Chapitre 31

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Un mois plus tard, je reprends peu à peu goût à la liberté. Certaines fois, la prison me manquerait presque. Chaque jour est un rituel qui recommence le demain. On s'y accroche comme on peut pour ne pas sombrer.
Libéré, on réapprend à faire les choses par soi-même, telles que cuisiner, aller se laver sans attendre une heure fixe. On se réhabitue vite à des gestes anodins du quotidien.
J'en ai profité pour envoyer mes manuscrits. Je n'ai plus que ça, je ne peux pas exercer mon métier pendant un an, l'ordre m'a suspendu. En attendant, je vis sur mes économies.

Un soir, je me redresse et j'ai envie de sortir, de voir du monde. Rester enfermé m'a rendu casanière, je suis tout le temps dans mon appartement. Je ne sors pas, comme si j'étais encore en prison, conditionnée à rester entre quatre mûrs. Je m'habille de mes anciens vêtements, ils me vont toujours, je me fais une mise en beauté superficielle et je me dirige vers ma voiture. Elle démarre malgré les neuf mois restant sur mon parking. Je roule en direction du centre, sans but précis. J'ouvre la vitre de ma voiture et je hume l'odeur de liberté, c'est si bon. Je ne pensais pas devoir faire ça un jour, apprécier de respirer l'air.

Ma voiture s'arrête devant un endroit que je connais bien. Je ne suis plus si sûr de mon choix, je porte une sorte de honte en moi. J'ai été jugé par tant de gens, je m'étais jurée de me réapproprier mon image. Je sors de la voiture et je me dirige vers le bar branché où je me rendais avec Rosa. J'y reste une partie de la soirée à observer les autres. Ils ne sont pas venus, j'ai un pincement au cœur. J'ai imaginé des retrouvailles explosives mais on m'oublie assez vite, je ne marque personne. Je suis juste cette femme qui était toxique.

Je remonte dans ma voiture et je me dirige vers le second lieu. Je sonne et attend devant cette porte que j'ai tant imaginée en prison. Elle s'ouvre sur lui, toujours aussi attirant. Je le reluque pour me réapproprier cette image de lui.

— Tu as été libéré ?
— Comme tu vois, je ne me suis pas évadée.
Il rit.

On monte à son appartement, cette odeur réconfortante me prend aux tripes, je me sens bien, presque trop bien.

— Tu as tenu neuf mois, bravo.
— Encore ce décompte ridicule.
— Quelque chose a changé en toi.
Je me regarde, ne comprends pas bien.

— Sans doute mes injections.
Il pouffe de rire, je ris.

On s'installe dans son canapé, il tamise la pièce et me tend une boisson rafraîchissante. Dans les premières secondes, on se fixe en silence.

— Tu ne harcèles personne d'autre ?
— Plus depuis que j'ai été enfermé.
— Tu vas recommencer, c'est dans ta génétique.
Je lui mets une tape.

— Et toi, tu couches encore avec tout ce qui bouge ?
— Je plaide coupable ! En levant sa main en l'air.
— Pourquoi as-tu été condamné à des travaux d'intérêt général ? Son sourire s'efface.
— Pourquoi cette question ?
— Je suis curieuse.
— J'ai refait le portrait d'un enfoiré.

Je me contente de cette réponse. Je demande des nouvelles de Rosa, qui semblent aller bien d'après ses dires. Je me relève pour quitter son appartement. Le revoir a été bénéfique, je voulais mesurer mon degré de toxicité avec lui. Je ne ressens pas grand-chose.

En me dirigeant vers la porte, il m'attrape par la taille et me ramène à lui. Mes résolutions s'envolent en un éclat, l'attirance est toujours là, elle a été enfouie dans mes croyances. Il se jette sur mes lèvres, je réponds à son baiser, je suis emporté par ses lèvres sur les miennes, pleines de domination. Je perds le souffle, je suis à deux doigts de m'évanouir quand il rompt le baiser.

— Tu avais dit une seule fois.
— Je sais ce que j'ai dit.
— Je ne suis pas un pion que tu utilises quand l'envie t'enchante.
— Pourtant, ce n'est pas l'impression que j'ai eue en t'embrassant.
— C'est long, neuf mois en prison.

Il m'attire de nouveau à lui, je soulève son t-shirt et le jette au sol, il fait de même avec le mien. L'envie nous pousse à aller vite, on évite de justesse plusieurs chutes avant de finir sur son canapé. Sa passion me broie littéralement, il n'a aucune retenue, je suis envahi de sensations qui décuplent de seconde en seconde. Il se positionne derrière moi, je me tiens au tissu du canapé et gémis de plus en plus fort. Ses gestes sont abrupts, rapides, que je finis par jouir bruyamment, c'est fantastique. Il s'écroule peu après moi.

ToxicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant