Toxic

Chapitre 47

Andy se saisit de son téléphone et compose un numéro.

— Sale fils de pute, ramène-toi sinon je vais te refaire le portrait.

Je ne l'ai jamais vu dans une colère noire. La trahison a eu raison de son self-contrôle.
Il fait les cent pas, je reste stoïque, en tentant d'analyser la situation et puis c'est l'évidence, je comprends. Et je comprends ce qui perturbe autant Andy. Elle l'aime, elle est amoureuse de lui. C'est complètement dingue.

— Putain Rosa ! Ce n'est pas possible. Tu te moques de moi.

— Je suis désolée, Andy.

— C'est arrivé quand ?

— Je crois que c'est venu petit à petit. Tes gestes, tes mots...

— Pourtant, tu ne me l'as jamais dit. Tu t'es bien tenue de me le dire.

— Parce que je savais que tu allais rompre tout lien. Alors pourquoi elle ?

Andy pose les yeux sur moi, sa réponse se fait attendre, il semble réfléchir à la manière d'aborder la chose. Je commence à perdre cette confiance que j'avais plutôt dans la journée concernant notre relation.

— Parce qu'elle n'a jamais triché avec moi. Qu'elle tente de me comprendre, qu'elle accepte ce que j'ai été.

Mon sourire s'élargit, par cette déclaration. J'ai presque envie de lui sauter dessus si nous n'étions pas dans cette situation cauchemardesque. Elle pose ses yeux avec amertume sur moi, ses yeux sont envahis d'une rage ravageuse.

— Je t'ai accepté aussi avec tes travers, j'ai été là pour toi après ton désarroi. J'ai toujours été présente pour te remonter le moral. Et c'est cette cinglée que tu choisis.

— N'ose plus la dénigrer devant moi. Je n'ai jamais envisagé ce genre de chose avec toi.

Elle s'effondre.

— Jamais ?

— Jamais !

Son visage se décompose, elle est envahie par une rage, elle crie et saute sur lui. Il lui retient les mains, la situation nous échappe.

— Calme-toi putain !

— Comment as-tu deviné ?

— J'avais un doute, mais j'ai installé une caméra de surveillance. En visionnant les images, ça me l'a confirmé. Mais je ne comprenais pas pourquoi. Quelques choses m'échappaient.

Elle se détache de lui et se met à courir en direction d'une ruelle sombre. J'arrête Andy dans son élan.

— On va déposer plainte. Elle n'ira pas bien loin.

— Elle est hors limite, on va rester sur nos gardes.

On rejoint le poste de police, Andy fournit les images de sa vidéosurveillance, un des agents me rassure. Il m'encourage à reprendre le fil de ma vie. Maintenant qu'elle a été démasquée, elle ne tentera plus rien.

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Deux semaines plus tard, l'enquête suit son cours, Rosa a totalement disparu des radars. Elle n'a plus fait parler d'elle. Je commence à baisser ma garde, Andy me dépose au travail pour me rassurer.

Je suis en pause déjeuner, quand l'employé de ménage entre pour nettoyer, je sors pour lui donner libre accès à mon bureau. En attendant, je discute avec ma collègue d'un nouveau laser. La femme de ménage sort de mon bureau, j'en profite pour me réapproprier les lieux.
En entrant, une odeur nauséabonde embaume l'air ambiant, j'ai des hauts le cœur. Mes yeux se posent sur un cœur animal en décomposition. Une rose noire trône juste à côté du cœur. Mon cœur cogne dans ma poitrine,  je sors du bureau, à la recherche de la femme de ménage, mais elle n'est plus là.
Je compose le téléphone d'Andy, je lui raconte affolé ce qui vient de se produire.

— Tu n'as pas vu son visage.

— Non, non. Elle devait porter une perruque et des lunettes. Oh seigneur. J'en peux plus.

— Calme-toi, on va la retrouver.

— Elle ne va pas s'arrêter.

Il me conseille d'appeler le chargé d'enquête, j'ai l'impression que mon cas ne les intéresse pas. J'ai beau les alerter sur la dangerosité de Rosa, ils ne prennent pas au sérieux mon inquiétude. Andy me dépose chez moi, je verrouille la porte derrière lui.

— Tu es sûr de ne pas vouloir rester chez moi quelques jours ?

— Je ne suis plus sûr de rien.

Il me prend dans ses bras, cette angoisse quitte mon corps dans les secondes qui suivent. Il reste dîner, j'insiste pour qu'il reste dormir avec moi.