Chapitre 33

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Point de vue: Alaric.

Les deux femmes m'ayant trouvées me traînent jusqu'à leur campement. J'ai beau me débattre je n'arrive pas à me défaire de leur emprise. La panique prend le dessus et je me vois déjà hypnotisé. J'aurais dû prendre des protections, je me sens tellement inconscient.

On me force à m'asseoir sur une des chaises présente et on me retient sur place. Une femme plus âgée que moi à la chevelure blonde et très courte apparait en sortant d'une des tentes installée sûrement en attendant de trouver un autre endroit vu que Nakoa avait découvert leur cachette.

  - Tu es le prince Alaric, je me trompe ? Moi c'est Roma.

Je reste silencieux en détournant le regard. Je vais sûrement me faire hypnotiser et me retourner contre les autres tout cela est ma faute.
Elle s'assoit devant moi en faisant signe aux personnes me tenant de me relâcher, ce que je ne comprends pas.

  - Rassure-toi, tu n'es pas un ennemi ici.
  - Dit celle qui a attaqué mon royaume deux fois.
  - Tu parles sans connaître toute l'histoire. Tu es bien loin du compte.

Elle me sort des cartes et des dessins représentant un ancien château.

  - C'était notre royaume, Sira. Avant qu'il soit détruit. Sais-tu comment ça s'est passé ?
  - Une guerre s'est déclarée entre votre territoire et Terasmus.
  - Et la raison de cette guerre ?
 
Je reste un moment silencieux, j'avoue ne pas être un passionné d'histoire et donc n'avoir pas vraiment écouté pendant mes cours.

  - Et bien je vais te la raconter, avant que ta mère prenne le pouvoir votre peuple subissait les attaques des goules. Beaucoup d'innocents se retrouvaient à devenir le repas des habitants de Terasmus. Nous, nous y échappions grâce à nos dons. Lorsque Diana se retrouva reine, elle voulut sauver son peuple.

Je redresse la tête vers elle en restant attentif.

  - Elle enleva plusieurs d'entre nous et s'en servit comme arme. Les goules se retrouvaient hypnotisées et rentraient dans leur royaume en s'en prenant aux leurs. Tous les souverains se mirent à faire de même et ceux de Terasmus voyaient cela comme une déclaration de guerre venant de mon peuple. Ils ont détruit notre château, et notre famille royale avec. Nous avons perdu beaucoup d'entre nous malgré notre pouvoir. Nous avons tout perdu, parce que ta mère a décidé de nous utiliser.
  - Elle...elle voulait sauver notre peuple...
  - Donc le votre a plus de valeur ? Une vie pour une vie ?
  - Non..non c'est pas ça que je voulais dire...

J'avoue me retrouver perdu. Même si je ne veux pas y croire, elle semble sincère, et ça expliquerait toutes ces batailles entre nous.

  - De peur de subir le même sort, tous les royaumes se sont mis à vendre leurs enchanteresses prisonnières. En échange de ça, les goules promettaient de ne plus s'en prendre à leurs habitants. Nous étions devenus une monnaie d'échange, condamnées à errer sans maison. Nous nous sommes même acharnées à vouloir venger cet acte, c'est nous qui avons détruit la faune et la flore de leur royaume. Et nous avons réussi à tuer leurs souverains, mais comme nous sommes pas des monstres nous avons laissé leur fils Erebos. 

Elle fait signe à un des hommes présents de nous servir à boire, sûrement pour que j'encaisse le choc.

  - Mais nous avions aussi un plan pour tes parents.
  - La première attaque ?
  - En quelque sorte, mais notre but n'était pas de tuer Diana ou Rory. On voulait votre  royaume, ils étaient la raison pour laquelle nous n'avions plus de chez nous. Ce n'était que justice de vouloir s'emparer du château. Nous savions que ta mère était enceinte et attendions patiemment que ce soit le jour J. Nous avions un soldat de chez vous dans notre camp, Thëis.

Je ris faiblement à sa phrase.

  - C'est impossible, Thëis était le soldat le plus fidèle.
  - L'amour fait perdre la raison à n'importe qui. De plus, il savait ce qu'avaient fait tes parents. Ce n'était pas difficile de le rallier à nous. Nous avons réussi à échanger les nouveaux nés. Une fille pour une fille qui venait de naître parmi nous à seulement un jour d'écart. Personne n'a jamais remarqué la supercherie.

Je manque de tomber de ma chaise en secouant la tête négativement.

  - Non...non vous mentez ! Et puis Thëis a perdu un bras pour sauver ma sœur ! 
  - Tout ce que je te dis est vrai, ce n'est pas les enchanteresses qui lui ont fait ça mais les soldats qui avaient vu la scène et qui tentaient de le vaincre en vain. Nakoa l'a su pendant la deuxième attaque. Sa sœur biologique a voulu tout lui révéler. Nous tentions de l'en empêcher et au passage de tuer ta mère pour qu'elle monte sur le trône plus rapidement. On cherchait à éviter cette rencontre. Mais elle a été plus rapide et a dit la vérité, cela lui a coûté la vie et celle de ta mère. Nakoa les a tuées toutes les deux.

Je me redresse subitement de ma chaise en la faisant tomber au passage.

  - VOUS MENTEZ ! Jamais Nakoa n'aurait fait une telle chose ! Jamais !
  - Je peux te le prouver.

Elle fait signe à une de ses camarades qui lui apporte une fiole à la couleur bleue et s'illuminant légèrement. Elle se lève et vient verser cette fiole dans un petit lac qui se trouvait à côté.

  - Avec cette potion venant de Fesmao tu saura la vérité.
  - Comment puis-je savoir si vous dîtes la vérité ? Cela pourrait être un piège.
  - Tu fais confiance aux gardiens oui ou non ?

Je me tourne vers le lac et remarque en effet une des fées à la coiffe de champignon, m'indiquant d'approcher. Je soupire et me mets à quatre pattes avant de plonger ma tête dans l'eau.

C'est comme si j'étais présent dans la pièce, Nakoa tient l'épée, protégeant notre mère. L'enchanteresse lui révèle tout et le drame se passe. Mon cœur semble se briser en la voyant enfoncer cette lame dans le ventre de notre mère. Si je n'étais pas dans l'eau mes larmes se verraient sûrement. Agnar avait raison, les enchanteresses avaient raison.

Nakoa a tué notre mère.

Je redresse la tête subitement, toussant faiblement avant de reprendre mon souffle.

  - Tu comprends maintenant ?
  - Elle...

Je reste silencieux, tentant d'encaisser le choc qui venait de me briser. On m'aide à me relever et on me guide vers une femme à peine plus âgée que moi.

  - C'est elle, la vraie Nakoa. Nous la retenons ici depuis sa naissance. On attendait de pouvoir prendre le pouvoir d'Eaduria. Mais Nakoa a tenté de la tuer quand elle nous a attaqué.

La fille me regarde et je perçois rapidement la ressemblance frappante avec notre mère. J'ai du mal à croire que cette femme soit ma vraie sœur. Tout ça me parait tellement irréel. Elles la sortent de sa cage en se tournant vers moi ensuite.

  - Notre plan s'est retourné contre nous. Nakoa ne sera jamais l'une des nôtres. Nous espérons que tu pourras remettre la vraie héritière sur le trône et qu'on puisse enfin arrêter cette guerre entre nos royaumes. De la part de mon peuple nous sommes désolés de vous avoir fait subir autant de choses.
  - Je...

A peine ais-je le temps de prononcer une phrase que des soldats accompagnés d'Agnar et de Nakoa sortent du bois, se ruant vers les enchanteresses avec leurs épées en main. 

Eaduria TOME 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant