Chapitre 29

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Point de vue: Alaric.

La route me semble interminable, je suis tellement loin du château et je ne les ai toujours pas retrouvés. Heureusement que je suis guidé sinon j'aurais confondu tous les arbres autour de moi et je serais sûrement mort de soif tout seul ici.

Soudainement, toutes les lumières qui créent un chemin s'éteignent. Les fées semblent avoir repris leur forme et pourtant rien ne semble ressembler à une grotte dans les environs. Je me demande pourquoi elles m'abandonnent tout d'un coup mais c'est un grognement qui répond à ma question. Je me retourne lentement en serrant fermement les rênes de ma monture avant de faire face à un scourp. Cet animal est connu pour être dangereux dû à sa taille moyenne, ses crocs affûtés et sa queue piquante étant mortelle. Il me grogne dessus et je devine rapidement que je suis allé sur son territoire. Impossible de le combattre je me ferai tuer rapidement, ne pas bouger ne m'aidera pas bien longtemps. Il faut que je fuis. D'un coup sec sur les rênes, j'ordonne à mon cheval de partir au galop. Il s'exécute et nous traversons la forêt mais l'animal nous poursuit à grande vitesse, sa queue se redresse et vient piquer de son bout la jambe de ma monture. Nous nous retrouvons à terre, mon compagnon ayant déjà rendu l'âme sur le sol. Notre agresseur me saute dessus mais j'arrive à esquiver, je prends rapidement ma dague et viens le blesser en lui plantant dans l'une des pattes avant me donnant l'occasion de fuir. Mais je sais bien que même handicapé celui-ci finira par me rattraper. J'arrive à un buisson de ronces et m'y glisse rapidement, quitte à me blesser. Le scourp arrive à ma hauteur et tente de me mordre mais l'un des pics venant des branches le blesse au museau, le faisant reculer. Par chance il ne peut pas m'atteindre maintenant mais je me retrouve coincé, sans issue.

L'animal tourne en rond en reniflant pour tenter de m'atteindre mais il finit par se désister et à rebrousser chemin. Ayant peur qu'il revienne je reste un moment ainsi, silencieux. Pendant un court instant je réalise que je viens de perdre mon cheval mais je ne m'autorise pas le droit de me morfondre. Si je baisse ma garde maintenant ça sera la fin pour moi.
Après ce qu'il me semble être une éternité, je finis par sortir des ronces. Ma tenue étant épaisse exprès pour résister à ce genre de scène, m'empêche d'être blessé gravement. J'hérite seulement de quelques griffures aux mains et sur une de mes joues.

Mes amies scintillantes se réveillent enfin et semblent recommencer à me guider, signe que mon agresseur était bel et bien parti. Je soupire longuement en comprenant que je devais continuer le chemin à pied. Cela me paraissait déjà long mais alors là j'imagine le pire. Mais je finis par les suivre en marchant tranquillement. J'aurais dû rester au château, Nakoa avait raison je ne suis pas apte à me battre ou à affronter ce genre de choses. J'aurais encore pu mourir avec cet animal et personne n'aurait jamais retrouvé mon corps. À cause de moi mon cheval a perdu la vie, cela peut sembler bête pourtant rien que cette idée me donne les larmes aux yeux. Il n'avait rien demandé et avait vécu toute sa vie à mon service et voilà comment je le remercie. Je me sens tellement honteux c'est un sentiment horrible dont je ne me débarrasserais jamais.

Brusquement, les lumières disparaissent de nouveau. J'entends les branches se briser sous un poids et par réflexe je commence à escalader un arbre. De ce que j'ai appris sur cet animal dans les livres, c'est qu'il ne sait pas grimper. Alors autant me mettre en sûreté. Et je fais bien car une fois sur une des branches solide je remarque que le scourp est bien là. Reniflant ma piste sûrement pour me trouver. Je reste silencieux ne voulant pas l'attirer mais un souffle chaud sur ma nuque me fait frémir d'effroi. Je n'ose pas me retourner, je ne sais pas ce que c'est mais je sens déjà mon corps se raidir et accepter son sort. Mon cœur semble s'arrêter lorsque la chose bondit de l'arbre, me frôlant pour attaquer l'animal sous moi. En reprenant mes esprits je constate un combat entre le canidé et un vouivre. Le serpent géant ailé gagne facilement et le fait fuir ce qui fait de nouveau apparaître mes amies. Il se tourne vers moi mais un sentiment bizarre me fait comprendre que je n'ai rien à craindre. Je descends de ma cachette et fais face à la bête qui doit faire au moins trois têtes de plus que moi. En l'examinant, je réalise qu'une flèche était plantée dans une de ses ailes, sûrement une ayant raté sa cible. Je m'avance avec prudence, son grognement me faisant reculer par réflexe. Cependant je recommence en étant plus doux, venant retirer la flèche d'un coup sec ce qui lui fait échapper un cri de douleur. Il se laisse ensuite retomber sur le sol, restant tout de même plus grand que moi et me tend sa tête comme remerciement. Je viens le caresser avec douceur ne réalisant pas vraiment ce qui est en train de se passer.

