Juste colocs?

Chapitre 19 - Amélia

J'ai rêvé de ce moment depuis des jours.

Notre soirée passée en tête à tête n'a fait qu'amplifier ça. Cette envie, ce désir...

L'idée des lèvres de Zach contre les miennes m'a rendue dingue. Et j'en ai assez de me retenir.

Peut-être que ce n'est pas une bonne idée. Mais nous sommes tous les deux des adultes consentants, non ? Et il me mange littéralement du regard.

J'ai vraiment, vraiment hâte qu'il me mange tout court.

Au diable les conséquences.

Nous ne sommes qu'à un souffle l'un de l'autre. Un minuscule petit souffle lorsque l'on frappe à la porte.

Des coups qui se font plus insistants à chaque instant.

Zach choisit de les ignorer et j'essaie d'en faire autant.

Du moins jusqu'à ce qu'une voix féminine les accompagne.

Il a l'air gêné tout à coup. Surpris, c'est certain, mais aussi franchement gêné, oui.

Nul doute qu'il s'agit d'une de ses conquêtes...

Kaya ? Mais qui porte un prénom pareil ? Je suis sûre qu'il s'agit d'une blondasse siliconée.

— Tu devrais aller ouvrir.

La magie du moment est rompue. Et j'ai vraiment envie de savoir si mon intuition est la bonne.

Je recule d'un pas.

— Ne bouge pas d'ici. S'il te plaît.

Il serre brièvement ma main avant de se diriger vers la porte et de l'ouvrir. Et... bingo !

Kaya et moi ne pourrions pas être plus différentes physiquement.

C'est une grande blonde, pulpeuse à souhait. Et je suis une petite brune, naturelle au possible.

Je ne pense pas avoir à rougir de mes formes, mais je suis clairement un niveau en dessous de la blonde...

Blonde qui m'offre d'ailleurs un regard condescendant lorsque ses yeux se posent sur moi.

J'observe Zach tenter de la mettre dehors poliment tandis qu'elle lui offre un regard mielleux.

Garce !

C'en est trop pour moi et je choisis de tourner les talons.

Je n'arrive pas à croire que j'étais sur le point d'embrasser Zach.

Dieu seul sait ce qui se serait passé si cette fille n'était pas arrivée.

— Amélia, attends.

Je me dirige vers ma chambre et en referme la porte précipitamment.

Je suis tellement stupide d'avoir pensé que je lui plaisais.

Ce gars-là doit enchaîner les relations plus vite que son ombre.

Je suis stupide. Une fois de plus.

On dirait que c'est devenu ma spécialité ces derniers temps.

Être stupide ! Et prendre de mauvaises décisions.

Il va vraiment falloir que je passe la seconde sur ma recherche d'appartement.

De toute façon Zach a proposé de m'héberger pour quelques jours. Cette colocation n'a pas vocation à durer éternellement. Et le fait que nous soyons dangereusement attirés l'un par l'autre complique la donne.

Les choses semblent tout juste commencer à se dessiner avec Jacob. Ce n'est pas le moment pour moi de craquer sur un autre homme. Alors pourquoi le fait que la blondasse débarque de bon matin me pose autant problème ?

Je suis tellement sur les nerfs que je m'habille en un temps record... Il faut que je sorte d'ici. Et vite.

La greluche qui ne cesse de glousser outrageusement a tendance à me mettre les nerfs, je veux bien l'admettre. Mais j'avoue que je suis curieuse. J'aimerais beaucoup savoir ce qu'ils se disent.

Il avait l'air surpris de la voir. Et pas franchement ravi. Néanmoins, il semble évident qu'ils ont déjà couché ensemble. Et elle a visiblement envie de remettre le couvert pour se pointer ici et se comporter de la sorte.

J'attrape mon sac à main et me précipite vers la sortie, veillant à ne pas croiser le regard de Zach lorsque je franchis le couloir.

On se connaît depuis quelques jours à peine. Je ne peux certainement pas me permettre de faire un scandale. Et au nom de quoi le ferais-je de toute façon ? Ce n'est pas comme si nous étions ensemble...

Je me calme une fois installée dans le métro.

Je n'aurais probablement pas dû partir si vite, mais la succession des éléments de ce matin m'a trop déstabilisé pour que je reste sans rien faire.

Et comme si les choses n'étaient pas déjà assez compliquées, c'est Jacob qui m'accueille aux portes du lycée.

— Tu es tombée du lit ?

J'ignore s'il fait référence à l'heure matinale ou à la mèche rebelle que j'ai tenté de lisser pendant tout le trajet me menant jusqu'ici.

Mon départ précipité à laissé quelques traces.

— On peut dire ça.

Je ne vais pas lui jeter au visage mes dilemmes sentimentaux de bon matin. D'autant qu'il en fait partie. Je crois... À vrai dire je ne suis sûre de rien et c'est bien ce qui me pose problème.

— Ça te dit un café ?

— Avec plaisir.

Je l'accompagne jusqu'en salle des professeurs et nous nous installons tous les deux face à face. À cette heure-ci, les lieux sont encore déserts, mais ce n'est qu'une question de minutes avant que cela ne change.

J'ai eu un peu de mal à me l'admettre, mais oui, je craque pour Jacob. Je craquais.

J'ignore encore si je dois utiliser le passé.

Zach a bouleversé ma vision des choses.

Jacob et lui sont des opposés sur tous les plans ou presque.

Si encore il y avait une sorte de tronc commun, je pourrais comprendre mon trouble, mais là... Ce n'est pas le cas.

— Tout va bien ? Toi qui es toujours si sereine... tu as l'air...

— L'air quoi ? demandé-je en lui offrant un sourire qui se veut charmeur.

J'ignore si cela est à la hauteur de mes attentes, ceci dit étant donné mon état de nervosité, mais il me sourit en retour. Et la façon dont il se réajuste sur sa chaise me montre que j'ai réussi à le déstabiliser.

Après tout si Zach se tape Mademoiselle Blondasse, je peux bien m'amuser moi aussi.

Il n'y a rien entre nous. Entre Zach et moi, je veux dire. Alors qu'avec Jacob, les choses démarrent.

Un peu trop lentement à mon goût. Il est temps d'accélérer le processus.

— Je ne sais pas trop. Tu as juste l'air tracassée.

— Je me suis juste levée un peu vite ce matin, rien de grave.

Jacob est intelligent et je suis persuadée qu'il a compris que quelque chose d'autre se cache sous mon humeur matinale. Mais il n'insiste pas et je l'en remercie.

 — Dis-moi Jacob... tu m'as parlé de sortir un soir tous les deux, il serait peut-être temps de fixer une date, non ?

Il a l'air un peu surpris, mais m'offre un large sourire.

— J'aurais sans doute dû te le proposer il y a des lustres, mais... oui, avec grand plaisir.

Voilà qui me semble parfait pour faire bouger les lignes.