Eaduria TOME 1

Chapitre 28

Point de vue: Nakoa.

Le chemin se fait long et mes soldats commencent à fatiguer. Nous sommes partis tôt ce matin quand le soleil n'était pas encore levé et nous sommes à peine à notre destination. Moi aussi je fatigue mais je préfère ne pas laisser de signes pour ne pas les décourager davantage.

La motivation me revient lorsque nous arrivons enfin au bord de la falaise, là où la mer sépare la terre de l'île. Mais nous constatons avec désespoir que le pont liant les deux avait été détruit, au vu du carnage, depuis plusieurs années. Ils poussent des soupirs déçus et fatigués et je les laisse prendre une pause afin de réfléchir.

- On doit rebrousser chemin ma reine, il est impossible de traverser.
- Non, on a pas fait tout ce trajet pour rien je refuse de repartir sans avoir essayé.

Je regarde autour de nous où de nombreuses montagnes se trouvent. L'île est trop loin pour sauter ou s'accrocher à une corde et la mer est trop agitée pour traverser en bateaux. Tout semble perdu lorsque j'entends des cris d'animaux assez graves et semblant proches. Mes yeux cherchent d'où viennent ces bruits et je finis par tomber sur des wyvernes. Ces dragons majestueux sont dotés de seulement deux pattes comparé à leurs cousins. Il semble avoir un nid dans une des montagnes car ils font sans cesse des allers retours vers l'une d'entre elles. Une idée me vient soudainement.

- On pourrait chevaucher les wyvernes pour traverser.

Ils me regardent tous avec surprise et jugeant sûrement mes dires. Agnar se lève pour prendre la parole.

- C'est une mauvaise idée, personne n'a jamais monté ces créatures tellement elles sont indomptables. On se ferait tuer avant même de monter dessus.
- C'est parce que personne n'est moi.

Je me rends vers nos montures et fouille dans nos sacs pour y sortir une corde.

- Il faut qu'on essaye c'est le seul moyen de pouvoir traverser.

Ils se regardent tous, ils semblent douter mais leur loyauté les oblige à m'obéir. Ils se saisissent de leurs cordes et nous commençons à grimper sur la montagne où les créatures avaient trouvé refuge. Lorsqu'elles nous voient arriver, celles-ci s'affolent et tentent de nous faire partir en hurlant ou en battant des ailes pour nous pousser dans le vide. Heureusement ces animaux sont plus petits que leurs camarades dragons ce qui nous permet d'esquiver. Quelques gardes se retrouvent au sol et plusieurs wyvernes se mettent à sortir de leur cachette. Je me glisse entre les pattes du premier pour atteindre les fuyards et leur courir après. Laissant les soldats s'occuper des autres. J'arrive à sauter sur le dos d'une d'entre elles mais d'un coup d'aile elle me fait valser et tomber proche du vide. Agnar arrive à temps pour me rattraper et m'empêcher de faire une chute mortelle. Après un long acharnement, nous arrivons enfin à capturer une des créatures mais celle-ci reste toujours autant combative, nous empêchant de la monter.

- C'est peine perdu on arrivera jamais à les dompter !

Je reste silencieuse face aux dires d'un des hommes. Soudainement un des sorts de la prisonnière me revient en mémoire et je me demande si celui-ci marcherait sur un animal comme l'wyverne. Étant donné qu'elle m'a dit que ce don pouvait être utilisé sur les animaux plus gros.

- Laissez-moi faire, essayez plutôt d'en capturer d'autres.

Ils ne comprennent pas et l'attachent quand même à un rocher avant de tenter d'en piéger d'autres. Je prends garde à ce que personne ne me regarde ou m'entende et je viens murmurer à l'oreille de la bête allongée sur le sol dû aux liens qui la retiennent. Rapidement, ses gestes se calment et elle semble être plus tranquille. Je prends le risque en la détachant et comme je l'espérais, aucune fugue. Lorsqu'ils reviennent sans avoir accompli leur tâche, ils semblent tous émerveillés en me voyant caresser l'animal comme si de rien n'était.

- Mais...comment avez vous...?
- Vous n'êtes juste pas doué, Agnar prend celui-là et monte avec deux autres soldats il y à la place. Je m'occupe de dresser les autres.
- Bien majesté.

Le brun s'exécute tandis que je me rends vers l'entrée de leur nid, plusieurs mâles barrent l'entrée mais je n'ai maintenant aucune difficulté à les faire obéir. Nous avons enfin de quoi traverser.

Lorsque chacun a assez de place pour monter, nous utilisons les liens que nous avons pour bricoler des rênes pour les wyvernes. Je me mets en première position et donne l'ordre de traverser. Le vol est dangereux vu que ces créatures ne sont pas habituées à avoir du poids sur elles ce qui rend leur trajectoire bancale. Les soldats me suivent et lorsque je me pose enfin je me tourne vers eux qui n'avaient pas encore fini leur traversée.
Une vague vient soudainement frapper la falaise violemment et assez proche, pris par la panique une des montures s'affole et un des soldats tombe à l'eau. Agnar arrête sa course pour le regarder mais il est proche de l'île, faire demi tour reviendrait à perdre du temps et risquerait la vie de personnes en plus.

- Continue ton chemin !

J'ordonne fermement. Il tourne son regard vers moi et comme les autres, il exprime un air révolté par cet ordre. Il semble même hésitant à me désobéir mais une des vagues vient emporter le soldat tombé, lui laissant plus que le choix de suivre la route. Il se pose après quelques minutes et ne m'adresse même pas un regard.

- Tu n'avais pas le choix, les vagues étaient trop violentes pour tenter un sauvetage tu aurais perdu la vie.
- J'aurais pu avoir le temps si vous ne m'aviez pas ordonné de ne pas le faire. Nous devons récupérer son corps.
- Non, ça serait risquer sa vie pour rien et nous n'avons pas le temps non plus.
- Sa famille a besoin de faire son deuil !
- Ils peuvent le faire sans son cadavre.

Ses yeux marrons affichent un regard énervé et déçu. Mais je me fiche de ce qu'ils peuvent penser. Oui c'est triste et regrettable mais ce n'est pas le moment de perdre plus de monde.
Ignorant leur visage désapprobateur, je me dirige enfin vers la grotte que nous cherchions depuis ce matin. J'espère que ce n'est pas une légende et que nous trouverons vraiment cette épée miraculeuse.

Sinon ça me fera un mort de plus sur la conscience.