Les couleurs se fondent entre elles pour dévoiler un visage, ce qui me fait légèrement sourire. En entendant de l'affolement dans les couloirs, je me lève pour aller nourrir ma curiosité. Les domestiques se pressent et semblent inquiets ce que je ne comprends pas et qui me perturbe moi aussi. Je finis par les suivre jusqu'au jardin où je découvre les soldats blessés, y compris Agnar. Il est entaillé au visage, mais saigne également au torse et au bras. Je me précipite à son chevet en examinant ses blessures.

- Qu'est ce qui s'est passé ?!
- Ce n'est rien, je vais bien. Nous nous sommes fait prendre dans une embuscade. On a eu de la chance.

Je marmonne faiblement, je savais que c'était une mauvaise idée de les envoyer ainsi. Heureusement, étant dispensé de cours royaux comparé à ma sœur j'ai pu apprendre aux côtés des médecins comment prodiguer les premiers soins.

- Elles t'ont planté avec une dague ?
- Au bras oui mais le torse et le visage non. Mon armure à amortie et j'ai esquivé.

Je m'occupe donc du bras en premier temps. Je commence par retirer le tissu en le coupant pour avoir une meilleure vue sur la plaie avant de commencer à la nettoyer, la désinfecter et la bander ensuite fermement. Mais il pousse une légère plainte en ayant un mouvement de recul à mon geste.

- Excuse-moi, je serre pour pas que tu perde trop de sang. Mais si ça l'est de trop tu me dis.
- Non ça va.

Je vérifie tout de même, ne voulant pas lui couper la circulation. Puis je finis par me tourner vers son torse.

- Hum...je peux ?

Il me sourit avant d'acquiescer d'un mouvement de tête, m'aidant à le dévêtir pour dévoiler son torse nu. Je m'efforce de rester concentré sur sa blessure et prodigue les mêmes soins qu'au bras.

- Heureusement que tu sais comment soigner, les médecins doivent être débordés avec tout le groupe.
- Ce n'est rien de grand, je n'aurais pas pu te sauver la vie si ça avait été plus grave.
- C'est quand même bien, tu vois qu'il n'y a pas que le combat d'utile.

Ses mots me font naître un sourire puis je me porte sur la blessure sur son visage.

- Tu as eu de la chance, elle aurait pu te crever l'œil.
- Du moment qu'il m'en reste un pour t'admirer.

Je sens une douce chaleur me monter aux joues avant de vérifier autour de nous que personne n'ait entendu, ce qui est heureusement le cas.

- Tu es fou...Ne dis pas des choses comme ça. Tu dois sûrement avoir de la fièvre.

Il lâche un léger rire tandis que je continue de rougir. Ses yeux me fixent ne m'aidant pas à me calmer, pourquoi être si près de son visage me perturbe encore plus que son torse ?

- Je...c'est bon, j'ai fini.
- Merci.

Autour de nous, peu à peu les soldats finissent par être soignés.

- Il te faut un médecin.
- Mais tu viens de me soigner.
- Il te faut sûrement d'autres traitements mais on a pas assez de monde. C'était totalement fou de vous envoyer la bas ! Où est Nakoa ?!
- Je ne sais pas.

Mes yeux observent les horizons mais aucune trace d'elle, une reine devrait être avec ses soldats dans un moment pareil.

- Reste ici, je vais aller la chercher.

Il ne me retient pas et je me dirige ensuite vers le château. Celui-ci étant presque vide, je prononce le nom de ma sœur plusieurs fois pour tenter d'avoir une réponse. Je regarde dans la salle de réunion puis dans sa chambre, mais toujours rien. Je croise Faye en sortant.

- Faye ! Excuse-moi, as-tu vu Nakoa ?
- Et bien...

Elle semble hésitante, ce qui ne me rassure guère.

- Si tu sais quelque chose, il faut que tu me le dise.
- Elle a changé de tenue et s'est dirigée vers la forêt après que le groupe soit revenu. Je pense qu'elle est partie au même endroit que l'embuscade pour traquer les enchanteresses.
- Mais c'est de la folie ! Elle risque sa vie ! Quand est-elle partie ?!
- Il y a peu, vous avez encore le temps de la rattraper.

Je me précipite vers les écuries, ne prenant pas la peine d'enfiler une armure. Le temps presse, je dois l'arrêter avant qu'il ne lui arrive malheur. Je tire les rênes du premier cheval venu et demande à ce qu'on me le prépare rapidement. Avant que je monte sur la selle, une main vient agripper mon bras pour m'en empêcher.

- Où vas-tu ?
Me demande Agnar.
- Ma sœur est partie là où vous vous êtes fait attaquer. Je ne sais pas ce qu'il lui prend mais elle s'est mit en tête de les affronter seule, je dois l'en empêcher.
- Je viens avec toi.
- Non, tu es blessé, tu n'es pas en état.
- Je suis bien plus en forme que les autres, si tu y vas seul c'est ta vie aussi qui sera en jeu.

Le doute fait son chemin en moi, mais je finis par accepter. Après tout, il vaut mieux que j'y aille avec lui qu'avec un soldat qui risquerait de braquer Nakoa. Nous grimpons donc sur nos montures après nous être préparés, Agnar n'ayant pas voulu que j'y aille sans armure. Nous entamons notre entrée dans la forêt en restant le plus silencieux possible. Mon ami me guide à travers les immenses arbres et feuillages qui nous empêchent de voir le moindre ciel bleu. Plus nous nous enfonçons et plus le soleil disparaît, rendant le lieu encore plus sombre. Je ne suis jamais allé aussi loin auparavant. J'en profite pour observer les différents insectes présents, ceux-ci faisant une douce lumière qui s'assortit parfaitement au sombre de la forêt.

- C'est ici.

En effet, je peux voir aux fleurs et plantes écrasées et au sang laissé qu'il y a eu une lutte ici.

- Mais elle n'est pas là...
- Elle s'est sûrement éloignée, pour trouver d'où elles venaient. Ne t'en fait pas on va la retrouver.

J'espère que Agnar a raison, j'ai déjà perdu ma mère je ne veux pas perdre Nakoa également.

Eaduria TOME 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant