Eaduria TOME 1

Chapitre 44

Point de vue: Nakoa.

J'ai passé des jours entiers sur les ruines de Sira à apprendre méticuleusement les sorts les plus puissants. Passant par manipuler le corps de l'adversaire pour que son cœur cesse de battre par la simple prononciation de quelques mots jusqu'à rendre aveugle. Maintenant que je me sens prête à faire mon retour, il me faut une armée. Histoire de mettre toutes les chances de mon côté. Je me rends de nouveau sur la montagne où Tatianna avait fini par quitter les lieux, pour me restaurer et me reposer un léger temps. Lorsque j'en ai fini, je me prépare pour sortir mais je tombe nez à nez avec un wyverne. L'animal hurle devant moi et tente de m'attaquer mais je murmure jusqu'à l'avoir facilement sous mon emprise. Il se calme et je viens le caresser avec douceur quand une idée me vient à l'esprit.

Je me demande combien de créatures je suis capable d'hypnotiser en même temps que les humains. Avec eux dans mes rangs il leur serait impossible de me vaincre. Je monte sur l'animal et le fait quitter son groupe pour me faire survoler Eaduria. D'en haut je peux facilement me repérer et voir les différents villages aux alentours. Je finis par me poser sur l'un appartenant à Epiniel. Je libère ma monture et me faufile parmi les villageois. Sans ma cape c'est beaucoup plus difficile. Je cherche donc dans un premier temps un autre chaperon en guise de déguisement. J'arrive à en trouver un de couleur vert sombre. Je le prends discrètement et l'enfile avant de me diriger vers les autres étalages de nourriture. Je me saisis de mon sac et commence à prendre des fruits pour refaire mon stock mais une main agrippe violemment mon poignet.

  - Que crois-tu faire ?!

Je redresse la tête et croise le regard du vendeur qui comprend qui je suis.

  - Tu..vous...

Avant qu'il ne puisse finir sa phrase, je murmure une énième fois et son état devient beaucoup plus calme. Visiblement les villages des autres royaumes n'ont pas eu de protection. Ce qui me donne également une idée. Je pourrais facilement les utiliser pour créer mon armée. Je commence donc petit à petit à chuchoter à l'oreille de chacun des habitants. Au bout d'un certain temps, plus de la moitié semble m'obéir mais je commence à me sentir faible. Ils sont plus nombreux que la première fois, visiblement j'atteins ma limite. Mais ce n'est pas assez face aux soldats d'Eaduria. J'ordonne à ce qu'on m'abrite et me fasse couler un bain, cela fait plusieurs jours que je n'ai pas pu me laver et ça me ferait un bien fou. Après un moment, on m'appelle et je remarque avec stupeur qu'ils font simplement chauffer de l'eau dans une bassine trop petite pour se tenir allongé. N'ayant pas le choix, je me déshabille et m'assois dedans en commençant à me laver avec ce qu'ils avaient. Je n'avais pas remarqué que leur confort est vraiment limité comparé à celui des familles royales. Quand je serais reine de nouveau je changerais ça.

Je profite un moment de l'eau pendant que mes nouveaux soldats viennent nettoyer mes guenilles. Peut être qu'avec de l'entraînement je pourrais élargir ma limite au village entier. Cela m'aiderait pour reprendre le pouvoir, mais il faut que je me fasse discrète. Si un des villageois remarque que les autres se comportent bizarrement ils donneront sûrement l'alerte.

L'eau devenant froide, je sors donc et enfile une robe prêtée en attendant que mes affaires soient sèches. J'emprunte ensuite un lit malgré le peu de confort mais comparé au sol dur et froid de la grotte je ne vais pas me plaindre. Je n'arrête pas de réfléchir à un plan pour attaquer, par les airs avec les wyvernes ? Cela pourrait marcher avec l'effet de surprise mais ces animaux ne pourront pas me suivre à l'intérieur des murs. Les villageois n'ont aucune expérience du combat et perdront facilement face aux soldats. Mais vu qu'il s'agit des habitants d'Epiniel ils ne voudront pas les tuer de peur de déclencher une guerre, cela me donne un avantage. Il faut surtout que je récupère mon épée. Tout ça me semble compliqué et peine perdue mais je ne me vois pas faire autrement. Ne trouvant pas le sommeil et ayant peur que celui-ci brise le lien avec les villageois, je finis par me lever et regarder dans leurs affaires. Je tombe sur une carte du monde et l'examine avec attention. Si j'arrive à étendre mon pouvoir je pourrais manipuler tous les villageois de tous les villages ainsi que les créatures. Avec un tel nombre je ne peux que gagner.

Je me tiens la tête en sentant une migraine me venir, peut être que je risque ma vie en faisant ça. Mais après tout, sans la couronne, celle-ci ne rime à rien. Je n'ai aucun but, aucun rêve, tout ce que je sais faire c'est régner. Et il faut surtout que je me mette dans la tête que la mort d'Alaric est inévitable pour réussir. Je soupire longuement avant d'observer la famille qui m'avait accueillie. Ils n'ont rien, pas d'argent ni d'objet de valeur, pas de territoire ni autre. Et pourtant ils semblent heureux. Je me demande si cela aurait été la même chose s'ils avaient vécu dans une famille royale. Après tout, ils n'ont pas de richesses mais ne connaissent pas la pression d'avoir des vies entre leurs mains ou de devoir négocier avec l'ennemi. Ou encore de mettre ses valeurs et ses émotions de côté pour marier une personne qu'on n'apprécie pas forcément.

Quand j'y pense, il y a beaucoup de points négatifs à être reine ou roi. Ma vie aurait sûrement été plus saine et heureuse si les enchanteresses ne m'avaient pas échangée avec la princesse. Je regrette un peu de ne pas avoir cherché mes véritables parents.
Car j'aurais voulu savoir pourquoi, pourquoi m'avoir abandonné pour un plan aussi stupide et ignoble. Entendre leurs raisons, leurs excuses. Pour que je puisse également dire tout ce que ca m'a fait de découvrir ça, tout ce que j'ai subi en tant que princesse. Mais bon, la vie est ainsi faite et je ne peux rien changer. Maintenant je suis liée à la couronne que je le veuille ou non.