Zach a au moins eu la bonne idée de me larguer avant les vacances scolaires, ce qui me laisse tout le loisir de pleurer sans avoir à me cacher de qui que ce soit.
Et c'est ce que je fais. Presque sans discontinuer.
Gabe ne m'a pas quitté depuis dix jours. Il est aux petits soins et il est évident que je me serais effondrée sans son soutien.
Mais grâce à lui, disons que je parviens à m'accrocher. Sans pour autant réussir à remonter à la surface.
J'en suis encore loin. Et je ne l'atteindrais peut-être plus jamais.
Même si je parviens à me remettre de tout ça, cette histoire laissera définitivement des traces.
Zach me manque.
Terriblement.
J'aimerais que ce ne soit pas le cas. Ce serait tellement plus simple...
Si une partie de moi le déteste, l'autre l'aime toujours.
Et elles se font face quotidiennement pour savoir qui finira par prendre le dessus.
Pour l'instant, pas de vainqueur à déclarer, ni d'un côté, ni de l'autre.
— Ami, ton téléphone sonne, me lance mon meilleur ami.
Je suis allongée sur le canapé et honnêtement, je n'ai aucune envie de répondre.
J'évite soigneusement mes parents. Jacob aussi...
Je joue au silence radio - ou presque - depuis des jours, en attendant de me sentir mieux.
Sauf que cela ne fonctionne que très moyennement comme stratégie.
Gabe est d'une patience hors norme, ceci dit et grâce à lui, je ne perds pas pied.
Mais je continue de me cacher et de me morfondre plutôt que d'affronter la réalité.
— Je ne veux pas répondre.
— Il me sourit en récupérant l'objet sur le buffet et fait glisser son doigt sur l'écran pour le déverrouiller. Bon, il a visiblement décidé de jouer les standardistes... Libre à lui. Il échange quelques mots avec son interlocuteur avant de se tourner vers moi.
Je tends l'oreille. J'avoue que maintenant, je suis curieuse.
— Mmmh, oui... Bien sûr, je vous la passe.
On dirait bien que cette fois-ci, je ne vais pas avoir le choix.
Je me redresse et saisis le téléphone avant de le porter à mon oreille.
— Amélia Fraser, puis-je savoir à qui je m'adresse ?
***********
— Je ne veux pas y aller.
— Je sais. Mais tu vas le faire quand même.
Je me brosse les cheveux un peu nerveusement sous le regard bienveillant de Gabe.
— Je suis vraiment obligée de le faire ? Ils ne peuvent pas juste... m'envoyer des photos ou un truc du genre ?
Face à moi, il sourit et vient placer ses larges mains sur mes épaules.
— Tu sais que je t'adore ma puce. Mais il y a trop longtemps que tu te morfonds. Tu mérites mieux que ça. Alors tu bouges ton joli petit cul, tu identifies ce type, et tu pourras enfin mettre cette histoire derrière toi.
Je sais que Gabe a raison.
Si j'en finis avec ça... Je pourrais mettre définitivement cette histoire derrière moi, comme il le dit si bien.
Je devrais le faire sans crainte. Après tout... C'est comme ça que tout a commencé. Et que tout finira. Le dernier lien qui nous unit, Zach et moi, est sur le point d'être rompu.
Cela devrait me rendre heureuse.
Alors pourquoi est-ce que ce n'est pas le cas ? Pourquoi est-ce que je ressens autant de peine, malgré les jours qui passent ? Ne dit-on pas que le temps guérit toutes les blessures ?
Je me demande combien il m'en faudra à moi, pour aller mieux.
Parce que je ne parviens pas à quitter le fond du gouffre dans lequel je suis tombée.
— Tu as raison.
— Bien sûr que j'ai raison ! Il faut que je passe sur le chantier cet après-midi, je te dépose au commissariat et ensuite on y va tous les deux ?
— Avec plaisir. Ça me changera les idées.
Parce que je dois dire que... même si vivre dans une suite de luxe est loin d'être désagréable, je n'en suis pas ressortie depuis dix jours et l'extérieur commence à me manquer.
— Par contre, je suis navré d'avoir à te dire ça, mais... il faut vraiment que tu prennes une douche avant de sortir d'ici, dit-il en éclatant de rire.
— Tu es un vraiment un crétin, tu le sais ?
— Ouais, mais un crétin que tu adores.
— Ouais, pas faux.
Je me lève du canapé et me dirige vers la salle de bain.
J'ai rendez-vous à quatorze heures trente, ce qui me laisse une bonne heure pour prendre soin de moi. Et même si je sais que Gabe plaisantait, ça me fait du bien.
Après un bain salutaire et une bonne dose d'autos encouragements, je me sens prête.
J'ai enfin quitté mon jogging et opté pour quelque chose d'un peu plus distingué. Ce qui semble beaucoup plaire à Gabe lorsqu'il me voit.
— La revoilà, ma jolie meilleure amie.
Il m'attire à lui.
— Ça fait du bien de te voir à nouveau sourire.
— Je suis un peu stressée, mais je crois que, pour la première fois depuis dix jours, je me sens bien. Enfin, mieux.
— C'est ce que je vois. Et j'en suis très heureux.
— C'est grâce à toi, tu sais.
— Je t'en prie, je n'ai rien fait du tout.
— C'est vrai, à part m'accueillir chez toi, veiller sur moi, me gaver de sucreries, supporter mes crises de nerfs... J'arrête là où c'est bon ?
Il rit.
— C'est bon. On ne sait jamais... Peut-être qu'un jour c'est une nana qui me brisera le cœur et que ce sera à toi de me consoler.
Cette fois-ci, c'est moi qui éclate de rire.
— OK, c'est extrêmement peu probable, mais... si jamais ça arrive un jour, tu pourras compter sur moi.
— Parfait. On y va ?
— Oui, on y va.
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Juste colocs?
RomanceBien décidée à prendre son envol, Amélia se réjouit à l'idée d'avoir enfin son propre appartement. Mais sa joie est de courte durée lorsqu'elle découvre... Qu'il est déjà occupé! Zach, propriétaire du bien, comprend qu'elle s'est faite avoir et ne n...