Chapitre 38

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Point de vue: Nakoa.

Mon sens de l'orientation semble avoir disparu depuis peu, puisque au lieu de tomber sur le repère des enchanteresses je suis arrivé au village le plus éloigné du château d'Eaduria.

C'est sûrement ma faim qui m'a guidée jusqu'ici, attirée par l'odeur de la cuisine des habitants. Je range mon épée dans son étui et me glisse entre les murs pour voler une tenue plus confortable et discrète. Je n'ai pas l'habitude des habits de villageois mais par chance ce village est celui qui confectionne les vêtements les plus qualitatifs. Je me retrouve avec une robe simple et une cape couvrant ma tête et mon corps de couleur gris clair. Me permettant de me faufiler entre les habitants et de voler quelques provisions pour me restaurer en plus de médicaments pour soigner ma main. L'attention générale est portée sur les gardes du château accompagnés de leurs chevaux qui venaient d'arriver. Ils savent déjà où je suis ?!

- Chers villageois, nous avons un communiqué de la part de la famille royale.
Commence le premier.
- Votre reine Nakoa, n'est en réalité pas l'héritière légitime du trône. C'est une enchanteresse qui a abusé de notre confiance à tous. C'est donc le prince Alaric qui reprendra la couronne ce soir, avant le coucher du soleil.

Ils se mettent tous à parler entre eux tandis que la colère s'empare de moi. À peine suis-je partie qu'il prend déjà ma place ?! Quel hypocrite ! Je n'arrive pas à croire qu'après avoir dit qu'il ne voulait pas du trône, il le saisit sans hésiter !

- Mais..excusez moi mais ça veut dire que Nakoa est dehors et peut nous attaquer ?
Demande un villageois.
- Nous allons vous donner des protections contre les pouvoirs des enchanteresses, nous n'avons pas pu avant par manque d'ingrédients. L'ancienne reine n'a aucune raison de s'en prendre à vous, c'est simplement par sécurité.

Ils se mettent à distribuer les caches oreilles et je tire une des femmes dans la foule pour la plaquer contre le mur avant de murmurer un sort pour qu'elle m'obéisse. En quelques secondes elle succombe et attend après mes ordres. J'attends patiemment que les soldats se retirent avant d'ordonner à ma nouvelle servante d'inciter les autres à retirer leurs protections. Ce fût long mais au cours de la nuit j'arrive à prendre possession de chacun des citoyens du village. Ma haine grandit à chaque seconde et je compte bien la faire exploser. Une fois mon armée remplie nous partons tous ensemble en expédition pour trouver la cachette des enchanteresses. La fatigue veut l'emporter mais je lutte pour rester consciente. Après des heures à marcher dans le noir je tombe enfin sur quelques lumières venant de flammes et je me rends compte que nos recherches ont portées leurs fruits. Elles semblent être endormies bien que certaines montent la garde. C'est le moment idéal.

Ne voulant pas non plus perdre la bataille, je les guide jusqu'à leurs armes, principalement des dagues. Ils s'en emparent discrètement avant que je donne le signal pour attaquer. Rapidement celles étant réveillées hurlent pour prévenir les autres et le combat commence. Pour la première fois, elles font face à ce que peuvent produire leurs propres dons, et guidée par ma haine je ne leur laisse aucun répit. Utilisant mon arme pour toucher chaque personne sur mon passage, les tuant quelques minutes plus tard. Les villageois attaquent avec ardeur leurs ennemis toujours sous mon emprise. Peu à peu les enchanteresses sortent toutes de leurs tentes et celle ayant révélé à Alaric mon secret fait enfin surface devant moi.

- Comme on se retrouve.
- Nakoa...tu perds l'esprit arrête cette folie.
- J'ai perdu beaucoup de choses, principalement par votre faute mais certainement pas mon esprit.

Je brandis mon épée vers elle tandis qu'elle sort sa dague.

- Ton peuple est en train de mourir, tu les fait courir à leur perte.
- Je m'en fiche, vous partirez avec eux.

J'attaque ensuite la première, la blonde esquive et tente de me toucher mais je pare son coup avec l'épée malgré la douleur que cela inflige dû à ma blessure encore récente. Notre duel est endiablé et nous mettons toutes les deux toutes nos forces pour vaincre notre adversaire. Autour de nous la guerre fait rage et nous entendons plus que les cris de douleur et les bruits stridents des lames qui s'entrechoquent. Lors d'une attaque je finis par toucher son bras, ayant simplement égratigné sa peau à travers sa tenue. Je souris, victorieuse mais elle ne semble pas comprendre puisqu'elle reprend le combat de plus belle. Après quelques secondes elle se met à tituber avant de s'écrouler sur le sol. Sa main vient se poser sur sa blessure comme pour vérifier que celle-ci n'était pas si grave.

- Qu'...qu'as tu fais...?!

Je m'agenouille pour rapprocher ma tête de la sienne, gardant l'épée debout avec le manche comme appuie.

- J'ai gagné.

Elle tourne ensuite les yeux pour regarder autour d'elle. Les enchanteresses sont finies. Les villageois sont nombreux à avoir été tués mais j'avais déjà touché la plupart, réduisant à néant leur existence.

- Bientôt votre espèce ne sera plus qu'un mythe qu'on raconte pour effrayer les enfants.
- Tu..tu es des nôtres...
- Nan, je ne l'ai jamais été. Je suis la reine d'Eaduria. Voilà ce que je suis.

Ses yeux me regardent, inspectant mon visage comme pour observer sa déception et sa défaite avant que son cœur ne cesse de battre. Je me redresse pour admirer le spectacle et contemple avec joie les corps sans vie de nos ennemis. Ça y est, j'ai enfin gagné. Seuls quelques habitants ont survécu mais c'était des pertes tragiquement utiles. Si les soldats ne m'avaient pas tourné le dos je n'aurais pas eu à faire cela. Mais maintenant Eaduria ne craint plus rien, plus aucune enchanteresse ne pourra l'attaquer.

J'ai réussi, alors pourquoi je ne me sens pas mieux ? Le poids sur mon cœur est toujours là et ma colère ne s'est pas calmée non plus. Je ne comprends pas, la source de tous mes problèmes est pourtant morte jusqu'à la racine. Je m'assois un moment sur une des pierres présente, reprenant mon souffle comme s'il avait été retenu depuis plusieurs semaines. Pourquoi je ne me sens pas mieux ?! Je devrais ! C'est illogique !

Par frustration, je hurle et jette au sol l'épée en me relevant. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. C'est comme si tout s'effondrait, peut-être suis-je vraiment en train de perdre la tête.

Eaduria TOME 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant