Point de vue: Nakoa.
Les gardes me jettent violemment dans une cellule avant de fermer la grille. Me faisant lâcher un grognement de douleur dû à ma blessure à la main. Évidemment ils ont pris le temps de me retirer mon épée, me laissant sans moyen de sortir.
Je n'arrive pas à croire que mes propres sujets m'ont mise au cachot. Ça y est, j'ai tout perdu. Tout ce que j'ai construit depuis mon enfance n'aura servi à rien.
- Serait-ce la propre reine d'Eaduria dans une cellule ?
Manquait plus qu'elle, l'enchanteresse que j'avais laissé croupir entre ces murs en la laissant simplement retirer son cache bouche comme récompense en échange de ses sorts. Un léger rire suit sa phrase tandis que j'essaye de ne pas l'écouter en arrachant un bout de ma robe pour l'utiliser comme bandage.
- On dirait bien que tout ça s'est retourné contre vous votre majesté.
- Tais toi je ne veux pas t'entendre.
- C'est quoi déjà la punition pour les traîtres dans ce royaume ? Ah oui c'est vrai, la pendaison.L'idée de me voir mourir ainsi me met hors de moi. Je ne peux pas, pas après tout ce que j'ai fait. Cela reviendrait à dire que la mort de Diana et Faye n'aura servi...à rien...
Mon cœur s'emballe brusquement et je me mets à revoir des scènes de mon enfance. Les heures passées tard le soir à réviser mes leçons, les bleues que j'avais à force de m'entrainer que ce soit au combat ou dû aux coups que je me prenais par mon professeur si je me tenais pas correctement.
- Maman...j'ai vraiment mal...dis lui d'arrêter s'il te plaît.
Les larmes me montent en me souvenant de cette scène. Je n'avais que huit ans il me semble et devais apprendre à bien me tenir lors d'un bal. Les chaussures étaient inconfortables et le corset n'étant pas à ma taille, me compressait la cage thoracique. Mais cela ne devait pas être une excuse pour lui qui n'hésitait pas à frapper les membres mal positionnés avec sa règle. Je regardais ma mère avec désespoir et lui dicte cette phrase, espérant qu'elle fasse quelque chose. Mais elle détourna le regard.
Ce fût ainsi, encore et encore. J'avais seulement neuf ans lorsque je compris que la supplier ne servait à rien et que je devais simplement encaisser. Je ne voulais pas que Alaric subisse la même chose que moi, alors je me forgeai la mission de le protéger de qui que ce soit. De sorte à ce qu'il ne sache jamais ce que ca fait de se sentir abandonné. Bien évidemment il ne comprendra jamais mon geste, puisqu'il n'a jamais vécu ça.
Personne ne pourrait se mettre à ma place, personne ne pourrait me défendre. Car pour eux, je suis le monstre qui a tué sa mère pour avoir le trône. La vérité est que je ne pouvais pas supporter un abandon de plus. Je l'aimais d'un amour inconditionnel, tout comme Faye. Mais de revoir à nouveau ce regard qui me dévisage avant de se détourner, je ne pouvais plus.- Tu étais plus bavarde lorsque tu me torturais, princesse.
- Ne t'inquiète pas quand je vais sortir je vais m'assurer que tu ne puisse plus parler sorcière.
- Ah oui et comment comptes-tu t'y prendre ?Je souris faiblement en me rappelant un très vieux jeu que nous faisions avec Alaric. Je n'aurais qu'à l'exagérer un peu. Je ne peux pas rester ici en attendant qu'il prenne mon poste, ce n'est pas le sien. Le royaume court à sa perte avec lui aux commandes. Je commence donc à simuler en toussant fortement, appelant à l'aide. Un des soldats s'avance en m'analysant et ne croyant pas à ma comédie.
- Je..je t'en prie...de l'eau...Yiris...
Sûrement adouci par le fait que j'ai été autrefois une princesse exemplaire, il se met à me servir un verre d'eau avant de me le tendre à travers les barreaux. J'attrape son poignet et le tire violemment vers moi pour frapper sa tête contre un de ceux-ci, le faisant s'évanouir sous la puissance du choc.
- Qu'est ce que tu as fais ?!
Dit ma voisine. Je souris avant de récupérer les clés et de sortir tout simplement. M'avancant vers la cellule de la prisonnière qui réalise son erreur de m'avoir provoqué.
- Tu étais plus bavarde il y a cinq minutes.
Je saisis l'épée du chevalier et ouvre ensuite la porte devant moi avec ses clés.
- Non ! Non attends, on peut s'arranger ! Tu es toute seule maintenant tu auras besoin d'une alliée !
- Comme toi ? Non merci.D'un coup sec, je lui tranche la gorge. Faisant couler le sang le long de son corps. Cela évitera qu'ils l'interrogent. Le temps presse et je dois m'enfuir avant que quelqu'un ne revienne. J'enfile la tenue du chevalier pour passer plus inaperçu et sort ensuite en couvrant ma tête d'une capuche. Dû au choc de mon emprisonnement et à la fatigue, personne ne remarque la supercherie. Je me rends donc dans la salle du trône où l'épée de la grotte était rangée. Hors de question qu'ils s'en servent alors que c'est la mienne. Je viens briser le verre la protégeant et m'en empare avant de fuir à toute allure vers la forêt. Pendant ma course, ma colère contre les enchanteresses ne cesse de grimper. Elles m'ont abandonnées puis ont détruit ma vie en m'obligeant à tuer Diana, et maintenant elles révèlent la vérité à Alaric pour que je perde tout. Tout ça c'est de leur faute. Et je compte bien leur faire payer.
Des heures après ma course, je finis par m'arrêter pour reprendre mon souffle, ma douleur à la main me faisant grincer des dents. La pénombre envahit les bois et je ne sais même pas où je suis. Je suis partie sans rien prendre à part l'arme. Soudainement, je me retourne en entendant des bruits dans les branches des arbres mais avant que je ne puisse m'enfuir un vouivre en sort pour m'attaquer. Dû à mon épuisement je peine à l'esquiver et me retrouve au sol, la bête se rue vers moi mais prise d'une rage folle je saisis mon épée pour la planter dans son corps. L'animal se recule pour la faire sortir mais tombe de suite après. Je peux lire dans son regard qu'il ne s'attendait pas à ce qu'un coup aussi futile pour lui le fasse mourir. Ses pupilles me fixent avant que son cœur ne cesse de battre lentement. C'est ça le sort que je réserve à toute personne se trouvant sur mon chemin désormais.
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Eaduria TOME 1
FantasyLe royaume d'Eaduria est un monde prospère, rempli de créatures fantastiques et gouverné par une famille royale humble et juste. Du moins, c'était le cas avant que les enchanteresses se redressent contre eux. Ces femmes à la voix hypnotique devront...