Chapitre 20

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Trois semaines plus tard, je suis en voiture, accrochée au téléphone avec Alex. Il souhaite rester au téléphone avec moi jusqu'à ce que j'arrive au cabinet. Je cède à sa nouvelle lubie, je veux lui faire plaisir.

— Tu n'oublies pas, ce soir, nous allons chez nos amis.
— Oui, je n'ai pas oublié, mais j'aurais préféré qu'on sorte en amoureux.
— Tanya, tu disais les apprécier.
— Ils sont adorables, ce n'est pas le problème.

J'entends une sirène de police derrière moi, j'arrête la voiture et raccroche mon téléphone et le jette dans mon sac. Il fallait bien que ça arrive, c'est de l'inconscience, rouler le téléphone au volant, mais je ne voulais pas irriter Alex. Je baisse la vitre de ma fenêtre.

— Melle vos papiers du véhicule. Vous savez pourquoi je vous arrête ?
— Oui.
Je lui tends mes documents.

— Bien, je vais faire une recherche et je reviens vers vous.

Il se dirige vers sa voiture de patrouille, mon téléphone n'arrête pas de sonner, mais je ne décroche pas cette fois, je l'éteins en attendant que l'agent me verbalise. Il revient quelques minutes plus tard avec un procès-verbal, je m'excuse auprès de l'agent et je prends la direction du cabinet.

En arrivant, je trouve Alex en pleine discussion avec la secrétaire, je reste pantoise devant cette scène. Je m'avance vers lui, il me saisit violemment par le bras et m'emmène dans mon bureau.

— Alex, tu me fais mal !
— Je me suis inquiété ! N'éteins plus jamais ton téléphone !
Avec une voix menaçante.

— Je me faisais verbaliser.
— Donne-moi ton procès, je m'en occupe.
Je lui tends machinalement.

Il finit par quitter mon bureau, je m'assois sur ma chaise et je souffle lourdement.

Le soir, comme convenu, on se rend chez nos amis. Je suis en train de manger, il me pose un verre de vin devant moi. Il sait que je ne bois pas, que je n'aime pas ça. Je le fixe, troublée.

Je lui murmure à l'oreille.
— Chéri, je n'aime pas ça. Tu le sais pourtant.
— Avec le vin, tu éveilleras tes papilles.
— L'eau me va très bien.
— Bois !
Avec autorité.

J'amène le verre à mes lèvres et fait semblant de boire une gorgée, rien que l'odeur me révulse. Il sourit de satisfaction. Je demande à aller me rafraîchir. Je ferme la porte de la salle de bain, une violente crise d'angoisse me coupe la respiration. Je pose mes mains sur le lavabo pour tenter de reprendre mon souffle. J'entends frapper à la porte, j'ouvre, il semble inquiet.

— Ça va ?
— Oui, j'ai juste mal à la tête.
— On finit de manger et on rentre.
— Je préfère que tu me déposes chez moi.
— Quoi ? C'est négatif. On passe la nuit ensemble. Rafraîchis-toi, tu as mauvaise mine.

Il s'en va, je ferme la porte et je retombe au sol. J'amène mes genoux à ma poitrine. Je reste quelques minutes dans cette position, avant que mon hôte ne vienne me voir avec de l'aspirine.

Je le rejoins dans la salle à manger, je ne peux plus rien avaler, nos amis ne m'en tiennent pas rigueur, contrairement à Alex, qui me lance des regards noirs.
On finit par s'éclipser à mon plus grand soulagement. Dans la voiture, je m'évade, je repense à Andy. Je ne devrais plus penser à lui, mais je ne peux pas m'en empêcher après ce genre de moments.
Alex nous ramène chez lui, j'aurais préféré être chez moi, seule pour souffler et prendre du temps pour moi.

Je me change et je rejoins le lit. Il m'y attend, je me glisse sur la couverture et lui tourne le dos. Ma position semble lui déconvenir, il se racle la gorge. Je finis par me retourner, pour avoir la tranquillité.

— Bonne nuit, ma chérie.
— Bonne nuit.

Je le sens agacé, mais je ne peux pas lui dire de mots doux, je m'abstiens, demain sera un autre jour.

ToxicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant