Juste colocs?

Chapitre 52 - Zach

Je n'arrive pas à croire qu'ils aient trouvé ce petit salopard.

Ils avaient laissé peu d'espoir à Amélia lorsque nous étions venus déposer plainte. Et pourtant, l'appel que j'ai reçu un peu plus tôt m'a prouvé qu'il ne fallait jamais désespérer.

Je me dirige donc vers le commissariat d'un pas assuré.

Depuis dix jours, j'essaie de faire comme si tout allait bien, mais c'est loin d'être le cas.

Et je suis le seul et unique responsable de cette situation. J'ai choisi que les choses se passent ainsi mais je ne cesse de le regretter.

Je m'évertue à faire en sorte que Nicolas obtienne ce qu'il veut.

Lui est ravi, je ne lui oppose pas la moindre résistance. 

Comment le pourrais-je ? Il me tient. 

Encore plus aujourd'hui.

Tant que je joue le jeu, Amélia est hors de portée. Et pour moi, c'est tout ce qui compte alors je me plie à la moindre de ses volontés. Peu importe à quel point cela me coûte.

Je sais que Gabe veille sur elle. Qu'elle est en sécurité.

Millie ne comprend pas pourquoi je l'ai mise à la porte et c'est tout juste si elle m'adresse la parole depuis. 

Elle me dit qu'elle regrette beaucoup que je sois redevenu le crétin condescendant que j'étais avant de la rencontrer.

Oui, je dois reconnaître que mon amour propre est mis à mal. Mais je le mérite. Alors je fais de mon mieux pour encaisser, sans rien dire.

Évidemment, Kaya a cru trouver dans l'absence d'Amélia une porte d'entrée pour revenir dans ma vie...

Mais Millie, même si elle est dure avec moi, veille au grain et elle continue de la tenir à bonne distance le temps que, je la cite, mon « cerveau se remette à fonctionner à l'endroit ».

Elle me fait sourire en agissant comme ma sœur le ferait probablement dans la même situation.

En parlant d'elle... Je ne l'ai pas mise au courant de tout ça. Je lui cache la vérité à elle aussi...

Elle ignore tout du retour de Nicolas dans ma vie et je ne veux pas l'affoler.

Sa vie est paisible désormais et elle a, de trop nombreuses fois déjà, ramassé les pots cassés de mes mauvaises décisions.

Je n'aime pas lui mentir, à elle non plus. Pas alors que je viens de lui dire la vérité pour Amélia et moi. Vérité qui n'est plus puisqu'elle et moi sommes désormais séparés.

Ça non plus je ne le lui ai pas dit.

Je lui cache donc à peu près tout de ma vie actuelle. Et je sais qu'elle sera probablement fâchée lorsqu'elle le découvrira. Parce que Zoé est comme ça... Elle croit aux contes de fées.

C'est une éternelle optimiste.

Il faut dire que depuis sa rencontre avec Evan, sa vie s'est radicalement transformée. Et je ne parle pas que du côté financier.

Évidemment elle est sortie de ses galères à ce niveau-là aussi, mais surtout, elle a trouvé quelqu'un qui l'aime plus que tout.

Mon beau-frère est un type formidable.

Il veille sur ma sœur comme personne d'autre n'a su le faire avant et il suffit de les regarder aujourd'hui pour savoir à quel point ils sont heureux. Et puis il y a les garçons...

Elle a vraiment eu beaucoup de chance d'être tombée sur des gens comme eux.

Je peux voir, à chaque fois que je vais à Hillsborough, à quel point elle est heureuse et c'est quelque chose qui me fait vraiment du bien. Parce qu'en dehors d'Amélia, elle est la femme la plus importante de ma vie.

Je sais que je vais devoir la mettre au courant, et je déteste déjà le moment où cela va arriver.

— Vous êtes Zacharia Carpenter ?

Assis sur l'une des chaises dans le hall, je patiente en attendant que l'on me reçoive.

 — C'est exact.

Je me lève et l'homme me tend une main franche, que je serre bien volontiers.

— Vous me suivez ?

Je hoche la tête et m'exécute.

Je ne sais même pas trop pourquoi je suis là, à vrai dire. Enfin, si... Je dois venir identifier le type sur qui ils ont mis la main. Honnêtement, ça n'a plus beaucoup d'importance pour moi.

Ce petit connard a fait entrer Amélia dans ma vie alors je ne lui en veux même pas.

Mais c'est une bonne chose qu'ils lui aient mis la main dessus. Parce qu'il n'arnaquera plus personne.

Si les choses se sont relativement bien passées pour elle, tous n'auront probablement pas eu cette chance.

Je m'installe dans le bureau et écoute ce que l'officier face à moi a à me dire. J'essaie de me montrer attentif, mais c'est difficile. Mon esprit est ailleurs.

C'est le cas depuis que la femme que j'aime n'est plus là.

Je n'imaginais pas que ce serait si difficile.

Être loin d'elle...

Est-ce qu'elle est là, elle aussi ? Allons-nous nous croiser?

Elle est la seule de nous deux à avoir rencontré ce type et à pouvoir l'identifier avec certitude. La logique voudrait qu'elle soit dans les parages...

Et je me surprends à espérer la croiser. Après tout, c'est ainsi que les choses ont commencé.

— C'est bon pour vous ?

J'acquiesce.

— Alors, allons-y.

Je me relève et le suis, une nouvelle fois.

Je ne sais même pas trop à quoi je viens de dire oui parce que je n'écoutais qu'à moitié.

Lorsqu'il m'invite à rentrer dans la pièce vers laquelle il vient de nous emmener, je m'exécute et reconnais immédiatement la silhouette qui se tient devant moi.

Je me fige un instant, bêtement, avant que l'officier ne rentre à son tour, m'obligeant à avancer.

Cette fois-ci, je n'ai plus le choix, il est temps de lui faire face.