Chapitre 7 - Amélia

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Je suis tellement contente que les choses se soient passées si bien.

La visite et les papiers se sont faits en un rien de temps et je suis soulagée que tout soit allé si vite.

J'adore cet appartement et j'ai bien conscience d'avoir fait une très bonne affaire.

Je sais que je n'y resterais pas éternellement, mais je voulais un endroit où je pourrais me plaire et je suis certaine que ce sera le cas ici.

Évidemment, pour assurer mes arrières et être certaine d'obtenir le contrat, il m'a fallu débourser trois loyers d'avance. Heureusement pour moi, j'avais déjà cet argent de côté et ça n'a pas posé de problème.

L'agent immobilier m'a immédiatement remis les clés et je suis désormais au milieu de mon salon, me demandant comment je vais agencer mes meubles.

J'ai tellement hâte de montrer cet endroit à Gabe.

Je suis sûre qu'il admettra avoir eu tort.

Cet appartement est une véritable affaire.

À mon âge, il est plus que temps que je vole de mes propres ailes.

J'adore ma famille, mais elle a tendance à me couver comme si j'étais la huitième merveille du monde.

Mes parents sont des gens formidables, mais un brin intrusifs. Ils ont du mal à comprendre et à accepter que je ne suis plus une petite fille. Être leur seule enfant n'aide pas. Leur attention ne peut pas se focaliser sur quelqu'un d'autre...

Ils ont fait énormément pour moi ceci dit et je ne veux pas paraître ingrate. Je ne suis pas le genre de personne à tourner le dos à ceux qui m'ont aidée. Bien au contraire.

Je sais que le fait de me voir prendre mon indépendance n'est pas facile à gérer pour eux, mais c'est important pour moi. Ils savent que c'est nécessaire. Alors ils acceptent et m'encouragent.

Je dois dire que je leur suis vraiment redevable. Mais aujourd'hui j'ai besoin de penser à moi et d'évoluer. C'est aussi pour ça que j'ai refusé la proposition de Gabe.

Outre le fait de me proposer de vivre avec lui, il m'a proposé de jouer les agents immobiliers.

Sa famille a le bras long ici et je n'ai aucun doute sur le fait qu'il aurait rapidement trouvé quelque chose, mais je n'aime pas l'idée de lui être redevable. Même si je sais qu'il ne me demandera jamais rien en échange...

La sonnerie de mon téléphone interrompt mes grands élans de philosophie du moment.

— Alors on rêve déjà de la façon dont on va aménager cet endroit ?

Gabe prend un ton moqueur et me fait sourire.

— Tu comptes te montrer cynique éternellement ou bien je dois m'excuser une nouvelle fois de vouloir être une femme indépendante qui refuse d'habiter avec son meilleur ami ?

— Je crois que tu devrais tenter de t'excuser une nouvelle fois. Je ne parviens pas à me remettre de ta trahison.

Je ris face à la tournure que Gabe tente de faire prendre aux choses.

— Songes à une carrière dans le théâtre, tu es doué. J'ai failli verser ma larme.

— Qui est cynique maintenant ?

Nous rions tous les deux un long moment. Avoir un ami tel que lui est une véritable bulle de bonheur au quotidien.

— Je dois déjà me battre contre mes parents qui, malgré leurs larges sourires, pensent eux aussi que c'est une mauvaise idée. J'aurais bien besoin d'un peu de soutien.

Gabe cesse immédiatement ses pitreries et reprend un ton sérieux.

— Tu as mon soutien Ami chérie, je t'interdis d'en douter.

— Je sais bien. Je te fais marcher.

— Tu es vraiment diabolique !

— Est-ce que tu ne t'en rends compte que maintenant?

— Je le sais depuis longtemps, mais j'aime bien ton petit côté diablesse. Et tu sais qui d'autre va l'aimer? Monsieur le prof quand tu vas l'inviter dans ton nouveau chez toi sans papa et maman pour surveiller !

Je lève les yeux au ciel.

— Tu es dingue. Et puis lui et moi on n'en est pas encore là. Je me demande si je lui plais vraiment d'ailleurs. Il n'aurait pas dû faire le premier pas depuis tout ce temps ?

— Tu me connais, en ce qui me concerne je fais le premier, le deuxième et le troisième pas bien vite.

— Ça, c'est certain.

— Mais en ce qui concerne Jacob, avoues qu'il n'y a que peu de temps que tu lui... disons... montre de l'intérêt.

Gabe a raison. Mais ce qu'il oublie de préciser c'est que jusqu'à il y a peu, Jacob était marié et je n'aurais jamais tenté quoique ce soit tant que c'était le cas.

Il est séparé depuis peu et je pensais trouver là l'occasion parfaite pour me jeter dans ses bras, mais il semble... sur la défensive avec les femmes. Avec ce que lui a fait vivre son ex-femme, je peux le comprendre. Mais je ne suis pas comme ça.

Bref. Me revoilà perdue dans mes pensées une fois de plus.

— Je sais.

— Pour ce que ça vaut, je trouve que le fait qu'il ne se soit pas encore jeté sur toi fait de lui un énorme crétin, mais tu as l'air d'y tenir alors...

Nous rions une nouvelle fois. J'ignore où cette histoire avec Jacob est censée me mener... Mais je ne serais vraiment pas contre le fait de m'amuser un peu.

— Je continuerais bien à discuter de ma future et potentielle vie sexuelle avec toi, mais j'entends du monde dans l'entrée, je vais aller voir de quoi il s'agit.

— OK, sois prudente.

— Oui, papa !

Nous raccrochons et je me dirige vers l'entrée où je me retrouve face à face avec une jeune femme qui doit avoir environ mon âge et qui ne s'attendait visiblement pas à me trouver là.

— Je peux savoir ce que vous faites ici ? me dit-elle.

Juste colocs?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant