Eaduria TOME 1

Chapitre 34

Point de vue: Nakoa.

D'un coup d'épée je blesse les premières personnes devant moi, les écartant de mon passage. Les soldats se ruent vers nos ennemis pour les combattre tandis que Agnar arrive à attraper Alaric pour le ramener auprès de nous. Rapidement je brandis mon arme et combats la femme se tenant près de lui.

- STOP ! ARRÊTEZ JE VOUS EN PRIE !

Hurle t-il, sûrement déjà hypnotisé. La femme pare mes attaques avec sa dague mais fatigue rapidement sûrement dû à son âge. Je continue de soulever ma lame et certaines des leurs tentent même d'utiliser leur don sur moi. En vain car même sans mes protections, le fait que nous soyons de la même race les empêche de me contrôler. D'un coup sec et puissant la blonde se retrouve sur le sol, désarmée. Avant que je ne puisse terminer le travail, une femme vient aggriper mes bras pour m'empêcher de réaliser mon coup fatal. Je me fige en la voyant, la vraie héritière d'Eaduria. Son regard est tellement ressemblant à celui de Diana. Cela me perd à chaque fois.

L'enchanteresse en profite pour s'enfuir et je pousse d'un coup de pied la femme aux cheveux châtains devant moi, la faisant lâcher mes bras. Comme si la scène se répétait, je vois en elle celle qui m'a éduquée et reniée. Comme si je n'étais rien. Je dresse mon épée et tente de la combattre elle aussi malgré le fait qu'elle soit désarmée. Elle seule peut encore détruire tout ce que j'ai construit, il faut que j'en finisse.

Alaric continue de hurler en me suppliant d'arrêter mais reste retenu par Agnar qui pense sûrement comme moi qu'il est sous emprise. Dû à son manque d'armes et de cours de combat, la vraie fille de Diana se retrouve rapidement au sol. Ma lame devant sa gorge.

  - Ne fait pas ça, tu n'es pas obligée.
  - Comme si j'allais te croire. Tout ce que tu veux c'est récupérer ton trône.

Dis-je en étant assez éloignée pour que personne ne nous entende.

  - Je me fiche de ça, tout ce que je veux c'est vivre libre. J'ai vécu toute ma vie dans une cage et la seule fois où on me libère je devrais me retrouver en tête d'un royaume ? Ce rôle je te le laisse, je veux juste être libre...

Son regard fait peine à voir. Si tu avais été éduquée comme moi tu serais une honte pour ta mère. J'aimerai te croire, mais je ne peux me permettre de tout gâcher ainsi.
D'un geste rapide et brutal, j'enfonce mon épée dans sa gorge. Un cri strident et douloureux se fait entendre et je comprends que cela vient d'Alaric. Lorsque je me tourne vers lui, il n'est pas blessé. Mais fond en larme jusqu'à se retrouver à genoux sur le sol. Et je comprends enfin. Alaric n'est pas hypnotisé, il sait. Tout simplement.

Les soldats semblent perdre le combat et je leur fait signe de se replier, nous fuyons avec le prince toujours dans les bras d'Agnar. Lorsque nous sommes assez loin du camp, celui-ci se débat et le soldat le relâche enfin. Il continue de pleurer en marchant rapidement vers le château. Il sait, j'en suis persuadée.
Je m'avance jusqu'à lui en rangeant mon épée dans son étui.

  - Qu'est ce que tu as ?

Il ne répond pas.

  - Elles t'ont enlevé, nous n'allions pas te laisser là bas sans combattre.

Il ne dit toujours rien et ne veut même pas m'adresser un regard. Tous les soldats ne comprennent pas ce qui se passe mais moi je le sais très bien.

Nous marchons ensuite jusqu'au château, Alaric se ruant vers sa chambre et s'enfermant à l'intérieur. J'ai beau essayer d'ouvrir la porte rien n'y fait.

  - Alaric ! Ouvre cette porte il faut qu'on parle.

Toujours pas de réponse. Je finis par abandonner en me rendant moi aussi dans mes appartements. Cette fois ça y est, il est au courant et me renie comme Diana. J'aurais dû me douter que cela arriverait. Si seulement Agnar ne l'avait pas laissé y aller on en serait pas là.

Je devrais me réjouir que la vraie héritière est morte et ne peut plus me voler le trône, mais je n'y arrive pas. Le fait qu'il sache ruine tout. Et s'il dévoilait la vérité à tout le monde ? Même si je sais qu'il ne veut pas devenir roi, serait-il capable de le faire ?

Je tourne en rond dans ma chambre en tentant de trouver une solution mais rien n'y fait, je suis piégée. J'espère au fond de moi me faire des idées et qu'il ne sache rien, qu'il soit juste triste que j'ai tué une fille désarmée sans pitié. Mais j'ai peu d'espoir. Je ne vois aucun moyen de m'en sortir cette fois.
Il faut que je trouve un plan de dernier recours, qu'est ce que je ferais si je venais à perdre mon rôle ? Je ne sais même pas. Toute ma vie a été faite pour que je sois un jour la reine, tellement que maintenant je ne sais pas ce que je suis sans le trône. Et ce que je pourrais faire d'autre. Ma vie tourne autour d'Eaduria depuis que je suis enfant, comment pourrais-je faire autrement ?

Rapidement, je fouille dans le carnet un sort qui pourrait empêcher Alaric de tout révéler, qui pourrait lui faire oublier ce qu'il a entendu la bas. Mais aucun n'existe pour faire perdre la mémoire. Nous sommes donc capable de faire plier tout le monde sous nos ordres mais pas d'oublier cinq minutes ?! Sous la colère, je balance le carnet contre le mur en poussant un cri de frustration. Si Alaric ne peut pas oublier, je vais devoir l'hypnotiser tous les jours pour qu'il ne révèle rien.
Je n'ai pas vraiment le choix si je veux garder mon rôle, soit je le mets sous mon emprise pour qu'il ne dise rien et que je garde mon poste.

Soit il connaîtra le même sort tragique que sa mère et Faye.