Chapitre 46 - Zach

875 57 4
                                    

Ça suffit.

Ce cinéma a déjà trop duré et je refuse de me laisser embarquer une nouvelle fois dans ces conneries.

Je vois bien qu'Amélia s'inquiète. C'est une jeune femme intelligente et il ne lui a pas fallu longtemps pour comprendre que quelque chose n'allait pas.

Je m'en doutais. Mais notre conversation dans la voiture me l'a confirmé.

J'ai fait de mauvais choix il y a des années de cela. À un moment de ma vie où je me sentais acculé et où je voyais ma sœur malheureuse.

J'aimerais dire que je me suis laissé embarqué là-dedans malgré moi, mais la vérité, c'est que... J'ai rapidement compris que ce que je faisais n'avait rien de légal.

Sauf que... j'étais coincé.

Comme je le suis aujourd'hui.

La première fois que j'ai travaillé pour Nicolas, ça ne semblait pas si suspect.

Je m'étais dit que c'était de l'argent facile et j'avais accepté volontiers.

Une fois. Deux fois. Trois fois.

Quand j'ai compris ce qui se passait, c'était déjà trop tard et il avait eu le temps d'accumuler contre moi des preuves de ma participation à différents transports de drogue à travers l'état

Et puis... Zoé a enfin rencontré quelqu'un de bien.

Elle a quitté New York pour aller vivre à deux heures d'ici et je me suis dit que si elle était capable de tout quitter, je pouvais le faire, moi aussi.

Je l'avais mise au courant de tout. Je ne voulais rien lui cacher. Et elle s'était montrée incroyablement compréhensive et avait agi en grande sœur protectrice. Comme toujours.

Elle m'avait dit d'aller voir la police. De leur expliquer. Mais je m'y suis toujours refusé.

Pas par peur d'assumer ma part de responsabilité, non.

Mais par peur des représailles que cela aurait pu engendrer. Surtout contre elle.

Alors j'avais simplement dit stop.

Ça avait été étonnamment facile.

Nicolas m'avait laissé partir sans broncher et j'avais repris le cours normal de ma vie, me promettant de ne plus jamais remettre les pieds dans un tel merdier et choisissant de me lancer dans une activité honnête.

Jusqu'à aujourd'hui, ça m'avait plutôt bien réussi.

Mais sentir la peine dans le regard de la femme que j'aime ce matin, ça m'a vraiment chamboulé.

Parce que je ne veux pas qu'elle s'imagine n'importe quoi.

Ce que je ressens pour elle est sincère.

Je ne lui mens pas à ce sujet.

Alors je vais mettre fin à tout ça. Il va me falloir un peu de temps bien sûr, mais il le faut.

— Je pensais avoir été clair.

Je suis de nouveau assis face à Nicolas et son regard mauvais s'attarde sur moi, une fois de plus.

— Moi aussi. Et je ne ferais pas ce que tu me demandes.

Ce qu'il demande, en l'occurrence, c'est d'utiliser mon bar pour blanchir son argent sale. Et c'est hors de question. Je ne le laisserais pas reprendre l'emprise qu'il avait sur moi. Et gâcher tout ce que j'ai construit.

— Voilà qui est dommage. Je pourrais sans doute trouver une solution.

Je me fous de ce qu'il a en tête tant que je sors de son circuit.

— Tu sais quoi ? Tu as raison, dit-il en se levant brusquement. Je crois qu'il faut que je me diversifie. Je pourrais peut-être commencer à mettre une nana ou deux sur le trottoir. J'en ai justement repéré une qui me tente bien.

Ce salopard n'a vraiment aucune limite. Et le pire dans tout ça, c'est que je suis certain qu'il pourrait le faire sans hésiter, pourvu que ça lui rapporte de l'argent.

— Une jolie brune, pulpeuse à souhait. Comment elle s'appelle déjà ? Ah oui ! Ça me revient. Amélia !

Je n'étais déjà pas serein avant d'arriver ici parce qu'il me semblait évident que la confrontation serait difficile... Mais l'entendre prononcer le nom de la femme que j'aime dans ces conditions....

Jamais je ne le laisserais la toucher. Je préférerais mourir que de laisser ça arriver.

Son air satisfait me rend fou et je serre les poings, ne pouvant empêcher mes pieds de me mener droit à lui.

Je vais tuer cette pourriture. Je me contrefous des conséquences.

— Ne t'avise même pas de prononcer son nom.

Une large main vient se poser sur mon épaule tandis que je ne suis plus qu'à quelques pas.

Évidemment cet enfoiré ne fait jamais face seul.

Il s'entoure de gros bras.

Je jette un regard furieux en direction du type à qui appartient à cette foutue main. Mais je me rends rapidement à l'évidence. Je pourrais lui casser la gueule sans grande difficulté, mais il y a six autres types qui s'interposent entre ma cible et moi.

Je doute de pouvoir ne serait-ce que réussir à atteindre Nicolas avant que l'un d'eux ait raison de moi. Alors je me force à me raisonner. Même si je bouillonne.

Je vais trouver une solution pour le faire tomber.

Je m'immobilise.

— Tu as toujours été un garçon raisonnable. C'est ce que j'apprécie chez toi.

J'ai envie de casser les dents de ce type et de les lui faire avaler une par une. Mais je m'abstiens.

— Si je fais ce que tu me dis, tu la laisses en dehors de ça ?

Il acquiesce, un sourire sournois, vissé aux lèvres.

— Je suis un homme de parole. Alors... on a un deal ?

Je souffle et tente de calmer les battements de mon cœur, qui s'est emballé.

— On a un deal.

Juste colocs?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant