Chapitre 19

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En été, la fragrance des fleurs empestait l'air de la roseraie de l'Académie au moindre coup de vent. Dans l'aube froide de l'automne, seule l'odeur de terre mouillée montait à ses narines, une odeur humide et froide dans la brume qui planait. Calliopé tâchait de faire attention à l'endroit où elle mettait les pieds. Elle était en retard, mais elle n'avait pas la moindre envie de salir sa seule et unique paire de chaussures, et le sol était boueux par endroit.

L'allée qu'elle traversait était encadrée de treillages sur lesquels s'enroulaient des vignes grisâtres. Si plus la moindre feuille ne subsistait, la structure suffisait à dissimuler l'endroit depuis les fenêtres de l'Académie, elle s'en était assurée depuis sa chambre.

En réprimant un bâillement, la jeune femme jeta un coup d'œil autour d'elle. Il n'y avait pas le moindre signe du Chev...

— Ce n'est pas très poli de faire attendre ton prince.

Calliopé poussa un cri de frayeur, et pivota vers l'origine de la voix qui venait d'émerger non loin.

— Oh. Votre seigneurie.

Alstair se trouvait là, appuyé contre la colonne de granit d'une alcôve garnie d'un banc au bois détrempé, à laquelle on accédait par une volée de marches. Ses bras étaient croisés sur son uniforme impeccable. Malgré l'heure matinale, il paraissait parfaitement réveillé. Ce qui était loin d'être le cas de Calliopé.

Elle le regarda fixement, ne sachant comment amorcer la conversation après leur dispute de la veille. Elle s'en voulait de s'être emportée et la gêne fit rougir ses joues. Mais Alstair – tout parfait qu'il était – prit la parole.

— Puisque Ghalard n'est pas censé me quitter d'une seule semelle, je l'accompagne.

Il n'avait pas l'air en colère contre elle et cela la rassura quelque peu, mais un malaise subsistait entre eux. La voix du Chevalier résonna dans son dos, lui ôtant la lourde tâche de répondre.

— Le sixième coup a déjà sonné.

Calliopé se tourna vers lui. Il la jaugeait de son air impassible, sa cape immaculée malgré la boue.

— Je me suis perdue, rétorqua-t-elle avec toute la mauvaise foi du monde.

En vérité, elle avait hésité un long moment avant de sortir de sa chambre, tenaillée par une angoisse nouvelle. Et si elle se ridiculisait ? À présent, elle avait l'impression de nager en plein rêve. Que fichait-elle ici, sur le point de s'exercer à l'Art avec un Chevalier, et en compagnie du prince héritier, de surcroît ? Elle peinait à comprendre pourquoi il avait accepté.

— Maintenant que vous connaissez le chemin, je gage que vous serez à l'heure pour notre prochaine leçon.

Il y aurait une prochaine leçon ?

— Calliopé s'en sortira peut-être très bien du premier coup, tempéra Alstair.

— Ne dis pas n'importe quoi, rétorqua Calliopé. Ça se voit que tu essaies simplement d'être gentil.

— L'épreuve pratique n'est pas si terrible. Je suis sûr qu'avec un peu d'entraînement, tu t'en sortiras.

— Tu recommences. Et puis, en quoi consiste-elle, cette épreuve pratique ?

— Tu sais bien que l'Académie ne révèle pas son contenu à l'avance.

— Ah. Je pensais... que tu le savais peut-être. L'autre jour, la traduction...

— Je suis rentré plus tôt que prévu à l'Académie, c'est tout, et je l'avais déjà faite au palais. Je n'ai pas de privilège de ce genre, Calliopé. Mets-toi ça dans le crâne une fois pour toutes.

CalliopéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant