Chapitre 16

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Point de vue: Nakoa.

Le combat fait rage. Les soldats munis de leurs bouchons sont presque invincibles face aux enchanteresses qui subissent de lourdes pertes. Quant à moi, je me démène pour trouver la vraie raison de ma venue, tuant toute personne se trouvant sur mon passage. La plupart commencent à fuir pour leur vie tandis que d'autres luttent jusqu'à tuer également nos gardes.

J'avance jusqu'à leurs habitations, la trouvant dans une cage faite de bois et de rochers. La brune se tourne vers moi, ne comprenant pas ce qu'il ce passe. Elles n'ont même pas daigné l'élever comme l'une des leurs après ce qu'elles lui ont fait. C'est fou ce qu'elle lui ressemble, me faisant remémorer le dernier souvenir que j'ai d'elle.

Nous étions dans la chambre, moi épée à la main, restant devant la reine pour la protéger. Notre ennemi portait une protection autour du cou m'empêchant de le trancher.

  - N'ayez crainte, je ne vous veux aucun mal.
Disait-elle en levant les mains, signe qu'elle ne tenait pas d'armes.
  - On est censé croire celle qui nous attaque ?!
  - Je n'ai pas les mêmes idées que mes camarades. Je viens vous mettre en garde Reine Diana, afin que vous puissiez mettre un terme à cette guerre entre nos peuples.

Je me tournai vers ma mère, celle-ci m'indiquant de baisser mon arme pour l'écouter parler.

  - Je vous écoute.
  - Elles viennent pour vous tuer.
  - On l'avait pas deviné tient.

Disais-je ironiquement.

  - Vous pensez que votre fille prendra la relève après vous, et c'est justement ce qu'elles souhaitent.
  - Où voulez-vous en venir ?
  - Lors de notre première attaque il y a vingt ans, notre but n'était pas de vous tuer. Nous savions que vous seriez trop fort pour nous malgré nos dons. Nous avions une autre stratégie.

Son regard se posa sur moi sans que je puisse comprendre.

  - Vos domestiques n'ont pas su protéger votre enfant, nous les avons rattrapés.
  - Oui mais notre soldat l'a retrouvé.
  - C'est ce que vous pensiez, mais Thëis s'était épris de l'une des nôtres. Il nous a aidé à échanger votre enfant contre une enchanteresse qui venait de naître elle aussi, pour que nous puissions voler Eaduria le jour de son couronnement.

Mon cœur semblait ne plus battre, un silence pesant prit place dans lequel seuls les bruits des gardes tentant d'enfoncer la porte se faisaient entendre. Mon regard se dirigea vers la reine, qui semblait en état de choc.

  - Ne la crois pas, elle ment c'est évident ! Je suis ta fille !
  - Réfléchissez Diana, pourquoi nous nous serions enfuis juste après que vous ayez récupéré l'enfant ? La vôtre est chez nous, emprisonnée depuis des années. Nakoa n'est pas de votre sang, c'est ma sœur.
  - Tais-toi ! Je ne fais pas partie de ta famille, c'est une tactique pour nous duper ! Mère je t'en prie, ne tombe pas dedans ! 
  - Si je voulais votre mort, je l'aurais emportée depuis longtemps. Je veux seulement que cette guerre cesse, et pouvoir récupérer ma sœur.
  - Toutes...toutes ces années....

Elle se tenait au mur, comme pour encaisser le choc. Lorsque son regard se posa sur moi, toute affection semblait s'être dissipée. Et je ne pus contenir ma rage. Toutes ces leçons apprises depuis mon enfance, ma destinée, mon éducation, tout ça pour rien ? Non, ce n'était pas possible, pas après tous les efforts que j'avais fait.

  - Tu crois à ce qu'elle dit...
  - Tout me paraît si clair soudainement, tu ne m'as jamais ressemblé, ni à moi ni à Rory.
  - Arrête ! Maman je suis ta fille !
  - Ne m'appelle plus ainsi.

Son regard était froid, distant. Comment pouvait-elle faire preuve d'aussi peu d'empathie envers moi ? Il suffisait donc d'une minute pour qu'elle refuse tout amour pour moi ? Je serrai fortement mon épée entre mes mains en le constatant, j'ai été élevée dans le but d'être la reine d'Eaduria. Et je ne voulais laisser personne se mettre en travers de ma route. Je fus comme guidée par la colère, et mon arme se retrouva plantée dans son ventre. Ses yeux passèrent de la haine à la tristesse. L'ennemi tenta de m'attaquer pour la défendre mais un seul coup de pied suffit à la faire tomber et lâcher son arme qui glissa hors de sa portée. Je retira la lame et la changea de cible pour lui ôter la vie.

Je me retrouvais seule, avec deux cadavres. Je réalisais seulement ce que je venais de faire et me laissais tomber auprès de la reine. Son sang s'écoulait jusqu'à imprégner le sol et le tapis. Mes mains se posèrent sur sa plaie en tentant d'arrêter le sang qui dégoulinait mais son pouls ne répondait déjà plus. Ses yeux restèrent ouverts, semblant me regarder avec le même air triste et trahit.

Je revois ce même visage chez cette inconnue. Elle et moi n'avons rien à voir et pourtant. Je lui ai pris sa place. Mais c'est moi la reine d'Eaduria, et personne ne peut se mettre en travers de ma destinée. Je brandis mon épée et casse d'un coup sec la porte en bois, la jeune fille recule par peur en lâchant un cri. Je répète mon mouvement mais une flèche vient se diriger dans mon bras, heureusement une de mes armures a empêché une blessure profonde. Je tourne la tête vers la tireuse qui reprend une de ses flèches, la prisonnière en profite pour s'enfuir et je tente de lui courir après mais une énième flèche vient cette fois toucher ma jambe, cette fois-ci un peu plus gravement.

  - Ma reine ! Les enchanteresses reprennent le dessus, nous avons perdu des soldats.
  - Mais...

Je regarde autour de moi, celle que je voulais à disparue et nous sommes en train de perdre. Je déteste l'idée mais nous n'avons pas le choix.

  - Battons en retraite.

D'un signe de la main, les soldats se réunissent et nous retrouvons rapidement les montures utilisées plus tôt. Nous laissons leur campement en ruine, c'est déjà une bonne chose. Mais nous partons perdant, et maintenant j'ai l'héritière de sang qui se balade dans la nature et qui pourrait réclamer son trône d'un jour à l'autre.

Eaduria TOME 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant