Chapitre 45 - Amélia

871 59 0
                                    

La rencontre avec mes parents s'est vraiment très bien passée et même si elle s'est faite de façon totalement inattendue, je suis soulagée de leur avoir enfin dit la vérité à eux aussi.

D'autant qu'ils n'ont pas trop mal pris la chose. Enfin... Surtout à partir du moment où Zach est apparu.

Ils ont pu se rendre compte par eux-mêmes à quel point c'est quelqu'un de bien et il s'est montré particulièrement sympathique. Non pas qu'il ne le soit pas en général mais disons qu'il leur a sorti le grand jeu, sachant à quel point tout cela était important pour moi.

Nous avons développé des sentiments l'un pour l'autre, mais je n'oublie pas qu'à la base, il m'a quand même accueillie chez lui alors que j'étais une parfaite inconnue. Rien ne l'obligeait à agir ainsi.

J'ai l'esprit plus léger désormais et c'est tout juste si ma mère ne le voit pas déjà me passer la bague au doigt.

— Tu es ravissante, me dit Zach tandis que je lisse les plis de ma jupe.

— Tu trouves ?

Ses larges mains empoignent mes fesses.

— Un peu trop à mon goût, si tu veux tout savoir.

— Je ne peux pas être trop ravissante.

— Bien sûr que si !

— Ça ne fait pas trop pour une journée portes ouvertes ?

— Non. Tu es parfaite, je t'assure.

Zach se penche à nouveau vers moi pour mordiller mes lèvres.

— Oh, j'en connais un qui est d'humeur à faire des choses cochonnes...

— Tu as le temps ?

— Si je prends le métro, non, mais...

Il m'interrompt en riant.

— Je te dépose.

*********

— Regarde ce que tu as fait à mes cheveux ! Moi qui avais pris tant de soin à les brosser et essayer d'en faire quelque chose de correct...

Avachi sur le canapé, complètement nu, Zach me sourit.

— Je n'y peux rien si tu aimes que je tire dessus ! dit-il en m'offrant un clin d'œil qui me fait frémir.

— Sur ce coup-là, je ne peux pas te donner tort. Mais il va falloir que je fasse des miracles en... trois minutes et ensuite on file.

Je me dirige rapidement vers la salle de bain et, avant d'y entrer, lance un avertissement à son attention.

— Trois minutes Carpenter. Tu ferais mieux d'être prêt quand je sors d'ici.

— Sinon quoi ?

— Sinon ma jolie petite bouche restera loin de ta queue pendant un long, très long moment !

Je le vois sourire et se précipiter sur ses vêtements. On dirait que je viens de trouver un argument indiscutable. Et lorsque je ressors après m'être rafraîchie un peu, il est prêt et un large sourire étire ses lèvres.

— Si Mademoiselle veut bien se donner la peine... plaisante-t-il en agitant sous mon nez la clé de la voiture, que je saisis en riant.

— En route.

******

La circulation est fluide aujourd'hui et nous n'avons pas beaucoup de difficultés à rejoindre le lycée en un temps record. Malgré notre petite séance improvisée, je le sens d'humeur maussade depuis quelques jours.

Je n'arrive pas à mettre la main que ce qui le taraude, mais c'est bien là... Et ça commence à m'inquiéter.

— On dîne ensemble ce soir ?

Je peux voir une ombre passer sur son visage. Brève, mais évidente.

— Je ne peux pas, il faut que je règle des trucs pour le bar.

Cela fait plusieurs mois désormais que nous sommes ensemble et pas une fois il ne m'a refusé un dîner tous les deux. Pas une. Ce qui ne fait qu'augmenter mon anxiété.

Il doit s'en apercevoir, car il saisit ma main et la porte à ses lèvres.

— Je t'aime Amélia.

Il me le dit souvent, mais ce « je t'aime » là me donne une drôle de sensation.

— Tu me le dirais si quelque chose n'allait pas, n'est-ce pas ?

Ses lèvres se pincent une fraction de seconde.

— Tout va bien.

Je n'y crois qu'à moitié. Pour ne pas dire pas du tout. Mais je sais que je n'obtiendrais pas davantage pour l'instant. Alors je me contente de sa réponse.

J'appuie ma paume contre sa joue et picore ses lèvres de baisers.

— Moi aussi, je t'aime.

Je quitte la voiture, le cœur lourd, un mauvais pressentiment vissé à l'esprit.

— Eh salut.

Jacob est là, lui aussi, bien sûr. C'est une journée importante pour le lycée et tout le monde apprécie d'y participer.

— Salut.

— Tout va bien ? Tu as une petite mine.

Je fais en sorte de sourire, mais j'ai du mal à donner le change.

— OK, avant que tu essaies de prétendre le contraire, il est évident que ça ne va pas alors viens avec moi.

Il me tend son bras que j'accepte bien volontiers.

— Je suis désolée.

— Ne le sois pas. J'aurais dû me réveiller il y a des lustres te concernant, mais je ne l'ai pas fait. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. En revanche, j'étais sincère quand je t'ai dit que je t'offrais mon amitié. Et il me semble que tu as besoin d'une épaule sur laquelle pleurer, je me trompe ?

C'est un peu caricatural, mais... oui.

Je pourrais en parler à Gabe, bien sûr.

Je le ferais sans doute d'ailleurs. Un jour... Je ne sais pas trop. Je crois que je préfère être sûre de ce qui se passe avant d'en tirer des conclusions.

D'autant qu'ils commencent à être amis tous les deux.

Alors pour l'instant... Je me dis que ça me fera du bien de pouvoir en parler avec quelqu'un.

Et Jacob est un chic type.

Je le suis à travers la pièce et m'installe face à lui.

— Tu ne te trompes pas.

Juste colocs?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant