Chapitre 39

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Je me rends à son bureau, ça doit cesser. Je n'en supporterai pas davantage. Ses employés me bloquent l'accès à ses bureaux. Je n'en démords pas, je reste et j'attends qu'il veuille me recevoir.
Il finit par en sortir et m'autorise à le suivre. Il referme la porte de son bureau.

— Pourquoi fais-tu ça ?

— Faire quoi ?

— Les roses, la dégradation de mon appartement, tes menaces voilées.

— C'est toi qui es venu vers moi.

— Je pensais que tu étais sain d'esprit.
Il explose de rire.

— De nous deux, le plus sain, ce n'est sûrement pas toi.

— Je vois. Tu vas continuer ?

— Je ne fais rien, c'est dans ta tête.

La conversation ne mène nulle part, il se joue de moi et de mon état émotionnel. Mais je ne craque pas, je garde ma posture.
En rentrant, je constate les dégâts. Rien n'a été volé, juste saccagé. Je continue de fouiller quand je repère quelque chose d'étrange au sol, une petite clef USB, qui ne m'appartient pas. Je l'inspecte sous tous les ongles, je la branche à mon ordinaire qui a été épargné. Aucun fichier. Je décide de faire des recherches sur internet, j'étouffe un cri de stupéfaction, un mouchard. Quelqu'un dont je devine très bien l'identité m'espionne.
J'appelle de nouveau les agents, ils amènent un détecteur de métal, ça ne rate pas, il trouve des mouchards partout et des caméras planquées dans des endroits improbables.

— Maintenant, vous me croyez ?

— On va enquêter.

— Faites votre boulot, bon sang !

— Calmez-vous ! Nous faisons ce que nous pouvons.

Ils font des relevés d'empreintes sur les mouchards et les caméras et s'en vont pour les faire analyser.
Je ne peux pas rester dans l'appartement, je ne m'y sens plus en confiance.

— Allo.

— Tanya.

— Est-ce que tu pourrais m'héberger quelques jours ?

— Oui, il y a un problème.

— De gros.

Deux heures plus tard, je suis dans son appartement, à lui révéler toutes mes découvertes. Je sens qu'il cache des informations primordiales.
Il se lève brusquement, il se dirige vers la fenêtre et observe le paysage.

— C'est lui, ton ami de l'université.
Je sens ses épaules s'affaisser.

— Probablement.

Toutes les pièces s'emboîtent parfaitement, mais ce qui m'échappe, c'est la raison de leur plan. Je le rejoins au niveau de la fenêtre.

— Qu'est-ce qui s'est passé, Andy ?

— Tu vas trouver ça puéril.

— Non, je crois que, niveau plan saugrenu, j'ai fait le tour.
Je le vois sourire.

— J'étais fou amoureux d'une fille au lycée, c'était l'évidence, on est tout de suite sorti ensemble. À la fac, on a fait la rencontre de Rosa et d'Alex. On était tout le temps ensemble, très proches. Elle a commencé à changer, à sortir seule sans moi, à cacher son téléphone. J'ai compris qu'elle s'éloignait de moi.

— Elle t'a trompé avec Alex ?

— Oui.

— Rosa a été anéantie par cette tromperie. Moi, j'ai réagi différemment, j'ai décidé que je ne m'attacherai plus à aucune autre. Quand Rosa est tombée sur l'article me concernant, elle a tout de suite eu cette idée de se venger de lui en se servant de toi. Le faire souffrir.

— C'est horrible.

— Je devais te séduire pour que tu le plaques pour un autre.

— Vous êtes répugnant.
Il souffle fort.

Je m'assois sur le canapé, un peu abasourdie. Il s'assoit à mes côtés avec un regard plein de culpabilité. J'aurais dû me fier à mes premières impressions, ne pas me laisser embarquer dans leur aide. Il y a toujours un prix à payer.

ToxicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant