Trois semaines se sont écoulées depuis qu'Amélia et moi sommes revenus à New York.
J'aurais préféré qu'elle reste à Hillsborough, loin de tout ce tumulte. Ma famille aurait pu veiller sur elle, là-bas. Nous nous étions tous mis d'accord pour cela.
Sauf qu'elle a choisi de rentrer... Et si je dois me montrer pragmatique, c'était sans aucun doute la meilleure solution. Puisque personne ne doit se douter de rien, il n'est sans doute pas judicieux qu'elle disparaisse des radars du jour au lendemain.
Gabe a embauché des gens pour veiller sur elle.
Chose qu'elle avait refusée quand nous le lui avions proposé avec les garçons.
Trois hommes se relaient jour et nuit pour la protéger, mais se montrent particulièrement discrets. C'est important, car il ne faut pas que quoique ce soit éveille les soupçons.
Je suis heureux qu'il ait réussi à la convaincre. Ou plutôt qu'il le lui ait imposé parce que je la connais et j'ai peu de doutes sur le fait qu'elle lui a fait la même réponse qu'elle m'avait faite à moi, au départ.
Peu importe au final. Tout ce qui compte, c'est qu'elle soit en sécurité.
Quant à moi... Je mène une vie étonnamment normale, ou presque.
Je continue à donner le change, comme on m'a demandé de le faire. Je me plie à la moindre de ses volontés et ne fais pas de vagues.
Plus docile, tu meurs.
Maintenant que je sais que Nicolas va tomber, j'aimerais dire que je suis plus serein, mais la vérité, c'est que je reste sur mes gardes. Il y a tant de choses qui pourraient encore mal tourner. Ce genre d'ordure a des contacts partout, dans la police, y compris.
Tant que ce n'est pas acté... Il vaut mieux se montrer prudent.
J'ai hâte de faire tomber ce salopard. Et d'en finir avec tout ça.
Je regrette tellement de ne pas l'avoir fait plus tôt... Rien de tout ça n'aurait dû se produire si je n'avais pas manqué de courage.
Mais après en avoir beaucoup discuté avec les gens qui m'entourent, je me dis que même si j'ai réagi tardivement, c'était la bonne décision.
Le proverbe ne dit-il pas « mieux vaut tard que jamais » ?
Et tout ça, je le fais grâce à Amélia. Pour elle.
Le fait qu'elle ait accepté de me donner une seconde chance, c'était inespéré.
Elle supporte toute cette situation avec un calme qui me décontenance.
Je l'admire d'autant plus et je lui en suis tellement reconnaissant...
Elle me manque, évidemment. Même si j'ai pu profiter un peu d'elle chez ma sœur. Ce n'était pas suffisant. Ça ne l'est jamais. Elle est devenue ma drogue.
Ironique quand on y pense puisque c'est ce qui nous a amenés ici...
Sauf que celle-ci n'a rien de mauvais. Bien au contraire.
Les appels et messages que nous échangeons sont ma bouffée d'oxygène. En attendant mieux.
— Ne fais pas cette tête d'enterrement, s'amuse Millie.
— Je peux toujours compter sur toi pour un petit mot d'encouragement.
— C'est à ça que servent les amis, non ? dit-elle en souriant.
— Il paraît, en effet.
Il est tard et nous venons de fermer. Quand je vois les gens qui viennent ici chaque soir... Qui rient, qui profitent... Sans avoir la moindre idée de tout ce qui se joue... C'est parfois difficile.
Mais je m'accroche à l'idée que tout va bientôt prendre fin.
— Comment elle va ?
— Bien. Je crois. Elle aimerait juste que tout ce merdier soit terminé.
— Comme nous tous.
Millie sourit, mais je sais que c'est difficile pour elle aussi même si, en apparence, rien n'a changé pour elle depuis que je l'ai mise dans la confidence.
— Oui, comme nous tous, dis-je en achevant de nettoyer la table devant moi.
— Je te raccompagne.
— Carrément.
Millie ne repart jamais seule. Plus maintenant. On ne sait jamais.
— En route, alors.
Je viens de rentrer.
Et comme chaque soir, je me retrouve incroyablement seul.
Avant ça ne me posait pas de problème. Mais aujourd'hui, ça me pèse. Parce qu'Amélia devrait être avec moi.
J'adorerais que ce soit le cas. Sincèrement.
J'ignore si nous pourrons mener une vie normale après tout ça... Rependre là où nous nous sommes arrêtés comme si de rien n'était. Mais je l'espère.
Je sais qu'elle apprécie sa vie telle qu'elle est ici et je ne veux pas l'obliger à changer quoique ce soit. Et pourtant je lui impose cette pseudorelation depuis plusieurs semaines déjà.
Je crois n'avoir jamais eu aussi hâte de la retrouver. Non, j'en suis certain.
Je désespère de pouvoir la serrer à nouveau dans mes bras, respirer son parfum et lui faire toutes ces choses qu'elle apprécie tant. Ou peut-être que c'est moi qui apprécie. Un peu des deux, sans doute.
Ma vie est étonnamment calme en ce moment.
Je n'ai pas revu Nicolas depuis ce qui me semble être une éternité.
Ça fait partie des raisons pour lesquelles il est si difficile à coincer... Il opère dans l'ombre et ne se montre que rarement.
Pour moi, c'est un soulagement. Je ne sais pas si je serais capable de supporter la vue de cet enfoiré à de trop nombreuses reprises.
Il continue son petit manège malgré tout, et m'envoie ses sbires de façon régulière. Tous plus détestables les uns que les autres.
Aucun doute là-dessus.
Mon téléphone sonne alors que je m'apprête à fermer la porte derrière moi.
Nous sommes au beau milieu de la nuit et en dehors d'Amélia, très peu de gens ont ce numéro. Mais ce n'est pas son nom qui s'affiche...
Mon cœur s'emballe.
Qu'est-ce qui peut être si urgent pour que l'on m'appelle à cette heure-ci ?
J'ignore pourquoi, mais j'ai le pressentiment que ce coup de téléphone va changer beaucoup de choses.
C'est une situation étrange... Les battements de mon cœur s'enchaînent plus vite que ce que je voudrais et je peine à les contrôler lorsque je décroche enfin.
— Allô ?
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Juste colocs?
Roman d'amourBien décidée à prendre son envol, Amélia se réjouit à l'idée d'avoir enfin son propre appartement. Mais sa joie est de courte durée lorsqu'elle découvre... Qu'il est déjà occupé! Zach, propriétaire du bien, comprend qu'elle s'est faite avoir et ne n...