— Ouchhhhh... Jacob se lance enfin !
Confortablement installée dans l'énorme fauteuil qui trône au milieu du salon de la suite qu'occupe Gabe, je viens de finir de lui raconter que je suis allée boire un verre avec mon collègue, la veille.
— Il ne se lance pas.
— Oh que si ma jolie. Quand j'invite une jolie fille à aller boire un verre, c'est bien parce que j'ai l'intention de la mettre dans mon lit.
Je pose mes pieds sur la petite table devant moi et lui sourit.
— Gabe, tu sais que je t'adore, mais tu couches littéralement avec tout ce qui bouge. Je doute que tu sois vraiment une référence en matière de relation amoureuse.
Il prend un air faussement vexé.
— Ce n'est tellement pas mon style de faire une chose pareille, voyons !
— Non. Absolument pas, tu as raison. Je te dois des excuses.
— Ouais très bonne idée Mademoiselle Fraser. J'attends ton mea-culpa, maintenant.
— Je suis désolée. Tu ne couches pas avec tout ce qui bouge. Seulement avec... mmmhh... quatre-vingt pour cent de tout ce qui bouge ?
Gabe éclate de rire.
— Quel dommage que tu fasses partie des vingt pour cent restants ! Je suis sûr que toi et moi ça donnerait quelque chose de bien.
— Jamais de la vie.
— Eh, on se roulait quand même de sacrées galoches à l'époque !
— On avait quatorze ans !
— Et alors ? Je suis sûr que tu roules encore de supers galoches maintenant malgré ton grand âge.
— On a six heures d'écart, crétin !
— Oui et bien tu es quand même plus vieille !
— Tu vois, rien que pour cette remarque désobligeante, je ne te laisserais plus jamais plonger ta langue dans ma bouche.
— Tu viens de foudroyer mon dernier espoir de te conquérir. Mon cœur est en miettes.
— Je suis certaine que tu recolleras vite les morceaux.
Gabe et moi plaisantons souvent sur une éventuelle relation, mais aucun de nous n'y pense réellement et je sais que nous sommes d'accord sur le sujet.
— Bon... raconte-moi ce que t'a dit Monsieur le prof de maths alors que je juge un peu de ce qu'il en est.
Gabe est persuadé que Jacob est intéressé par moi depuis le début et que c'est pour ça qu'il m'a pris sous son aile.
J'avoue que je préfère penser que c'est juste un type bien, sans arrière-pensée, mais je connais les hommes... Même si... bon moi aussi je craque un peu pour lui, je veux bien l'admettre.
C'est vrai qu'il est mignon dans son genre. Et vraiment sympa.
C'est juste que... je ne suis pas persuadée que coucher avec un collègue soit l'idée du siècle. Je veux dire...
Je ne doute pas que ça pourrait être sympa, mais c'est l'après qui me dérange. Que suis-je censée faire si nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde ? S'il veut plus et pas moi ? Ou l'inverse d'ailleurs... Je ne veux pas d'un mélodrame au lycée.
Mais ce serait mentir de dire que je ne le trouve pas attirant.
Et puis peut-être que si on en discute avant... on pourrait se mettre d'accord.
— Allô, Mademoiselle Fraser, ici Gabe Wellington. Tu réfléchis trop, encore une fois.
Gabe me connait bien et il sait que je me perds facilement dans mes pensées.
— C'est juste que je me disais que tout ça pourrait être trop compliqué.
— S'envoyer en l'air n'a rien de compliqué. Si tu veux, je peux te faire une piqure de rappel, tu n'as qu'à demander.
Je lève les yeux au ciel, plus amusée qu'autre chose.
— C'est très généreux à toi, mais je sais très bien comment on fait. Néanmoins, je suis une adulte pragmatique et en tant que telle, je me dois de m'interroger sur les conséquences potentielles d'une telle relation.
— On ne parle pas d'une relation, on parle d'un coup d'un soir. Potentiel.
Gabe lève les mains pour mimer des guillemets qui accompagnent ce dernier mot.
— Écoute, ce gars-là te plaît, c'est évident. Si vous en avez envie tous les deux, tu devrais juste foncer sans trop te poser de questions.
— C'est cette partie de la situation qui pose problème.
— Raconte-moi déjà comment ça s'est passé hier.
— Je ne sais pas. C'était banal. Franchement... On est allés chez Mary pour boire un verre, on a échangé sur les élèves...
— Il a regardé ton décolleté ?
— Quoi ?
— Réponds juste à la question
— Je... Je n'en sais rien. Je n'y ai pas particulièrement fait attention.
— Impossible qu'il ne l'ait pas fait. Même moi je ne peux pas m'en empêcher.
Il reluque en effet ma poitrine sans aucune gêne alors je saisis le coussin à côté de moi et le lui balance en plein visage.
— Espèce de pervers, je croyais que toi et moi on était comme des frères et sœurs !
— C'est ce qu'on est !
— Et bien, pour info, on ne reluque pas les seins de sa sœur.
Gabe éclate de rire.
— C'est compris. Toute façon pour le moment, j'ai plus urgent que Jacob à gérer.
— Et je peux savoir ce que c'est ?
— Ma recherche d'appartement !
— Je ne comprends pas pourquoi tu tiens autant à quitter ta maison.
— Gabe, tu sais très bien pourquoi.
— Bon OK... je comprends pourquoi.
Gabe et moi avons grandi ensemble alors autant dire qu'il connait très bien mes parents. Et même s'il les adore lui aussi, il sait à quel point ils peuvent être parfois... envahissants.
— Tu as déjà trouvé quelque chose ?
— Je crois bien que oui. Enfin... Je ne m'emballe pas. Mais sur le papier, ça a l'air vraiment bien.
Il soupire longuement.
— Tu sais que c'est important pour moi, tu devrais me soutenir !
— Je te soutiens Ami, tu sais que tu es la seule femme qui compte dans ma vie. En dehors de ma mère, bien sûr. Mais même si j'adore cette ville, je n'aime l'idée de te savoir seule au milieu de nulle part.
— Je ne serais pas au milieu de nulle part, l'appartement est à Soho. C'est loin d'être un quartier qui craint.
— Tu l'as visité ?
— Pas encore. J'ai rendez-vous vendredi. Mais regarde ça !
Je lui tends mon téléphone pour lui montrer les quelques photos que l'agent immobilier m'a envoyées.
— OK... j'avoue que ça a l'air vraiment sympa.
— Je trouve aussi ! Et je suis sûre que tout ira bien.
Qu'est-ce qui pourrait mal tourner de toute façon ?
VOUS LISEZ
Juste colocs?
RomanceBien décidée à prendre son envol, Amélia se réjouit à l'idée d'avoir enfin son propre appartement. Mais sa joie est de courte durée lorsqu'elle découvre... Qu'il est déjà occupé! Zach, propriétaire du bien, comprend qu'elle s'est faite avoir et ne n...