Toxic

Chapitre 42

Je me réveille plus sereine, mes mains ne tremblent plus, la porte s'ouvre sur Andy, un plateau à la main. Pourquoi m'aide-t-il ? Une façon de se racheter pour s'être servie de moi, sans doute. Je ne veux plus délirer sur les motivations qui poussent un homme à porter de l'attention à ma personne.

— J'ai bien réfléchi, Tanya.

— Oui ?

— Il faut que tu prennes de la distance.

— Comment ?

— Je connais un endroit parfait pour ça !

— Je ne peux pas, j'aime mon travail, mon cabinet, etc.

— Et ?

— Tu as raison, je n'ai rien qui me rattache.

Ce constat me désole, rien, personne, je suis seule dans cette détresse. Je me lève et je rejoins la salle de séjour. Toutes mes angoisses reprennent, je me sens si usée par ma vie.

— On va passer prendre quelques affaires dans ton appartement.

— Il me retrouvera.

— Je m'en occuperais, mais peu probable qu'il le fasse.

— Bien.

Après avoir tenté d'avaler quoi que ce soit, on se met en direction de mon appartement. Je récupère quelques affaires chaudes, d'après ce que j'ai compris, nous allons dans un endroit plutôt froid. On roule en direction du centre, je le fixe avec incompréhension.

— On va changer de voiture. Celle-ci ne tiendra pas le trajet.

On s'arrête devant un garage, il l'ouvre et on progresse avant de trouver le disjoncteur de la lumière. Le sous-sol est glauque. Il s'arrête devant une voiture tout-terrain et la déverrouille.

— Pourquoi tu roules dans cette voiture toute cabossée ?

— Je n'oublie pas d'où je viens.

— Intéressant.
Il pouffe de rire.

On monte dans son véhicule flambant neuf et on se dirige en direction de la sortie de la ville. De la musique retentit dans les haut-parleurs, je commence à me détendre.
Mon téléphone sonne de nouveau, Andy s'en saisit et le jette par la fenêtre. Je le regarde, médusée.

— Oubli tout ça !

— Comment va-t-on me recontacter ?

— Tu penses à qui en disant ça ?

Il touche encore un point sensible, personne, il n'y a personne qui pense à moi. Je me réinstalle sur le siège et fixe les alentours, c'est si agréable de ne penser à rien.
Mes yeux se ferment et je m'endors. Quand j'ouvre les yeux, nous sommes à une station service. Je sors de la voiture et m'étire les bras. Il met le plein, je me dirige vers la station et achète quelque chose à manger. En revenant, je lui tends son sandwich.

— Une vraie petite amie !
Je fais les grands yeux, il explose de rire.

— C'est une blague, détends-toi !

— Je n'en doute pas. Tu n'es pas le genre à en avoir.

— Peut-être que tu es en train de me faire changer d'avis.
Je le fixe en silence.

Le reste du trajet, je reprends espoir. Plus je m'éloigne de cette ville, plus mes crises s'estompent. C'est presque de l'ordre du fantastique.

Au bout d'une dizaine d'heures de route, on s'engage dans un sentier. Je comprends mieux le changement de voiture, l'autre nous aurait laissés sur le bas-côté de la route. La route est difficile, je me sens secouée dans tous les sens. Après le sentier, un bois, on monte en altitude, mais il ne s'arrête pas, il continue. Le cadre est paisible, mais effrayant à la fois. Ici, personne ne pourra venir à mon secours. Je le fixe avec des questions plein la tête. Suis-je tombée dans un guet-apens? Je suis en droit de me poser la question, ces derniers temps, je suis plongée dans une spirale paranoïaque.
On finit par voir une route moins sinueuse, je vois apparaître un chalet, un magnifique chalet. C'est donc ici son havre de paix. La voiture s'arrête, il descend, mais je ne bouge pas. Je fixe les environs avec frayeur. Il ouvre ma porte et m'invite à descendre.

— Ici, tu seras en sécurité.

— Comment puis-je te croire?

— Tu as eu assez confiance pour me suivre, non ?

— Oui.

Je descends et le suis vers l'intérieur. Il enlève les draps sur les meubles et commence à décharger nos affaires. Je fais le tour de l'habitation, il y a plusieurs chambres, une grande cuisine qui donne sur le salon. Le séjour est doté d'une énorme cheminée, mais il n'y a pas de télévision ou de matérielle de communication.