Chapitre 42 - Zach

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Millie vient de quitter les lieux et je m'apprête à fermer derrière elle.

Il y a près de quarante minutes qu'Amélia est montée à l'étage et il me tarde d'aller la retrouver.

Je suis vraiment heureux que les choses se soient bien passées avec Gabe.

Même si je me suis montré jaloux au début, je sais à quel point son amitié compte pour elle et je refuse de me mettre en travers de leur chemin.

Lui et moi allons devoir apprendre à nous connaitre, c'est certain.

Mais je ne suis pas inquiet.

Lui aussi aime Amélia.

Heureusement pas de la même façon que moi, sans quoi ce serait vraiment problématique.

Les choses se règlent les unes après les autres et je me sens plus léger d'avoir avoué la vérité à Zoé et à tous les autres.

Bien sûr, je n'avais pas prévu qu'elle rencontre ma famille aussi vite. Je me disais que... Les choses allaient suivre leur cours et que l'on verrait bien ce qu'elles auraient à nous réserver.

Mais le hasard a fait que nous nous sommes croisés au restaurant... Et finalement, ce n'est pas si mal.

D'autant qu'en moins d'une après-midi, tout le monde l'a adoptée.

Rien d'étonnant... Elle est super.

Ce weekend en tête à tête m'a également permis de mettre au jour mes sentiments vis-à-vis d'Amélia.

Et ça, je le regrette encore moins.

Si on m'avait dit un jour que je tomberais follement amoureux d'une femme qui s'est fait arnaquer en cherchant un appartement, il est peu probable que j'y aurai cru.

Je n'ai jamais été du genre romantique. Pas vraiment contre l'idée du grand amour, mais pas franchement convaincu non plus.

Les choses entre nous suivent leur cours et je ne veux pas les précipiter.

Surtout que, le moins que l'on puisse dire est qu'elle et moi... nous n'avons pas vraiment fait les choses dans l'ordre.

************

— Bonsoir, Zach.

Alors que je m'apprête à fermer pour la nuit, une voix me parvient depuis le trottoir d'en face. Une voix que je n'ai pas entendue depuis longtemps, mais que je n'ai jamais oublié. Et cela n'augure rien de bon.

Tandis qu'il s'avance dans la lumière des réverbères, je vois peu à peu ses traits se dévoiler. Ce que je constate en premier, c'est que de nouvelles cicatrices sont venues s'ajouter à celles déjà présentes lorsque nous nous connaissions.

Nicolas est une ordure, mais quand il s'agit de se battre, il n'envoie personne le faire à sa place.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

Je sors précipitamment du bar et referme la porte derrière moi, satisfait de penser qu'Amélia est à l'étage et n'assiste pas à notre rencontre.

— J'étais dans les parages.

Il recule d'un pas, et ses yeux se portent longuement sur la devanture du bar. Je le connais. Et je suis certain que dans sa tête, les rouages s'activent déjà pour savoir ce qu'il va pouvoir en faire.

Il y a sans aucun doute déjà réfléchi.

— Toi et moi on sait que tu n'es pas là pour faire la conversation.

Il commence à marcher nerveusement et à faire des allers-retours incessants sous mes yeux.

— Tu vas droit au but, hein ? C'est une chose que j'ai toujours appréciée chez toi.

Je fais de mon mieux pour garder mon calme. Inutile de faire un scandale à cette heure-ci. Ce serait mauvais pour les affaires. Et pour l'instant, il ne fait que parler. Mais je reste sur le qui-vive parce que je connais cet enfoiré.

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Que tu reprennes du service.

Il me dit cela avec une telle spontanéité que je me retrouve un instant déstabilisé. Mais la réalité de la situation reprend vite le dessus.

— Pas question.

— Je crois qu'on s'est mal compris. Ce n'était pas une question.

— Je suis sorti de cette vie-là.

— Cette vie là, comme tu dis, t'a ramené du fric. Tu n'étais pas contre.

Il a raison. Partiellement au moins.

À l'époque, Zoé avait deux travails et elle peinait à s'en sortir.

Les dettes des soins médicaux de mes parents nous avaient plongés dans un abysse dont elle, comme moi, nous avions du mal à sortir.

Quand Nicolas était venu me proposer du travail, j'avais immédiatement dit oui.

Je n'ai pas perçu tout de suite que les choses qu'il me demandait n'étaient pas réglos.

Il m'a fallu du temps. Et quand j'ai enfin compris, il était trop tard.

J'avais mis le doigt dans un engrenage infernal dont il m'a fallu un temps considérable pour me défaire.

J'ai choisi de tout arrêter du jour au lendemain et de partir.

J'aurais dû me douter qu'il me retrouverait un jour. Ces gars-là n'aiment pas perdre.

— Comment va ta sœur ?

Le regard mauvais qui accompagne sa question me fait froid dans le dos.

— Laisse ma sœur en dehors de ça.

Je peux admettre avoir fait de mauvais choix par le passé, mais jamais je ne me le pardonnerais s'il lui arrivait quelque chose.

Nicolas poursuit ses allers-retours sans sourciller.

— Du calme, mon pote, je suis juste venu ici pour discuter.

Je serre les dents.

Quoiqu'il me veuille, je dois trouver une solution. Et vite.

Juste colocs?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant