Chapitre 18

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Point de vue: Nakoa.

Je prends sur moi afin de ne pas crier à chaque pas que je pose sur le sol, ma blessure est encore douloureuse et le bandage que j'ai fait avec ce que je trouvais me démange terriblement. Une fois dans ma chambre, je m'en débarrasse et constate les dégâts. Mon sang continu de couler et de la terre s'était introduite dans la plaie. Je marmonne et vient prendre le premier linge venu pour tenter de stopper le sang. Heureusement pour moi cela reste une blessure superficielle, aucun muscle ni os est touché. Je m'en remettrais rapidement. 

Mais j'ai beau couvrir ma plaie, celle-ci refuse d'arrêter de saigner. Je me redresse en venant fouiller dans mes affaires si je n'avais pas quelque chose pour me soigner mais je ne vois rien. La douleur accumulée de la soirée désastreuse fait ressortir la colère en moi et je prends un des vases de ma chambre pour le jeter contre le mur dans un cri de rage. Celui-ci attire sûrement Faye qui se précipite dans ma chambre en fermant derrière elle.

  - Nakoa ?! Qu'est ce qui ne va pas ?!

Je retiens fortement mes larmes, mais lorsqu'elle me contourne pour se retrouver face à moi je finis par craquer et m'effondre dans ses bras. Elle me serre contre elle et mes jambes finissent par lâcher, nous nous retrouvons à genoux par terre, non loin des débris de l'objet cassé. Sa main se glisse dans mes cheveux tandis que je laisse mes larmes couler sur sa robe, je m'étais promis de ne plus me laisser aller. Mais Faye a ce don pour faire ressortir mon cœur à travers ma carapace.

  - Je suis là Nakoa...
  - J'en peux plus Faye je fais n'importe quoi..
  - Tu as cru bien faire.
  - J'ai conduit nos soldats à la mort ! Je n'ai même pas eu tout ce que je voulais, maintenant tout est fichu je vais tout perdre...
  - Tu ne vas rien perdre, tu es notre reine on te sera fidèle jusqu'au bout.
  - Tu ne comprends pas...
  -Alors explique moi.

Je ne peux pas lui avouer, son regard envers moi changerait à jamais, sans parler d'Alaric et de tout ce que je perdrais si je disais ce qu'il s'est passé ce jour-là. Personne ne doit le savoir.

  - Je ne peux pas..
  - Ce n'est rien.

Je serre un peu plus son corps contre le mien et m'apaise en respirant son odeur, à force de s'occuper de mon linge et de mes bains son parfum prend des notes fleuries ce qui la rend si agréable à sentir comparé à moi qui doit être dans un piteux état.

  - Je voudrais partir...prendre un nouveau départ et ne plus penser au trône...
  - Tu ne le pense pas réellement.

Elle a raison, j'ai mit tellement d'efforts et d'espoirs dans ce rôle que je ne peux pas abandonner maintenant après un échec.

  - Tu ne peux pas réussir à tous les coups Nakoa, tu vas connaître des défaites, prendre de mauvaises décisions, faire du mal sans forcément le vouloir. La vie est ainsi faite, aucun souverain n'est parfait. Tu apprendras avec le temps et l'expérience. Et tu deviendras la reine que tu as toujours rêvé d'être.
  - Tu sembles toujours trouver les bons mots...comment fais-tu ?
  - Je ne sais pas, je dis ce que j'ai sur le cœur.

Je redresse la tête un moment et admire son sourire bienveillant, ce qui le rend contagieux. Sa main vient évincer les larmes encore présentes sur mon visage et mes yeux ne cessent de regarder les siens pendant un moment. Au fond de moi, une minuscule petite partie de moi voudrait réellement s'enfuir, vivre une vie normale où je n'aurais pas à me marier avec quelqu'un que je n'apprécie pas forcément. Tout ça pour donner un héritier au royaume. Alaric ne réalise pas la chance qu'il a de ne pas subir ça, je ne comprends pas pourquoi il met autant de distance avec Agnar alors que c'est moi, celle destinée à enfanter.

  - Que dis-tu de prendre un bon bain chaud ?
  - Je dis pas non...
  - Je vais d'abord chercher de quoi te soigner, je te poserais un bandage après ton bain mais il faudra laisser ton mollet en dehors de l'eau. Tu m'attends ?
  - Bien sûr.

Je la relâche avec douceur, la laissant se redresser avant que je fasse de même. Elle commence à ramasser les morceaux de vase mais je prends son poignet, ne voulant pas qu'elle se blesse.

  - Ne t'en fais pas, je vais le faire en attendant.
  - Oh d'accord, je fais vite.

Elle quitte ensuite ma chambre et je viens ramasser chaque morceau s'étant propagé un peu partout sur le sol. Lorsque je viens attraper le dernier, je redresse la tête vers le portrait qu'avait dessiné Alaric de notre mère. Je n'ai toujours pas donné l'ordre de l'accrocher. Je sens encore son regard rempli d'amertume envers moi, comme si j'étais une parfaite étrangère.
Pourtant elle a bien su m'élever, me faire la morale également. Toute cette éducation qu'elle a dû penser gâchée. Je devais faire la fierté d'Eaduria, et me voilà en la pire déception qu'elle n’a jamais pu avoir.

Les enchanteresses ont sûrement pensé que lorsqu'elles m'auraient révélé mes origines, je changerais brusquement de camp en leur offrant le royaume sur un plateau d'argent. Mais ce fût un piètre plan. Je ne suis pas de leur espèce, je suis une fille d'Eaduria, celle de Diana et Rory même si ceux ci ne sont pas d'accord. Je suis la reine, et jamais je ne trahirai mon peuple.

Je viens jeter les morceaux brisés en prenant une grande inspiration, venant tourner la peinture pour ne plus voir ce visage. Comme me l'a dit Faye, je serais la meilleure reine qu'il soit, celle qui prend des décisions pour protéger son peuple quoi qu'il en coûte. Parce que c'est mon rôle, ma destinée.

Mais si je veux régner tel que je le souhaite, il faut que j'élimine toute menace qui pourrait me faire perdre mon trône. À commencer par la fille biologique de Diana, et toute l'espèce d'enchanteresses connaissant mon secret.







( désolé pour le retard de publication 😅)

Eaduria TOME 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant