Chapitre 46

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Point de vue: Nakoa.

Il m'a fallu du temps pour apprendre et maîtriser ce don mais j'arrive peu à peu à former mon armée. Je passe de village en village et hypnotise tous ceux que je peux. Lorsque je sens que je suis faible je ralentis la cadence mais pour l'instant je sais que je peux mieux faire. J'arrive enfin vers le nouveau dans ma ligne de mire et m'approche du premier villageois afin de murmurer à son oreille. Mais à la place d'être sous mon emprise il affiche un air effrayé avant d'hurler.

- LA TRAITE D'EADURIA EST LA !

Je remarque que trop tard qu'il portait des protections. Alaric a sûrement envoyé il y a peu des cargaisons pour les habitants des autres royaumes. Je m'enfuis rapidement afin d'éviter que les soldats de Fesmao ne m'attrapent. Je retourne sur mon chemin en essayant de calmer ma colère. Avoir des habitants de ce royaume m'aurait avantagé avec leurs pouvoirs. Maintenant je me retrouve coincée, s'ils ont des bouchons les autres risquent d'en avoir eux aussi. A part si je me dirige vers le royaume d'Elist en espérant qu'ils ne soient pas encore fournis dû à la distance. Mais c'est un coup risqué, rien ne me dit que ça marchera. Je hurle de frustration tout en continuant de marcher entre les bois. Au bout d'un certain temps à taper des pieds sur la terre, je sens ma gorge s'irriter, me faisant tousser. J'espère que ce n'est pas un effet secondaire de mes hypnoses à répétitions. Peu à peu cela s'intensifie et je finis même par m'effondrer à quatres pattes. Je remarque plusieurs fleurs aux pétales blanches autour de moi et je réalise que cela pourrait en être la cause. Mon rythme cardiaque s'accélère et j'ai vraiment l'impression que ma vie va s'arrêter ici. Je reprends mes forces le plus possible pour me pousser à fuir cet endroit.

J'arrive à m'extirper des bois jusqu'à une rivière. J'en profite pour me passer de l'eau sur le visage et reprend mon souffle en sentant mes voies respiratoires se ressourcer. Mais en ouvrant les yeux devant moi, je constate que l'herbe ainsi que les arbres ont perdu leur couleur. Plus aucune plante n'est présente et je réalise que je suis à la frontière entre Sira et Terasmus. Il ne faut pas que je reste ici, il manquerait plus qu'eux aussi savent pour moi et au vu de leur rancœur envers les enchanteresses je ne ferais pas long feu. Il n'y a pas grand chose qui m'effraie mais je peux dire sans honte que les goules font parties des rares choses qui me terrifient. Je ne les ai jamais vus à part en dessin dans les livres, mais cela suffit à me rendre apeurée. Je ne pensais pas m'être autant éloignée, je me relève rapidement et m'éloigne de la frontière pas à pas.

Heureusement pour moi, les citoyens de ce royaume ne sortent presque jamais maintenant. J'ai cru comprendre qu'ils ne se nourrissent plus que d'animaux ce qui ne leur suffit pas pour garder leurs forces.
De ce que je sais grâce aux livres du château, lorsqu'ils ne sont pas suffisamment restaurés leur peau reste bleue. Comparé à nous, leurs dents sont pointues pour mieux déchiqueter la peau et la viande de leurs victimes. Mais lorsqu'ils sont nourris de viande humaine, ils nous ressembleraient presque identiquement. Hormis leurs canines qui gardent leurs formes. Par le passé, aucune épée ne pouvait trancher la peau d'une goule. Ce qui les rendait impossibles à tuer. J'espère ne jamais avoir à faire à ce genre de créatures.

La fatigue commence lentement à prendre le dessus sur moi avec toutes ces émotions fortes. Je finis par rentrer au village en gardant la tête sous la cape et rejoins le petit habitat dans lequel j'ai trouvé refuge depuis quelque temps. Cela me permet de me laver régulièrement et de profiter d'un meilleur confort que dans la grotte. Et au moins je ne croise pas Tatianna. Une fois sur le matelas de paille et ayant retiré ma cape, je réfléchis plus clairement à mon futur plan. J'ai les wyvernes et plus de deux villages dans mon camp. Cela pourrait suffir à envahir le château, peut être que je n'ai pas besoin de retourner en quête de soldats en fin de compte. Cela m'arrange, vu que j'ai été repérée la nouvelle va se répandre et ils seront d'autant plus vigilant. Ça risque également de guider les gardes d'Eaduria jusqu'à moi. Je n'ai pas d'autres choix dans ce cas, je dois commencer à préparer mon attaque. Plus je prends mon temps et plus Alaric en gagnera pour préparer sa défense. La rapidité et la surprise seront mon point fort.

Mes yeux se ferment lentement, mais je lutte pour ne pas m'endormir. Ayant toujours peur que ça puisse rompre le lien d'asservissement. Dans quelques jours je profiterais enfin d'une vraie nuit de sommeil.

Sûrement dû à la fatigue, un souvenir me revient soudainement. Je me vois exténuée face à l'ancien chef des soldats, m'entrainant pour ma formation en tant que reine. Je devais avoir treize ans, et il n'usait pas de pitié contre moi, allant jusqu'à me faire tomber.

- Tu es faible Nakoa, aucun peuple ne voudrait d'une reine ainsi.
- Je vais y arriver ! Tu verras je serais plus forte que toi un jour !
- Ah oui ? Tu n'arrives même pas à me battre avec une épée en bois. Je n'ose pas imaginer avec une vraie.

Je me redressa et pris de vraies armes avant de lui donner.

- Dans ce cas, battons nous avec de vraies lames.
- Tu es ambitieuse, c'est une qualité respectable.

On se mit en place avant de commencer le combat, le fait de manier une arme réelle faisait accroître ma concentration et ma force. Au bout d'un long moment, je réussissais à le désarmer et bondit de joie suite à ça. Il ne perdit pas de temps pour me plaquer au sol en glissant ma lame sur ma gorge.

- Désarmer quelqu'un ne suffit pas Princesse. Il faut l'achever. Et vérifie toujours que ton adversaire est bien mort.

J'ouvre les yeux, observant le plafond délabré de la petite maison.

Ne t'inquiète pas, je vérifierais bien que le cœur d'Alaric cesse de battre.

Eaduria TOME 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant