Chapitre 55 - Amélia

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— Ça va aller ?

— Oui, ne t'inquiète pas, dis-je en hochant la tête.

Une semaine supplémentaire s'est écoulée depuis ma visite au commissariat.

Je n'ai eu aucune nouvelle de Zach. Et je ne lui en ai pas donné non plus.

Après notre rencontre surprise de la dernière fois, j'ai eu besoin de faire le point.

Je venais de passer des jours entiers à pleurer la fin de ma relation. Alors retomber dans ses bras avec autant de facilité m'a un peu... déconcerté.

Enfin, si je dois être tout à fait honnête avec moi-même, pas tant que ça...

Parce que, comme je l'ai déjà dit, je l'aime toujours.

Je suis sans doute idiote ou trop fleur bleue. Probablement un mélange des deux sur ce coup-là.

Mais les sentiments ne se contrôlent pas. Et les miens me poussent irrémédiablement vers Zach.

D'autant que sa réaction là-bas, ce n'était pas celle de quelqu'un qui n'en avait plus rien à faire.

Ce moment partagé, aussi bref qu'il ait pu être, a compté pour moi. Et je l'espère, pour lui aussi.

— Je passe te récupérer ce soir.

— Gabe, ce n'est pas utile. Le trajet en métro se fait très bien.

— Je sais, mais je préfère venir te chercher.

— Inutile de négocier ?

— Inutile de négocier.

Je ris. Depuis ma rupture avec Zach, il se montre particulièrement protecteur. Il l'a toujours été, certes. Mais ces derniers temps j'ai le sentiment que ça s'est exacerbé.

— Dix-sept heures trente ?

— Compte sur moi.

Il dépose un baiser sur mon front avant que je ne sorte de la voiture pour rejoindre la salle des profs. Il est temps de reprendre une vie normale.

Cette matinée a été plus éprouvante que je n'aurais pu le penser. J'ai du mal à me remettre dans le rythme.

Il faut dire qu'en temps normal, je suis du genre hyper organisée. Et je passe une grande partie de mes vacances à me mettre au point pour la rentrée qui suit. Sauf que cette fois-ci... Mes plans ont été chamboulés.

Passer la majorité de mon temps libre à me morfondre ne m'a pas vraiment aidée à rester à jour et je peine un peu à m'y remettre.

************

— Salut toi.

— Eh, salut.

J'ai un peu honte de me retrouver face à Jacob parce que je n'ai répondu à aucun de ses messages durant les vacances alors que, honnêtement, il n'a cessé de se conduire de façon plus que correcte avec moi.

— Tes vacances se sont bien passées ?

— Oui, je... enfin, non, pas vraiment. Je suis désolée d'avoir ignoré tes messages.

Il s'assied sur le coin de mon bureau et sourit.

— Je ne comptais pas mettre le sujet sur la table, mais puisque tu en parles...

Je me joins à lui, tordant nerveusement mes mains.

— C'est une période un peu compliquée.

— Laisse-moi deviner... Zach Carpenter y est pour quelque chose ?

— Bingo...

— Vous n'avez pas réussi à discuter alors ?

— Pas vraiment. Il faut croire que c'était déjà trop tard.

— Tu veux dire que vous êtes ...?

— Séparés, oui.

Je n'ai pas envie de lui cacher la vérité. Et puis... C'est le cas, non ?

— Je suis désolé.

Je sais qu'il est sincère dans l'attention qu'il me porte, mais... Je crois voir la commissure de ses lèvres se retrousser...

— Est-ce que tu te retiens de sourire ?

— Ce serait malvenu ?

Cette fois, son sourire est franc et il me fait sourire à mon tour.

— Carrément malvenu, oui. Je te dis que je suis tout juste séparée et toi tu souris !

— Désolé. Vraiment, j'essaye.

Je lève les yeux au ciel.

— Tu es vraiment un piètre ami.

Je pose ma main sur son torse pour le repousser en riant, mais il la stoppe en glissant la sienne par-dessus. Pendant une fraction de seconde, nous restons là, à nous regarder sans dire un mot.

Je retire ma main presque aussi vite qu'il a mis la sienne tandis qu'il se racle la gorge.

Je fais mine de n'avoir rien vu, mais évidemment, ce qui vient de se passer ne m'a pas échappé.

— Tu es une chouette fille Amélia. Je suis sûr que tu finiras par trouver quelqu'un de bien. Quelqu'un qui saura reconnaître la chance qu'il a de t'avoir à ses côtés.

Les mots de Jacob me touchent. Et le fait qu'il continue à se montrer si prévenant et agréable malgré mon humeur changeante n'est pas pour me déplaire.

Oui, Jacob est un chic type lui aussi et je regrette vraiment la façon dont les choses se sont passées entre lui et moi. Il m'offre un sourire sincère et se lève en direction de la porte.

— Eh, Jacob ?

— Oui ?

— Tu crois que tu pourrais être ce quelqu'un ?

Il sourit à nouveau.

— Je te mentirais si je te disais que je ne crève pas d'envie de tenter à nouveau ma chance, mais, de toute évidence, ce n'est pas moi que tu as en tête.

Et il ferme la porte, sans dire un mot de plus. Me voilà seule avec mes pensées, une nouvelle fois.

Qu'est-ce qu'il a voulu dire ? Qu'il sait que je pense toujours à Zach, sans aucun doute.

Sans quoi je n'aurais sans doute pas mis fin à ce qui vient de se passer entre nous.

Je m'en veux encore plus d'agir ainsi. Mais Jacob a raison et les choses sont claires pour moi.

J'aime toujours Zach.

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