Chapitre 38

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Quelques jours plus tard, je m'occupe de la paperasse pour mon activité professionnelle. J'ai ouvert officiellement le planning des rendez-vous. Mes patients les plus fidèles reprennent rendez-vous. J'ai allégé mon planning, je reprends en douceur.

Le premier jour est très perturbant, je bafouille, je suis maladroite, je réagis comme une débutante. Mais je reprends vite mes marques.
Un livreur m'apporte un colis, je suis quasi certaine que c'est Alex encore. Il ne veut pas tourner les pages, encore ces roses noires. Cette fois, je les jette à la poubelle. Son cadeau n'a aucune incidence sur mon état de santé mentale. Sa toxicité surpasse la mienne, il n'en démord pas.
Je compose son numéro, j'entends sa voix qui autrefois me faisait de l'effet, aujourd'hui elle me révulse.

— Alex, oublie-moi ! Cesse de me harceler.

— Pourtant, ça ne te gênait pas autrefois.

— Les choses ont changé. On ne se remettra jamais ensemble.

— Tu finiras par ouvrir les yeux.

— Ils le sont.

— À la prochaine chérie.

Ce mot dans sa bouche me dégoûte, je ne pensais pas un jour ressentir ce genre de chose pour lui. Il représentait l'inaccessible, le charisme, la beauté. L'amour m'a tant aveuglée que si j'avais vu tout ses côtes de lui, je ne me serais pas jeté la tête la première.

Je rentre chez moi, après cette première journée mouvementée. Je me prépare à sortir, une façon de poursuivre ma thérapie, de se confronter à ses anciennes obsessions. Je conduis jusqu'au lieu complètement sereine, je n'ai plus aucune animosité, je veux simplement comprendre.
Je fais le tour, je sens ses mains se poser sur ma taille, un geste qui autrefois aurait provoqué en moi toute sorte de fantasmes, dans une fausse réalité.

— Tanya ?

— Andy.
Il sourit et me fixe en silence.

— Tu ne vas pas recommencer ce jeu de rôle ?

— Quel jeu de rôle ?

— Muet.
Il sourit.

Il m'attire vers un endroit de l'usine plus calme, on s'assoit autour d'une table, il me propose de boire.

— Comment va Rosa ?

— Je n'ai plus de contact.

— Pourtant, vous y étiez si proche.

— C'est juste une idée ridicule qui nous a rapproché.

— Je fais partie de cette idée ?

Il reste silencieux.

— On pourrait aller boire un verre ?

— Andy... je ne sais pas si c'est une bonne idée.

— Je comprends.

— Pourquoi m'avoir aidé pour Alex ?

— C'était un plan voué à l'échec, je n'aurais jamais dû me laisser convaincre par Rosa.

— Ça ne me dit pas pourquoi ?

— Simple vengeance.

— Une simple vengeance, tu ne veux pas m'en dire plus ?

— Tu devrais t'en aller.

Il me plante dans cette pièce et se dirige vers son atelier. La raison fait partie de ses blessures, je ne finirai pas par connaître la vérité.

En rentrant chez moi, la porte est ouverte et l'interrupteur de la lumière allumé. Je retourne dans le couloir et frappe chez le voisin. Il m'ouvre, je lui expose mes constatations, il appelle la police. En attendant, lui et sa femme me font entrer. Sa femme me tend un verre d'eau, je ne peux rien avaler.

La police finit par arriver, il rallume le disjoncteur et constate des dégâts. Mon appartement a été saccagé, je suis choquée par le désordre ambiant. Il soupçonne un cambriolage, alors que je sais viscéralement que ça vient d'Alex.
En prenant ma déposition, je leur soumets mes doutes. Ils sortent du bureau et reviennent quelques minutes plus tard.

— Nous avons vérifié votre piste, il est peu probable qu'il ait fait ça.

— Je vous dis que c'est lui. Il m'a encore envoyé des fleurs noires.

— C'est sûrement un farceur.

— Vous ne me croyez pas ?

— Les éléments sont contre vous.

— Il m'a piégé.

— Nous n'écartons pas la piste d'un simple cambriolage.

— Pendant que vous y êtes, dites que j'ai inventé ce cambriolage.

— C'est vous qui le dites.

Je me relève révoltée qu'on me pense coupable de telles choses. Personne ne me croit, je ne suis qu'une folle qui souhaite attirer l'attention.

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