- Euh...de rien...

Il semble apprécié et je prends plus de temps pour l'admirer de plus près, sa peau est assez étrange à toucher, ses écailles sont sèches et ses ailes semblent plus douces. Je me tourne ensuite vers le chemin encore lumineux et me sépare de l'animal pour continuer ma route. Je remarque avec surprise que celui-ci me suit, après tout si je peux avoir une protection ça ne me dérange pas. Nous sortons de la forêt et poursuivons notre chemin entre les montagnes de Fesmao, ce qui me fait retrouver espoir car nous sommes proches du but. Et je soupire de soulagement en voyant tous les chevaux des soldats présents au bord de la falaise. Mais aucun d'entre eux n'est là. Je regarde la mer mais aucune trace non plus et le pont est détruit. Pendant un instant je panique en pensant qu'il leur est arrivé malheur mais j'aperçois des wyvernes sur l'île d'en face qui sont attachées à des arbres. Ils auraient quand même pas pu les monter...Si ?
Je me tourne vers mon nouvel ami qui regarde vers l'horizon avant de se tourner vers moi, s'allongeant comme pour m'indiquer de monter. J'hésite un moment, la traversée ne semble pas vraiment sécurisée mais je n'ai pas d'autres choix maintenant que je sais qu'ils sont là. Je n'ai pas fait tout ce chemin pour rien. Je monte donc sur son dos et m'accroche à son cou de toutes mes forces avant qu'il ne batte des ailes et ne se jette dans le vide. Je n'ose pas regarder en bas et lui fait pleinement confiance pour atterrir en toute sécurité. Ce qu'il fait.

Je descends ensuite et il ne semble pas vraiment à l'aise auprès de ses compagnons d'une autre espèce. Pourtant il me semble qu'ils ont un ancêtre en commun mais les wyvernes sont des animaux qui sont toujours en groupe comparé aux vouivres qui sont solitaires. Je caresse donc son cou pour lui faire comprendre qu'il peut partir et que je le remercie. Il semble me comprendre puisqu'il s'envole juste après. Une nouvelle fois un bruit de buissons et de branches se fait entendre mais je brandis ma dague directement. Ne me dites pas qu'il y a aussi des scourps ici !

Mais à mon grand plaisir j'aperçois Agnar, me regardant avec surprise et bonheur. Il se rue vers moi et me prend directement dans ses bras. Sous le choc je mets du temps avant de lui rendre son étreinte.

- Qu'est ce que tu fais là...
- Je voulais m'assurer que toi et Nakoa alliez bien...

Il respire fortement contre mon cou ce qui me fait frissonner. Je caresse un moment ses cheveux en me demandant ce qui lui arrive.

- Quelque chose s'est passé...?
- On...on a perdu un camarade...
- Quoi ?! Je..je suis désolé...

Il se redresse lentement et je vois bien qu'il lutte pour rester neutre.

- Je devrais te ramener à ta sœur. Peut être que tu la feras revenir à la raison.
- J'ai tellement de choses à vous raconter mais oui, je suis venu pour ça ne t'inquiète pas.

Il m'examine un moment et viens caresser ma joue avec douceur là où se trouvait mes égratignures.

- Qu'est ce qui t'est arrivé...?
- Je te raconterais plus tard, conduis-moi à Nakoa s'il te plaît.

Il retire lentement sa main et hoche la tête en me guidant vers la fameuse grotte où Nakoa attendait patiemment devant.

Eaduria TOME 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant