Chapitre 43

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Je range mes affaires dans la chambre d'ami, les nuits semblent fraîches, les couvertures sont bien chaudes. Je le rejoins dans la cuisine, il range les courses.

— Tu avais tout prévu?
En fixant les courses.

— J'ai prévenu un voisin.

— Tu as des voisins par ici?
Il explose de rire.

— Oui, même si ça t'étonne. Arrête de me regarder avec suspicion.

— Je me pose juste des questions.

— Cesse de te prendre la tête.

— C'est comme me dire d'arrêter de respirer.
Il ricane.

Il m'attire à lui et m'entoure de ses bras. Je fixe ses bras avec étonnement. On n'avait pas eu un tel rapprochement depuis longtemps.

— Là, je suppose que tu te demandes ce que ça signifie ?
Je hoche positivement la tête.

Il se détache de moi et reprend comme si de rien n'était son rangement. Je pense que lui-même ne le sait pas. Nous sommes tous les deux paumés par cette attirance. Je sors sur le porche de la maison, il fait déjà nuit et très froid. Je sens une couverture se poser sur moi, je me retourne sur lui.

— Rentre, il fait froid et des méchants loups se baladent en quête de leurs proies.

—Je suis déjà la cible de ce genre de loup.

On se fixe en silence. Il finit par retourner à l'intérieur. On communique avec des sous-entendus, c'est très particulier, mais on se comprend, c'est plus étonnant encore. Je referme la porte et je le trouve en train de cuisiner. Je m'approche de lui et entoure mes bras autour de sa taille. Il s'arrête de couper les légumes et pose son couteau. Puis, il se tourne et me fait face, et me soulève avec une facilité déconcertante.

— Ne tente pas ce loup-là.
Je souris.

— Encore une seule fois.

Il me repose et m'invite à aller m'asseoir auprès du feu de cheminée. Je n'avais pas fait attention qu'il l'avait allumé. Je m'assois juste en face et me laisse submerger par cette chaleur. Des images de mon enfance refont surface.

Il pose le repas sur la table, mais je ne peux plus me détacher de ce feu, je suis bouleversée, je le sens s'asseoir à mes côtés. Je me laisse aller à quelques confidences.

— On avait l'habitude de partir au camping avec mon père. Mais ma mère gâchait à chaque fois ce moment.

— Ça devait être dur.

— Non, frustrant.

— On va manger ?

On se relève en direction de la cuisine ; tout est déjà prêt. Je m'assois en face de lui, nos pieds se touchent à nouveau, je n'y prête plus attention. Ce geste est naturel, je mange en faisant le vide dans ma tête.

— C'est délicieux, qui t'a appris à cuisiner ?

— Ma mère.

— Elle était douée.

— Oui.

— Qu'est-ce qu'elle est devenue ?

— Elle vit une retraite paisible en Californie.

— Non, ton ex.

Il pose les couverts dans un fracas et fixe le vide. Cette question n'est pas pour détendre l'atmosphère, mais elle me taraude depuis quelque temps. Je me relève et pose ma main sur son épaule, il se reconcentre sur moi.

— Elle vit en Europe avec un riche entrepreneur. Elle semble être attirée par l'argent.

— Tu en as aussi.

— Pas quand on était ensemble.

— Alors, tu n'as pas perdu grand-chose.
Il sourit.

Je regagne ma place et je finis mon repas en silence. On s'assoit devant la cheminée avec une boisson chaude. Les crépitements du feu et les flammes sont le seul moyen de divertissement de cet endroit et je m'en contenterai bien volontiers tous les restes de ma vie. Je pose ma tête sur son épaule.

— Les filles adorent aussi.
Je lui mets une tape.

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