Chapitre 10

975 273 7
                                    

Le lendemain, je suis en pleine consultation, quand je reçois un coup de fil de Rosa. Je dois déjeuner avec Andy dans un très sélect club de Manhattan. Ce rendez-vous improvisé me fait perdre mes moyens. Mes explications auprès de certains patients étaient peu claires, j'ai dû m'y reprendre à deux fois.

À la pause déjeuner, je me fais une petite mise en beauté, avant de rejoindre le lieu du rendez-vous. En arrivant, j'informe l'hôte de ma réservation, il me fait patienter. Quand mes yeux se posent sur Alex, entouré d'hommes en costumes. Je détourne mes yeux, pour ne pas succomber à une de mes tentatives désespérées. Commence à nouveau une lutte pour ne pas flancher.

— Tanya, je t'attends depuis une demi-heure.

Andy me saisit par le bras, sous le regard d'Alex qui semble agacé.
On rejoint notre table, nous sommes juste en face de celle de ma cible. Ses yeux sont sur moi, je ne m'attarde pas sur lui. Je dois me montrer indifférente à lui, j'emploie cette nouvelle stratégie que mes deux acolytes ont choisi pour moi.

— Tu sais, Andy, je suis désolée pour mes mots hier soir.
— On va dire qu'on est quitte.
— D'accord. Est-ce qu'il me regarde toujours ?
— Le mot est faible.

Sa main se pose sur la mienne, ce geste me perturbe.

— Pour susciter son intérêt, il faut paraître inaccessible. Il aime les défis.
— Un peu comme toi.
— Quand je désire quelque chose, je l'obtiens.

Sa réponse me fait frémir.

Il se lève et se dirige vers les toilettes. Je continue de lire les plats proposés sur la carte, quand j'aperçois Alex se diriger vers ma table.

— Vous semblez plus épanouie.
— Moins « folle » ?
Il sourit et je chavire.

Il aperçoit Andy revenir et s'éclipse.

— Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
— Que j'avais l'air épanouie.
— Bien.

On termine le déjeuner, je quitte le restaurant sans porter de l'intérêt à Alex, un conseil d'Andy que j'ai appliqué à la lettre.
De retour au cabinet, je suis perturbée par cette attention que me porte désormais Alex.

Je finis ma journée, je suis en pleine paperasse quand quelqu'un frappe à ma porte. J'ouvre sur un livreur avec un énorme bouquet de roses. Je me saisis du bouquet et je hume l'odeur des roses.  J'ouvre la carte et je souris.

— Je vous imagine humer l'odeur de ces magnifiques roses. Alex.

Mon téléphone personnel sonne, je décroche.

— Elles vous plaisent.
— Très jolie. L'odeur est merveilleuse.
— Tout comme votre sourire.

Tout mon corps ramollit à l'entente de ce compliment. Des jours à espérer ce genre d'attention, mais la seule chose obtenue est une décision de justice.

— On pourrait aller dîner.
— Je vais y réfléchir.

Je suis complètement cinglée de refuser, ces mots prononcés sont une torture. J'ai tout de suite envie de me rétracter et de sauter sur l'occasion. Mais Andy a été clair avec moi, je dois le faire languir, le rejeter gentiment.

— Vous avez mes coordonnées Tanya.

Je me dépêche d'enregistrer ce numéro. À peine fait, mes mains me démangent. J'ai envie de le bombarder de texto, de questions, d'entendre sa voix à nouveau. Je suis sur le point de craquer. C'est trop dur, je lutte, cette pulsion me dévore, je suis obnubilée par cette envie. Je me saisis de mon téléphone et pianote, ça sonne.

— Ne fais surtout pas ça, Tanya !
— Andy, ça me ronge de l'intérieur.
— Rejoins-moi à l'appartement.
— D'accord.

Sur le chemin, je n'ai pas cessé de fixer l'écran du téléphone, dans l'espoir d'avoir un message de lui, pour enclencher le processus d'échange.

ToxicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant