Juste colocs?

Chapitre 37 - Zach

La maison ne se trouve qu'à une quinzaine de minutes à pied du centre-ville.

Le temps étant splendide, Amélia et moi avons décidé de marcher pour rejoindre le restaurant dans lequel j'ai réservé.

J'ai vraiment envie qu'elle profite au maximum de cette parenthèse avec moi. Alors oui, je sors le grand jeu.

J'aime voir la façon dont ses yeux brillent à chacune des surprises que je lui réserve.

Elle est à elle seule une petite bulle de douceur dans ma vie si animée. Et je prends de plus en plus de plaisir à m'y réfugier.

— Mmmh, c'est délicieux.

Assise face à moi, elle dévore littéralement le contenu de son assiette.

— Je vois ça.

Elle s'arrête un instant puis me sourit.

— Ne me juge pas. J'aime vraiment manger.

— Pourquoi je te jugerais ?

— Parce que les dictats de la société font que les femmes doivent manger des salades et non d'énormes cornets de frites ?

— Tu manges ce que tu veux ma jolie. Et quand je te dis ce que tu veux, c'est vraiment ce que tu veux.

Elle glousse, saisissant l'allusion que je viens de glisser.

— Ces frites sont délicieuses, mais c'est le dessert que j'attends avec le plus d'impatience.

Et voilà qu'elle recommence son petit jeu. Dieu merci, cette fois, pas de paille en vue. Sans quoi je deviendrais probablement fou.

— Tu sais que c'est toi que je vais manger pour le dessert, n'est-ce pas ?

— Pourquoi crois-tu que je l'attende avec autant d'impatience ?

J'aime la complicité qui se noue ce soir. Elle se développe de façon très naturelle, sans hésitation ou faux-semblants.

Tandis qu'elle replonge la main dans son cornet, j'en profite pour la regarder

Et il faut avouer que, pour la première fois de ma vie, ma tête et mon cœur semblent être en accord.

Amélia déclenche en moi quelque chose qui me dépasse. Elle me rend heureux. Vraiment heureux. Et je commence à me dire que les sentiments que je développe pour elle sont de plus en plus... importants.

Nous passons vraiment un bon moment.

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— Je n'arrive pas à croire que tu oses te pointer ici !

Trop absorbé par ma partenaire de ce soir, je n'ai pas entendu les pas s'approchant de moi. Mais cette voix... Je la connais.

Je la connais même très bien.

— Tu me dois huit mois de pension alimentaire, Zacharia Carpenter ! Ça coûte cher d'élever un bébé. Et puis c'est qui, elle ?

Face à moi, Amélia se décompose. Et en une fraction de seconde, avant même que j'aie eu le temps de répondre, je me retrouve avec un bébé dans les bras.

— Tu veux bien arrêter tes âneries ?

Callie s'agite en riant. Et je me dis qu'il faut que j'explique au plus vite la situation à Amélia avant qu'elle ne s'enfuie à toutes jambes.

— Amélia... Je te présente ma sœur, Zoé.

— Ta ...? Ta sœur ?

Zoé semble très satisfaite de son entrée surprise et arbore un large sourire.

— Désolée, j'ai toujours rêvé de faire ça un jour. L'occasion était trop belle.

— Excuse-la... Je crois qu'elle perd un peu la tête. C'est sans doute dû à son grand âge.

Zoé rit et me tire la langue avant de tendre les bras à sa fille qui vient s'y lover immédiatement.

Elle sourit à Amélia qui semble tout à coup beaucoup plus détendue.

— Pas de panique, cette petite terreur-là n'est que sa nièce.

— Callie?

Zoé semble surprise

— Oui, en effet.

— Et tu dois être Abby.

Je ne l'ai pas vu arriver non plus, mais Abby se tient désormais juste à côté de moi.

Elle hoche timidement la tête, mais sourit à Amélia avant de se jeter dans mes bras.

— Tonton Zach !

— Salut princesse.

Je savais en venant ici que je prenais le risque de croiser quelqu'un, mais je n'imaginais pas tomber sur ma sœur au restaurant. Le hasard nous fait parfois de drôles de blagues.

— Alors Zach... Tu ne fais pas les présentations ?

C'est à peu près ce que je voulais éviter à vrai dire, mais ma sœur a l'air ravie de me voir ici en si charmante compagnie et il est évident qu'elle veut savoir de qui il s'agit.

— Zoé, voici Amélia.

— Amélia, ma folle de sœur, Zoé.

Elles échangent un sourire complice et même si cette rencontre était clairement inattendue, Amélia semble parfaitement à l'aise.

— Evan n'est pas là ?

— Si, il avait juste un coup de fil à terminer, tu le connais...

Mon beau-frère est un type formidable et très investi dans son travail.

Connaissant ce qu'il a vécu enfant, je peux comprendre qu'il se donne à cent pour cent dans son métier. Il veut le meilleur pour ma sœur et ses deux filles. Mais même si c'est un acharné du bureau, sa famille passe toujours en priorité.

Il ne sait que trop bien à quel point la vie est fragile et veille donc à en profiter un maximum avec les gens qu'il aime.

C'est une philosophie de vie que je ne peux qu'approuver.

— Il me semblait bien t'avoir reconnu derrière la vitre.

Evan vient de se joindre à nous et me tend la main. Il en fait autant en direction d'Amélia qui l'accepte en souriant.

— Evan, le mari de Zoé.

— Amélia.

Eux aussi échangent un sourire.

— Je te l'emprunte rien qu'une minute, dit Zoé à Amélia en m'invitant à la suivre.

Je m'exécute sans broncher.

— Alors ...?

— Alors quoi ?

— Tu viens passer un weekend en douce à Hillsborough ?

— C'était l'idée, oui.

— Elle est mignonne.

Mon regard se pose sur Amélia, qui rit désormais avec Abby sous le regard bienveillant d'Evan.

— Je trouve aussi.

Elle me met un coup de coude dans les côtes qui m'oblige à me reconcentrer sur elle.

— OK, tu n'es clairement pas du genre à emmener les filles que tu fréquentes en weekend romantique ici. Dois-je en déduire que tu l'aimes bien, celle-ci ? À tel point que tu te sentes obligé de me cacher son existence ?

Elle a le sourire malicieux de la femme qui part à la pêche aux informations et je la sais sacrément douée à ce petit jeu.

— Je l'aime bien, oui. Vraiment bien. Mais c'est encore tout frais.

— On a réservé une table nous aussi, mais on va vous laisser tranquille pour ce soir. Vous venez manger à la maison demain midi.

— Oh je ne sais pas si...

Mais elle s'éloigne déjà en direction d'Amélia et d'Evan et secoue la tête en riant.

— Ce n'était pas une question !