Chapitre 13 - Amélia

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Je sais que je ne vais pas pouvoir cacher la vérité à Gabe bien longtemps.

Lui et moi sommes les meilleurs amis du monde et je ne vois pas comment je pourrais lui taire cette situation.

Je m'en veux déjà de ne rien lui avoir dit alors que cela fait à peine vingt-quatre heures, alors quand mon téléphone sonne en cette fin de journée, je choisis de répondre.

— Salut Gabe.

— Salut ma belle. Comment se passe ton emménagement ?

Je n'aime pas l'idée de lui mentir, mais je ne me sens pas prête à lui dire la vérité pour l'instant.

— Bien. Je... Euh... J'allais justement remplir ma commode.

Heureusement pour moi, Gabe est en déplacement en Floride pour la semaine. Ça me laisse un peu de marge pour trouver une histoire convaincante à lui raconter.

— Tout un programme !

— Je ne te le fais pas dire.

Afin d'éviter au maximum le sujet, je préfère l'orienter sur autre chose

— Et toi, comment ça se passe ?

— Oh tu sais, la routine... Goûter les plats au restaurant, s'assurer que la literie est bonne, ce genre de choses.

Gabe minimise clairement son rôle dans la société. Il a des idées brillantes, la plupart du temps au moins, et certaines d'entre elles ont permis à ses parents d'engranger beaucoup d'argent.

— Ça a l'air terrible en effet.

— Tu n'as pas idée !

Nous rions.

— Tu m'emmèneras là-bas un jour ?

— Bien sûr. On pourrait y aller aux prochaines vacances.

— Je dois dire que quitter un peu l'agitation new-yorkaise pour aller passer quelques jours au soleil me tente bien.

— Alors, compte sur moi.

Gabe et moi avons l'habitude de partir ensemble et la plupart du temps nous logeons dans l'un des hôtels de sa famille

Je dois dire qu'avoir un ami qui possède une douzaine d'établissements de luxe à travers le pays présente un certain nombre d'avantages. Même si notre amitié n'a rien à voir avec ça.

Contrairement aux filles qu'il fréquente la plupart du temps, je ne suis pas intéressée par son argent.

Même si mes parents ont un train de vie nettement inférieur aux siens, ils mènent une vie plus que confortable et je n'ai jamais manqué de rien.

Je crois que c'est en partie ce qui fait que notre amitié est aussi sincère.

— Je suis désolé de n'avoir pas pu être là pour ton déménagement.

— Ne t'en fais pas pour ça. Je n'ai pas grand-chose à transporter en plus.

— Quand est ce que je peux passer te voir ?

Zut... le sujet revient bien trop vite sur la table.

— Euh... à ton retour ?

— OK ma belle. Pardon, il faut que je te laisse, j'ai quelqu'un qui m'appelle et il faut absolument que je réponde.

Honnêtement le fait qu'il mette fin à la conversation si soudainement me convient très bien parce que je n'aime vraiment pas l'idée de ne pas lui dire la vérité.

— Pas de soucis. On se rappelle vite.

— Prends soin de toi.

Je mets fin à l'appel et saisis mon ordinateur portable qui traine sur le canapé. Zach doit rentrer ce soir. Il faut absolument que je me trouve un autre appartement d'ici là.

C'est déjà assez fou de sa part de me laisser passer le weekend ici alors qu'on ne se connait presque pas. Je ne vais clairement pas abuser de son hospitalité.

Et puis maintenant que j'ai dit à Gabe que l'on pourrait se voir la semaine prochaine, il me faut un plan B.

Si mes parents n'avaient pas reloué la maison que j'occupais aussi vite... J'aurais pu y retourner en prétextant... Je ne sais pas moi... Une énorme fuite d'eau, une menace d'effondrement de l'immeuble...

Le peu de fierté qu'il me reste et que je tiens à préserver à leurs yeux me fait inventer n'importe quoi...

Ok Amélia, on se concentre.

J'ai passé la journée à corriger des copies et à préparer la suite de mes cours pour ce trimestre. Alors en ce début de soirée et après cette folle journée de la veille, je suis épuisée.

Mais pas moins déterminée pour autant.

Je me suis fait avoir, certes.

Et une partie de mes économies y est passée. Mais je vais rebondir, je ne suis pas du genre à me laisser abattre.

Ouais.

Au boulot Amélia !

********

— Salut.

Assise sur le canapé, je lis tranquillement mon bouquin quand Zach revient de sa virée familiale.

Je pose précipitamment mon livre et me redresse.

— Salut.

C'est un peu étrange de se retrouver face à un étranger chez soi. Chez lui. Chez... ce que je pensais être chez moi, mais qui s'avère être chez lui. Voilà, c'est ça.

— Comment s'est passée ta journée ?

— Très bien. Ma plus petite nièce a pris mon épaule pour un anneau de dentition toute la journée et la plus grande m'a fait prendre le thé avec chacune de ses peluches. Et elle en a des dizaines !

Il rit et j'en fais autant en imaginant la scène. L'amour qu'il porte à ces deux petites filles est indéniable.

— Et toi ?

— Je suis à jour de mes copies et de mes cours pour les semaines à venir.

— Efficace.

— N'est-ce pas ?

Nous rions à nouveau jusqu'à ce que ses yeux s'égarent vers ma bouche. Et merde, ça recommence.

Je mords nerveusement mes lèvres devenues soudainement sèches.

Cette attraction entre lui et moi, celle qui fait que le monde autour de nous semble disparaître, nous pousse à nouveau l'un vers l'autre.

Tu ne peux pas faire ça Amélia!

Mais ma volonté est à mille lieues de ce que ma raison lui dicte et j'ai bien du mal à dissimuler ce que le regard plein de promesses qu'il me fait actuellement me fait comme effet.

Ses yeux captent le mouvement de ma langue et se fixent sur ma bouche.

Oh seigneur, achevez-moi.

J'ai l'impression que je pourrais jouir d'une seconde à l'autre s'il n'arrête pas.

Et il ne me touche même pas, bordel.

Son sourire s'élargit quand il me voit remuer sur le canapé.

— Le bar est bondé, je vais descendre aider Millie.

Dieu merci, il vient de mettre fin à ce moment.

— Besoin d'un coup de main ?

Il sourit et se rapproche de moi tandis que je viens de me lever.

Ses yeux se posent sur mes mains et il me lance avec une désinvolture absolue...

— Avec grand plaisir.

Juste colocs?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant