Sur la route des cieux

Neiges glaciales

Chapitre 35 : Neiges glaciales

Dès qu'elle partit de la chaumière où elle était retenue prisonnière, Flamme regretta amèrement sa décision. Elle n'était absolument pas préparée pour faire face au froid glacial qui régnait dans les plaines du Klaker.

Le pays des Klakérènes était en fait une vaste toundra, qui s'étendait au nord de la chaîne d'Asgard, qui elle-même se situait au nord-ouest d'Osko. Flamme, quand elle scrutait l'horizon, ne voyait même pas ces fameuses montagnes. C'était dire à quel point la toundra du Klaker était immense.

Les premiers jours, Flamme attrapa de nombreuses engelures. Elle avait l'impression que ses orteils allaient tomber, tellement ils étaient froids. De plus, elle devait porter Ouragan sur son dos. Certes, il était petit et affaibli, mais il pesait quand même son poids.

Il ne s'était pas réveillé depuis le départ de la Demi-Chatte rousse. Il semblait être dans une sorte de coma, son corps s'étant mis au ralenti pour préserver ses forces. Flamme avait quasiment mis toutes les couvertures volées sur son compagnon d'infortune pour le réchauffer, mais ça ne suffisait pas.

Le soir venu, Flamme tenta de se débarrasser des chaînes qu'elle et Ouragan portaient aux poignets. Elle les tira, les frappa, tenta de les brûler... Sans aucun succès. Ces stupides fers en cristal violet ne voulaient absolument pas se briser.

Mince ! Si seulement j'avais la Fygie, je pourrais les briser !!!! Mais bien sûr, il faut que ma force soit annihilée, sinon ça ne serait pas drôle !!

La jeune Demi-Chatte continua à s'escrimer durant plusieurs heures, avant de tomber raide de fatigue devant le petit feu qu'elle avait allumé. Elle s'endormit, couchée contre Ouragan et ses couvertures.

Le lendemain, elle repartit de bonne heure. Elle enterra les braises encore fumantes de son feu, et recouvrir de neige toutes les empreintes qui auraient pu trahir sa présence. Elle chargea Ouragan sur son dos, ainsi que ses bagages, et commença à marcher.

Alors qu'elle s'enfonçait de plus en plus dans la forêt de sapin, ralentie par les chaînes qu'elle portait aux chevilles, Flamme tenta de se remémorer les cours de Fygie qu'Orage lui avait donnés pendant les vacances de mars.

Orage s'était approché de sa sœur et avait fait apparaître une petite tornade au creux de sa main. Flamme avait soupiré, puis s'était concentrée pour convoquer la Fygie et illuminer sa propre main d'une aura violette.

« Rien à faire, avait-elle soupiré avant de laisser retomber sa main. La Fygie ne vient que quand elle en a envie... On dirait une enfant capricieuse.

— Tout le contraire de toi ! s'était moqué Orage avant de reprendre son sérieux. Effectivement, les formes magiques comme la Fygie ou la Magie ont une volonté propre. Depuis les temps anciens, les Hommes ont toujours travaillé avec elles plutôt que de vouloir les dominer. La Sorcellerie, troisième puissance du Triangle, a été créée quand la Magie s'est rebellée contre un utilisateur voulant lui imposer sa volonté...

— Oui, bon, s'était impatientée Flamme. Parle-moi de ce qui me concerne vraiment.

— D'accord... Dans le cas de la Fygie, il faut vraiment être en harmonie avec elle. Certes, il faut de la volonté pour l'appeler, mais une fois qu'elle est là, il ne faut pas en abuser, tu comprends ?

— Mais ! Quand elle ne veut pas venir du tout, je ne peux pas être polie avec elle ! C'est une question de bon sens ! C'est comme si tu me disais de faire un exercice sans le sujet ! »

Flamme avait commencé vraiment à perdre patience. Elle n'avait compris pas pourquoi la Fygie ne voulait pas venir inonder son corps et lui procurer la puissance.