Chapitre 14

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Deux jours plus tard, je suis devant la télévision, en train de regarder une émission. J'ai réussi à retenir mes pulsions. C'est Alex qui m'a recontacté. Je dois prendre le petit déjeuner avec lui le lendemain. Je vérifie une énième fois mon téléphone, Andy a totalement disparu. Je lui ai envoyé des dizaines de messages, mais aucune réponse. Rosa m'a dit que c'est dans ses habitudes. Il n'est pas branché technologie, son téléphone ne lui sert qu'à communiquer.
Je me redresse, me change, je me laisse aller à cette pulsion, le retrouver. Je prends ma voiture jusqu'à son appartement. Je sonne et attends de longues secondes, quand je me tourne pour m'en aller, la porte s'ouvre sur lui.

— Tu as tenu deux jours. Tu t'améliores.
— Tu me testais ?
— Non, je mesurais ta patience.
— Idiot. Je me suis inquiétée.

Je tourne les talons pour regagner ma voiture. Il me rattrape par le bras et me plaque contre le mur. Je suis prise au dépourvu. Ses mains tiennent mes bras fermement. Son visage n'est plus qu'à quelques centimètres du mien. Je sens son souffle sur mon visage. On se fixe comme deux âmes perdues.

— Où pensais-tu aller comme ça ?
— Chez moi.
— Ton envie s'est vite envolée.
— C'est idiot.
— Donne-moi ton téléphone !
— Encore ?

Je lui tends, il le range dans sa poche de jean. Il s'éloigne de moi, et m'invite à le suivre jusqu'à son appartement. On s'assoit sur son canapé, il me regarde avec insistance. Il semble vouloir lire en moi. Mais je ne laisse rien paraître. Lui aussi cache ses émotions,
deux âmes blessées par un passé qui nous hante.

— Tu dois le revoir ?
— Oui demain pour le petit déjeuner.
— Tu dois avoir des montées d'angoisses.
— Non, j'ai réussi à ne pas céder à mes angoisses.
— Ah, intéressant. Bon, on y va ?
— Où ?
— Boire un verre.

On se dirige vers ma voiture, mais il hoche la tête. On se dirige à pied vers une ruelle. Le vent balaye mes cheveux, à cette période, il fait frais. On marche une dizaine de minutes, on se retrouve devant un bar irlandais. En entrant, l'ambiance est chaleureuse, les hommes et les femmes rient et s'alcoolisent avec excès. On s'assoit à une table, on nous pose deux pichets de bière. Je fixe Andy avec étonnement. Il pousse le verre vers moi. Je le repousse vers lui. On s'adonne à ce cheminement une dizaine de fois, je finis par m'exaspérer.

— Tu es chiante, tu ne picoles pas, tu harcèles tes petits amis, tu as énormément de préjugés.
— Boire ne veut pas dire être cool.
— Lâche-toi un peu !

Je signe et persiste, je ne boirai pas de boisson immonde. Je commande un cocktail à la place.
Mon comportement l'exaspère, il se relève et rejoint une jolie fille qui lui fait de l'œil depuis notre arrivée. Je les observe se faire du charme, je me sens tellement en déconnexion avec ce mode de vie. J'avale le verre, ma gorge me brûle, je me saisis du pichet de bière, c'est bien ce que je pensais, le goût est infect. Je manque de recracher la boisson à plusieurs reprises.

Je me relève et les rejoins, je me poste devant lui, il hoche la tête avec malice. Sa partenaire voit ça d'un mauvais œil, elle l'interpelle. Mais il ne l'écoute pas, ses yeux sont sur mes lèvres. Je n'ai jamais fait le premier pas, par peur du rejet, de mal faire. Les signaux ne trompent pas, il veut que je le fasse. Je cogite de longues secondes, je recommence à me prendre la tête. C'est horrible d'être comme ça. Il me rapproche de lui, sa partenaire s'en va. Je me mets sur la pointe des pieds, je ferme les yeux et j'approche mes lèvres des siennes. Elle se pose sur les siennes, elles sont chaudes et douces. Il finit par les faire bouger. Le baiser est doux, puis une passion dévorante s'empare de nous. Plus rien n'a d'importance, nous sommes dans une bulle de désir. Mes joues s'échauffent, mon cœur cogne sur ma cage thoracique. On se détache à bout de souffle.

— Dix minutes pour comprendre des signaux.
— Quoi ? Ça aussi, c'est un test ?
— On y va. J'ai envie de pisser et ici, les WC sont loin de remplir les normes de propreté.
Il se dirige vers la sortie, me laissant hagarde en plein milieu de ce bar.

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