Chapitre 27

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J'empoigne la poignée et ouvre la porte, elle grince légèrement, il ne dort pas, ses yeux sont tournés vers le plafond. Il remarque ma présence et se redresse.

— Un souci ?
— Oui.
Avec une voix chuchotante.

— Dis-moi ?
J'écris sur mon bloc note et je lui tends, il le lit.

— Ce n'est pas une bonne idée.

Je n'écoute pas ses avertissements, je m'approche du lit, déterminée. Il m'observe en silence, il ne tente pas de m'en dissuader. Je contourne le lit et m'installe de l'autre côté. Il se tourne vers moi, on se fixe avec complexité.

— Tu n'écoutes rien de ce qu'on te dit.
Je hoche négativement la tête, il sourit.

— Je ne veux pas que tu te fasses de films.
Je hoche négativement la tête.

— Tu vas récupérer quand ta voix ?
Je lui fais signe des mains, une dizaine de jours.

Il pose ses mains sur mes yeux et les ferme, je souris à ce geste. Je les garde fermés, et je m'endors.

Au réveil, je suis seule dans le lit, je me redresse, je fais quelques tests de voix, elle est chuchotante, mais je peux m'exprimer. Je me rends dans la salle de bain et me fais un brin de toilette. Je me dirige ensuite dans la cuisine, il est au téléphone, et prépare le petit déjeuner. Cette vision est plaisante. Il m'invite à m'asseoir sans raccrocher, c'est une voix féminine, mon cœur se resserre.

— Je fais attention, maman, je ne suis plus un enfant.
Je me détends.

Il parle avec sa mère, ce mot me renvoie à mes blessures du passé. Combien d'années que je ne l'ai pas vu. Il finit de poser les plats et s'installe à mes côtés.
Je commence par prendre mes médicaments, j'ai envie de guérir vite et pouvoir reprendre le fil de ma vie. Mon cabinet est fermé et mes patients s'impatientent.

— Merci.
D'une voix chuchotante.

— Ce n'est rien. Tu vas peut-être guérir plus vite et recommencer ton harcèlement.
J'explose de rire.

On mange en silence quand il prend la parole.

— Est-ce que c'est la faute d'un type que tu es comme ça ?

— Et toi, Andy ?

— Non, non, pas d'un type. Je préfère les pains ronds aux baguettes.
J'explose de rire.

— Sérieusement, Andy ?

— Probablement.
Je hoche la tête en guise de réponse.

On finit de déjeuner sans un mot, ce silence commence à m'oppresser. Ma voix n'est pas totalement revenue, je l'économise pour des sujets intéressants.
Il se rend dans son atelier pendant que je travaille sur mon ordinateur. Je rattrape la paperasse des derniers jours, j'ai énormément de retard. Mon téléphone sonne à nouveau sur Alex. Je vois Andy sortir de son atelier se diriger vers moi, m'arracher le téléphone et décrocher. Je m'attends au pire.

— Allo. Espèce de sale fils de pute, je vais m'occuper de toi comme il se doit.
Ça raccroche.

Il trifouille sur mon téléphone et me le rend.

— Je suis désolé que tu aies entendu ça, mais je déteste ce genre de sale type.

— Tu fais du mal aux femmes aussi.
Il change de comportement.

Il tourne les talons et se dirige vers son atelier, la vérité semble difficile à entendre. Je me reconcentre sur mon travail. Il n'est pas sorti de toute l'après-midi, j'ai peur d'avoir été trop loin avec ma franchise. Je décide de cuisiner quelque chose en attendant qu'il veuille bien se montrer.
Je me dépatouille comme je peux dans sa cuisine. Il finit par sortir, il m'observe en souriant. Il vient de repérer une de mes lacunes et ça l'amuse. Je finis par poser quelque chose sur la table.
On s'installe, je le sers. Il goute et recrache sa bouchée, la situation est très amusante. Je ne sais absolument pas cuisiner et il s'en amuse.

— Laisse-moi cuisiner, tu veux bien?
— Je suis toute oui.

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