Chapitre 8

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Point de vue: Nakoa.

Tôt dans la matinée, j'ai convoqué les soldats afin de leur faire part de mon plan d'attaque.

Les enchanteresses ont vécu dans l'ombre depuis que leur royaume s'est effondré, impossible de savoir où elles se cachent depuis. Il est primordial d'avoir le dessus sur elles cette fois. C'est pourquoi j'ai passé la nuit à lire tous les livres existant sur cette espèce, pour essayer de trouver quelque chose que nous ne connaissions peut-être pas avant. Mais cela n'a rien donné. Comme nous le savons déjà, nos ennemis sont toutes des femmes dotées d'un pouvoir hypnotique. Il leur suffit de murmurer dans leur langue ce qu'elles veulent que nous fassions et impossible de résister, les hommes de ce royaume sont semblables aux nôtres et ne possèdent pas de dons particuliers.

Elles sont aussi capables de respirer sous l'eau, donc les noyer n'est pas pensable. Jusque là nous avons toujours visé la gorge pour nous en sortir, mais maintenant nous savons qu'elles ont fabriqué une armure pour protéger ce point faible.

- Je veux que vous abandonniez tout ce que vous savez sur les enchanteresses. Inutile de viser la gorge, elles ont trouvé un moyen de contrer ça. C'est donc à notre tour de faire de même, j'ai ordonné la fabrication d'un remède ou d'autre qui pourrait nous aider. Je veux également créer plusieurs groupes de soldats qui fouilleront le territoire de Sira de fond en comble.

Ils m'écoutent avec attention.

- Je veux que nous trouvions leur cachette, lorsque ce sera le cas, une seule personne sera chargée de me prévenir. Personne ne lâchera des yeux leur planque. On les surveillera pour ne pas qu'elles s'échappent et nous les attaquerons lorsque nous aurons de quoi nous défendre face à leurs dons. Mais pour cela nous avons besoin de capturer l'une d'entre elles.

Je prends ensuite la carte de notre monde et l'étale sur la table installée dans le jardin pour l'occasion. Je commence à donner les indications des fouilles avec les ordres à suivre.

- Tout le monde à bien compris ?
- Oui majesté.
Répondent t-ils en chœur.
- Bien, vous pouvez commencer les fouilles dès aujourd'hui. Je ne veux aucun apprenti dans les groupes que vous formerez, ils resteront ici pour s'entraîner.

Ils acquiescent d'un signe de tête avant de commencer à partir. Seul Agnar reste pendant que je range la carte.

- Nakoa...
- Si tu veux me parler pour me "faire entendre raison" tu perds ton temps.
- Je comprends votre colère, mais mener vos soldats à leur perte ne vous rendra pas Diana.

Je redresse subitement la tête vers lui, l'air froid.

- Tu oublie où se trouve ta place ? Je suis ta reine. Et il est temps que tu te comportes comme un soldat.

Je sens que ma remarque le blesse mais ce n'est que de bonne guerre. Il quitte ensuite le terrain pour rejoindre ses compagnons. Quant à moi, les affaires m'appellent. Je me rends dans la salle de réunion où Nathaniel me remet les journaux royaux que seuls les successeurs peuvent lire. Il me laisse ensuite à ma lecture. Il y a des centaines de pages comptant l'histoire d'Eaduria, de comment les premiers souverains ont bâti le royaume et ses villages. Après un long moment, je tombe enfin sur le chapitre écrit par ma mère.

Lors de sa jeunesse, Eaduria n'était pas le lieu de paix qu'il était il y a quelques jours. Les royaumes se faisaient la guerre constament et Terasmus menacait de reduire en esclavage les humains. Rien ne pouvait battre les goules dû à leur peau dure qui ne se tranchait que par les épées les plus solide et forte, bon nombre de citoyens se retrouvaient dévorés par ce peuple qui terrifiait tout le monde. Sauf un royaume, celui de Sira. Leurs capacités à hypnotiser ces créatures humaines les empêchaient de s'en prendre à elles. C'était leur seule faiblesse. Lorsque mes grand-parents passèrent le flambeau à ma mère et mon père, Eaduria était encore victime de Terasmus. Mais ils n'en pouvaient plus de vivre dans la peur permanente et décidèrent de concocter un plan.

Les soldats d'Eaduria furent ordonnés de capturer les enchanteresses pour s'en servir comme armes, grâce à elles, les goules se retournèrent les unes contre les autres. Ce qui ne plaisait guère aux souverains qui voyaient cela comme une déclaration de guerre et mit à feu et à sang le territoire de Sira. Face à ce drame, tous les royaumes se réunirent, guidés par la peur de subir le même sort et utilisèrent leurs prisonnières comme monnaie d'échange. Une enchanteresse bâillonnée contre la promesse de ne plus s'en prendre aux autres royaumes. Et celle-ci fût tenue. Plus aucunes goules ne s'en prenaient aux humains, elles et les enchanteresses continuèrent de se battre jusqu'à détruire également tout ce qu'il y avait de beau dans leur deux pays. Tandis que nos royaumes prospèraient dans la paix et l'harmonie.

C'est donc ainsi que Sira devenu ce qu'il est maintenant. A cause de mes parents, et des autres souverains. Les enchanteresses ont perdu leur royaume et leur peuple. Je suppose que cela justifie leurs attaques répétées. Mais ma colère est encore plus forte. Je n'ai que faire de savoir leur passé ou leur traumatisme. Ce qu'ils m'ont fait est impardonnable. De plus, mes parents n'ont agi que pour le bien d'Eaduria. Et je compte bien faire de même.

Les chapitres suivants sont simplement ceux que je connais déjà, comme l'attaque le jour de ma naissance, mais personne n'a écrit celle d'il y a quelques jours. C'est donc ainsi que je commence le premier chapitre de mon règne, sur la mort de celle qui m'a élevée. Je sursaute faiblement en entendant des coups sur la porte.

- Je suis occupée !
- C'est Alaric.

Je soupire lourdement et ferme le cahier pour me tourner vers les portes.

- Entre.

Il obéit, tenant dans ses bras un lourd paquet caché par une sorte de drap.

- Que fais-tu ici ? Tu ne dois pas lire ces journaux.
- Je sais je ne viens pas pour ça, je voulais juste..te donner ceci.

Il me tend son cadeau et je me redresse pour venir le découvrir. C'était un portrait très réussi de notre mère.

- Tu n'es pas obligée de le garder mais...comme on a pas eu l'occasion d'avoir des portraits de famille, je me suis dit que ca te ferait plaisir.
- C'est le cas...Merci.

Il m'offre un sourire chaleureux avant de se racler la gorge.

- Bien je...euh...je vais te laisser continuer, bon courage !

Je ne réponds que par un faible sourire, sûrement le premier depuis le drame. Avant de le laisser quitter la pièce. Je pose la peinture non loin de moi en attendant de lui trouver une place puis je me remets à écrire.

Eaduria TOME 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant