Eaduria TOME 1

Chapitre 25

Point de vue: Alaric.

J'ai beau retourner ça dans tous les sens, je n'arrive pas à comprendre ce que fait Nakoa avec le carnet des enchanteresses.

Lorsque j'essaie de discuter avec elle de l'attaque, elle esquive constamment le sujet en prétendant avoir des choses plus importantes à faire. Cette situation me fait mal car j'ai l'impression de perdre ma sœur et tout ça commence à me faire douter d'elle. Je pense au pire et n'arrive pas à me changer les idées.

Voulant en avoir le cœur net, je me mets à marcher jusqu'à la cellule de la prisonnière. Je passe la porte du cachot mais en m'approchant de la détenue je me fais arrêter par un des soldats.

- Désolé mon prince mais la reine m'interdit de vous laisser l'approcher.
- Quoi ? Mais...pourquoi ?
- Ce sont les ordres.

Et revoilà encore un acte suspect. J'aimerais croire que c'est pour ma propre sécurité mais j'en doute fort malheureusement. Énervé par ce refus, je me dirige donc vers la la salle de réunion où se trouvaient ma sœur avec Nathaniel et le chef des soldats.

- Qu'est ce que tu fais ? On est en pleine discussion.
- J'ai besoin de te parler en privé, c'est urgent.

Elle me regarde un moment avant de se tourner vers les deux hommes.

- Veuillez m'excusez.

Ils hochent la tête et se lèvent pour nous laisser seuls dans la pièce.

- Qu'est ce qui te prend au juste ?
- Pourquoi tu m'interdis l'accès à la prisonnière ?
- Je ne veux pas que tu te mettes en danger.
- Je n'y crois pas !

Elle hausse un sourcil face à mon ton soudainement autoritaire.

- Et tu penses quoi alors ?
- Je ne pense rien, je veux juste que tu me dises la vérité. Pourquoi as-tu un carnet d'enchanteresses ?

Elle se lève de sa chaise, me regardant avec un air énervé.

- Tu as fouillé dans ma chambre ?
- Ce n'est pas le sujet, tu esquive quand je te parles du jour où notre mère est morte. Tu m'interdis de parler à la prisonnière, Faye est partie soudainement et maintenant tu cache ce genre de livre. Mais bon sang qu'est ce qui t'arrive ?!

Son silence me fait prendre conscience de ma propre respiration s'étant accélérée. Je veux qu'elle m'explique, qu'elle me fasse voler en éclats mes soupçons sur elle et qu'on puisse redevenir proches comme avant.

- Cela ne te regarde pas.

Mon cœur se serre à sa phrase. Mon espoir de faire revivre notre relation passée vient de tomber à l'eau.

- Maintenant sors, j'ai plus urgent à gérer que tes petites crises.
- Tu ne m'avais jamais parlé comme ça avant...Tu étais toujours la première à me défendre lorsque les autres me traitaient de faible parce que je n'aime pas le combat. Tu me réconfortais lorsque l'orage grondait dehors, et tu ne me rabaissais pas comme tu le fais aujourd'hui. Je ne sais pas ce qu'il t'ai arrivé ce jour-là, mais je suppose que ma sœur est morte en même temps que ma mère.

Son silence et son regard fuyant ne me donnent pas plus envie de parler. Je finis par quitter la pièce en retenant mes larmes, ma gorge commençant à se serrer sous l'émotion. Il faut que je me fasse une raison, Nakoa n'est plus celle que j'ai connue. C'est une femme froide et distante qui a prit la place de l'enfant joyeuse, courageuse et protectrice envers moi. Je sors directement dans le jardin, me dirigeant vers le seul endroit qui ne semble pas surveillé pour être seul. Je respire un grand coup pour essayer de chasser ma frustration mais cela n'a pas l'air d'être efficace. Lorsque mes yeux encore larmoyants se tournent vers la forêt, je remarque le même scintillement qui me fait de l'œil depuis plusieurs jours. Mon cerveau semble avoir repris le dessus à ce moment-là sur mon cœur et me fait me diriger vers celui-ci. Une fois entre les arbres, les fées reprennent leurs apparences sous mes yeux encore admiratifs. Cette fois elles n'ont pas attendues que je sois vraiment enfoncé dans l'obscurité et à l'inverse de la dernière fois, elles s'alignent devant moi en gardant leur douce lumière. Je comprends rapidement qu'il s'agit d'un chemin tracé sûrement créé pour que je le suive. Je me mets à avancer mais la voix d'Agnar m'appelant fait une nouvelle fois fuir mes nouveaux amis.

- Agnar ! Bon sang tais toi !

Il entre également dans la forêt et me regarde sans comprendre.

- Tu viens de les faire fuir ! Sérieusement...
- C'est vrai ?! Mince excuse moi... Des domestiques t'ont vu en larmes je m'inquiétais, qu'est ce qui se passe ?

Après sa phrase c'est comme si mon état émotionnel reprenait soudainement. Je détourne le regard pour qu'il ne voit pas mon début de sanglots.

- J'ai essayé de parler avec Nakoa...Elle a été vraiment horrible avec moi...

Je n'arrive pas à contrôler ma voix qui se fait tremblante et de plus en plus aiguë.

- Elle...n'a même pas cherché à m'expliquer, elle me tient à l'écart de tout je ne l'a reconnais plus et je passe pour un enfant capricieux...
- Ne dit pas ça.

Il s'avance vers moi et caresse ma joue d'un revers de la main.

- Tu cherches simplement à savoir la vérité, je suis désolé que ça soit si tendu avec elle en ce moment.
- J'ai l'impression de la perdre...j'ai l'impression de me retrouver tout seul c'est horrible...
- Tu n'es pas seul, tu ne le seras jamais. Je serais toujours là pour toi.

Je redresse les yeux vers lui, admirant son sourire qui se fait réconfortant. Pour la première fois je fais le premier pas et viens le prendre contre moi malgré son armure me privant de la chaleur de son corps.

- Je peux juste...rester comme ça quelques minutes ?
- Autant que tu le voudras mon prince.

Il entoure mon corps de ses bras et je ferme les yeux pour écouter son cœur battre. Agnar ne semble jamais être troublé en ma présence mais je réalise que son cœur s'accélère pendant notre étreinte ce qui me vole un sourire. J'ai de la chance de l'avoir et j'ai tellement peur que lui aussi finisse par disparaître. Si c'était le cas je pense que je ne pourrais pas m'en remettre.