Chapitre 41

31 5 3
                                    


Avant toute chose, vraiment désolée pour le délai de publication ! Nous approchons de la fin... Ce chapitre est assez long. (Promis, cette fois, je publierai le suivant dans les jours qui viennent !)

Bonne lecture !

-----------

Il semblait à Calliopé que la nuit tout entière s'était figée. Au-dessus d'elle, l'Académie surplombait la ville, sa silhouette mangée de lumières veillant sur la grand-place. Si inaccessible, du haut de son promontoire, le ciel nocturne, zébré d'éclairs, tendu au-dessus d'elle.

La main d'Alstair était chaude dans la sienne. Il avait repris des couleurs et il lui adressa un sourire.

— C'est le solstice, demain, dit-il.

Le solstice. La cérémonie de répartition.

Malgré l'urgence de la situation, Calliopé sentit une détermination nouvelle, plus intime, enfler en elle. Lorsque tout cela s'achèverait, elle retrouverait sa place. Tout serait comme avant. Elle s'en fit la promesse. S'ils arrivaient à mettre un point final au problème des vortex, sans doute pourrait-elle obtenir une grâce du Régent.

Elle reporta son attention sur les statues des Muses qui encadraient l'étendue noire. Des hommes d'armes étaient postés à intervalle régulier, main sur les pommeaux de leurs épées. Seuls de rares passants se frayaient un chemin dans les ruelles alentour, et on semblait désormais consciencieusement éviter la place. La balafre qui s'en échappait était encore plus hideuse que dans le souvenir de Calliopé. Çà et là, on avait installé des ponts de fortune pour traverser, et, même à cette heure tardive, on s'activait pour déblayer les gravats.

Calliopé ravala la culpabilité qui montait en un nœud douloureux dans sa gorge. Ils avaient agi dans la précipitation, ce soir-là. Ni l'un ni l'autre n'avait été prêt.

Un peu plus loin, Orphen, si immobile qu'il paraissait pétrifié, contemplait le trou noir. Il fixait toujours la surface d'encre, les yeux agrandis en une expression de stupeur que Calliopé discerna à la faveur d'un éclair. Ophélia se tourna vers l'Imprimeur.

— Arzhul, reste avec les enfants. J'accompagne Orphen chez lui.

— Mais...

Le tonnerre roula au-dessus d'eux.

— Les enfants, Arzhul. Viens, Orphen, ajouta-t-elle avec douceur.

Pendant qu'ils s'éloignaient, Calliopé entraîna Alstair vers le trou noir. Elle pouvait deviner l'inquiétude sur ses traits. Les gardes lui adressèrent un salut lorsqu'il s'approcha.

— Laissez-nous passer, ordonna-t-il.

Calliopé eut le temps de voir l'hésitation fulgurer dans le regard du garde le plus proche, avant que'un rire guttural ne résonné.

Un rire qui s'échappait des lèvres d'Orphen.

Calliopé pivota vers lui ; son cœur sombra dans sa poitrine.

Une ombre se tenait perchée sur l'épaule de l'auteur, son corps sombre à peine visible sous la lumière crue des éclairs.

Non. Pas n'importe quelle ombre. Phénix. Et Orphen riait et riait encore, mélodie sinistre.

La terre trembla. Elle trembla, trembla, dans une secousse qui paraissait ne jamais connaître de fin.

Les gardes, sortant de leur torpeur, tirèrent épées et pistolets dans un parfait ensemble, et se ruèrent vers Orphen. Ils ne l'atteignirent jamais : ils tombèrent et ne bougèrent plus.

CalliopéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant