Chapitre 14

82 6 2
                                        

Point de vue: Nakoa.

Au cours de la soirée, la prisonnière a continué à se débattre en refusant de me donner leur planque. Ses nombreuses tentatives d'hypnose nous auront au moins permis de tester les différents bouchons d'oreilles créés par mes inventeurs. Ils se sont servis d'une substance qu'un des insectes vivant dans les bois produit naturellement accompagné d'un tissu assez fin pour être introduit dans le conduit auditif. Cela nous a pris toute la nuit mais nous avons au moins de quoi nous protéger maintenant, du moins sur le court terme.

Je laisse ensuite mes gardes surveiller l'enchanteresse tandis que je me dirige vers la chambre d'Alaric, toquant légèrement à sa porte.

  - Entrez.

Je l'ouvre en douceur, voyant mon frère au chevet d'Agnar qui semblait s'être remit de mon coup.

  - Comment te sens-tu ?
  - Je vais mieux, je suis désolé de m'être fait piéger ma reine.
  - Ce n'est rien il n'y a pas eu d'incident. Nous avons réussi à avoir des protections contre les enchanteresses je vous en ferais parvenir à vous deux lorsqu'elles seront fabriquées en grande quantité.

Ils hochent la tête en guise de réponse. Le silence s'installe, signe que je n'étais pas la bienvenue.

  - Je vais vous laisser vous reposer, la nuit a été courte.
  - Tu devrais dormir également. Je suppose que tu n'as pas fermé l'œil.
Dit Alaric.
  - En effet, je vais suivre ton conseil. À plus tard.

Ils me saluent et je referme ensuite derrière moi avant de rejoindre ma chambre pour quelques heures de sommeil. Ce fût court comparé à une nuit normale mais je ne peux m'absenter plus longtemps. Je me redresse et me change avant de quitter mes appartements, croisant Faye sur le chemin.

  - Tu n'as pas beaucoup dormi ! Il faut que tu te reposes.
  - Je dormirai ce soir, il faut que je m'occupe de notre prisonnière.

Je commence à avancer mais elle prend mon poignet avec douceur pour me retenir.

  - Nakoa...Ne met pas ta santé en péril pour ça d'accord ?
  - Ne t'en fais pas, je contrôle.

Je lui offre un sourire bienveillant même si cela n'a pas l'air de la rassurer. Je mets ensuite ma main sur la sienne pour la détendre.

  - Je vais bien, je t'assure. Lorsque tout ça se sera calmé on passera plus de temps ensemble. Mais là je dois y aller.
  - D'accord...

Je la relâche ensuite pour rejoindre la cellule, libérant les soldats qui montaient la garde. J'enfile une paire de gants noirs et pose ma couronne afin de ne pas la salir. Mon regard se pose sur la détenue, elle semble affaiblie par le manque d'eau et les nombreuses plaies que je lui ai infligées.

  - Bonjour, me revoilà.

Elle ouvre péniblement les yeux, sûrement fatiguée elle aussi par son manque de sommeil.

  - Tu nous as été d'une grande aide hier soir malgré toi. Maintenant il suffit juste de me dire où vous vous cachez et je te laisserai tranquille.

Elle marmonne dans le chiffon mit pour la faire taire, je fais signe aux nouveaux soldats prenant la relève des anciens de venir lui retirer.

  - Vous ne me laisserez jamais partir...Vous allez me tuer à la seconde où je vous dirais tout.
  - Je n'ai qu'une parole, si tu me dis où se cache les autres je te garderai en vie.

Elle semble hésiter un instant mais se ravise. Très bien, je n'ai pas d'autres choix. Je saisis une des tiges en fer posées sur la table de la pièce et vient la chauffer avec la flamme nous éclairant. Lorsque c'est assez, je viens la poser sur sa peau nue lui arrachant un cri de douleur effroyable. Je continue encore et encore, jusqu'à même voir des larmes sur son visage.

  - Stop...stop...je vous en supplie...je vais vous le dire.

Je m'arrête, j'avoue avoir perdu espoir et ne faisais ça que par pur sadisme. Mais sa phrase me radoucit en me faisant poser mon arme pour prendre la carte de notre monde.

  - Dis moi dans ce cas.
  - Là où vous étiez, ce n'est qu'à quelques mètres d'ici, vers le lac de Fesmao.

Je regarde attentivement la carte et pointe un endroit en lui montrant.

  - Ici ?
  - Oui..
  - Parfait.

Je me redresse et retire mes gants avant de remettre ma couronne, me tournant vers les soldats.

  - Bâillonnez la de nouveau, puis rejoignez les autres dans la grande cour.
  - Oui ma reine.
  - Attendez ! Et ma liberté alors ?!
  - Je ne vais pas te relâcher sans avoir la preuve que ce que tu me dis est vrai.

Elle semble désespérée, j'attends patiemment qu'on la fasse taire avant de réunir tous les soldats ensemble, sauf ceux ayant subi des dommages par l'embuscade.

  - Chers chevaliers, nous avons enfin la planque de nos ennemis. Avec de plus une protection contre leurs pouvoirs. C'est maintenant ou jamais si nous voulons défendre et venger Eaduria de leurs affronts. J'attends de vous de faire de votre mieux, de me rendre fière moi ainsi que la reine Diana.
  - Oui votre majesté !

Disent-ils tous en chœur. Rapidement, nous enfilons tous nos armures. Je fais en sorte que personne ne prévienne Alaric, ne voulant pas avoir un dommage collatéral parce qu'il tentera de me faire changer d'avis. Aujourd'hui, c'est maintenant que nous réduisons à néant cette espèce. Nous montons ensuite à cheval en restant discrets pour ne pas attirer les regards. Je prends la tête de l'armée en les guidant à travers le bois sombre et mal éclairé dû au soleil couchant. La journée est passée si vite que je n'ai même pas eu le temps de manger, mais l'heure n'est pas au dîner. Lorsque nous approchons de la zone je fais signe aux soldats de laisser leurs montures pour continuer discrètement à pied. Pour le moment, rien à signaler. Je commence même à croire que la prisonnière m'a menti.
Mais je revois vite cela lorsque j'entends des rires et des bruits de pas. Des hommes et des femmes marchent vers le lac, sûrement pour se baigner. C'est le signe que nous ne sommes pas loin.

Suivant leurs traces de pas, nous tombons enfin vers leur cachette. Elles avaient aménagé un espace de la forêt en construisant des abris dans les arbres, elles semblent ne se douter de rien.
Nous profitons donc de ce moment, comme nos ennemis l'avaient fait auparavant. Nous profitons qu'elles aient baissé la garde, vivant tranquillement sans se soucier de ce qui les attend.

Et je donne l'ordre d'attaquer.

Eaduria TOME 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant